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Lettre économique mensuelle

Mai 2022
Article vedette

L'économie semble saine. Pourquoi parler de récession?

L’économie canadienne se porte bien. À preuve: le chômage est à un creux historique, les bénéfices trimestriels sont élevés, la construction de logements va bon train, les ventes au détail continuent de progresser et le produit intérieur brut affiche une croissance solide.

Pourtant, de plus en plus de Canadiens s’inquiètent de savoir si l’économie entrera sous peu en récession. Quelques économistes ont d’ailleurs déjà sonné l’alarme pour 2023. Qu'est-ce qui pourrait déclencher la prochaine récession? Pourrait-elle avoir déjà commencé?

Le passé est souvent garant de l'avenir

Une récession se définit généralement par une croissance économique négative pendant deux trimestres consécutifs. Toutefois, on préfère désormais se tourner vers une définition plus générique et moins mécanique pour définir les récessions.

L'Institut C.D. Howe la définit comme une baisse prononcée, persistante et généralisée de l'activité économique globale et considère le PIB et l'emploi comme ses principales mesures. Voilà d’ailleurs pourquoi la récession de 2014-15 au Canada a été qualifiée de technique – le recul s’étant concentré dans le secteur pétrolier et gazier – et non de récession officielle.

Le Canada a connu douze récessions depuis 1929, dont 5 depuis 1970. La plus récente, causée par la COVID-19, est probablement la plus particulière puisqu’engendrée par un évènement imprévu et imprévisible. Elle aura aussi été la plus courte enregistrée à ce jour.

L’histoire démontre que les récessions sont provoquées par d'importantes séries de hausses de taux d'intérêt ou par un choc sur l'économie – comme un choc pétrolier ou des déséquilibres financiers. L'économie est actuellement confrontée à ces mêmes tendances.

La Banque du Canada vient d’entamer son cycle de resserrement monétaire, les prix d’un baril de brut se maintiennent au-delà de 100$US, le prix moyen d’une maison au Canada a grimpé de 50% en deux ans et les indices boursiers de 35%. La convergence de ces tendances provoquera-t-elle la prochaine récession? Examinons-les une par une.

La menace des chocs pétroliers

Deux des cinq dernières récessions au Canada sont associées à un choc pétrolier. La hausse du prix du brut de 60% en un an mènera-t-elle à une récession?

Les hausses de prix du pétrole se reflètent évidement dans les prix à la consommation et contribuent massivement à l’augmentation de l’inflation. Ces chocs pétroliers, avec leurs impacts sur l’inflation, la consommation et donc les taux d’intérêt, sont une cause potentielle de récession.

Pour certains pays, comme le Canada, la dynamique est un peu différente. Des hausses rapides de prix ont certes les effets énoncés sur la consommation, mais l’importante part du secteur à l’activité économique du pays nuit aussi à la croissance lorsque les prix retombent.

Toutefois, la vulnérabilité de l’économie canadienne aux fortes baisses de prix est beaucoup moindre aujourd'hui, car la part des investissements du secteur pétrolier est deux fois moins importante qu'en 2014.

Bien que l’investissement dans les secteurs pétrolier et gazier canadiens augmentera cette année, afin de soutenir l’offre dans le contexte actuel des problèmes d’approvisionnement énergétique, il est très peu probable que cette industrie ne connaisse une nouvelle vague d’investissements massifs qui rendrait l’économie vulnérable à une correction de prix. La transition énergétique et les règlementations qui l’accompagnent limitent toujours l’engouement pour le développement de projets d’énergies fossiles.

Un déséquilibre financier alors?

Une récession peut aussi être provoquée par des déséquilibres financiers causés par des actifs surévalués. En d’autres termes: l’éclatement d’une bulle. Mais une bulle n’est pas seulement une montée rapide des prix d’un actif. C’est une augmentation rapide des prix stimulée par une importante demande – une demande déconnectée des facteurs fondamentaux et non soutenable.

Depuis la pandémie, les préoccupations de bulle immobilière et de valorisations excessives d’actifs ont fait les manchettes à maintes reprises. Mais si une récession est notoirement difficilement prévisible, une bulle (ou son éclatement) l’est tout autant.

Les taux hypothécaires ont augmenté de façon spectaculaire au cours des derniers mois, ce qui devrait tempérer l’activité et l’accroissement des prix du marché immobilier dans le futur. Mais il y a un manque flagrant de logement au pays et ce problème ne se résoudra pas du jour au lendemain – surtout considérant les cibles d’immigration élevées actuelles. Ainsi, des conditions financières plus strictes devraient décélérer l’activité dans le marché de l’habitation, sans pour autant mener à la chute de l’économie comme ce fut le cas aux États-Unis en 2008.

Sur les marchés financiers, la capacité des géants technologiques à maintenir l’élan exceptionnel dont ils ont bénéficié pendant la pandémie laisse planer des doutes. À mesure que les risques de récession augmentent, les rendements sur les actifs plus sûrs tendent à l’emporter sur ceux plus risqués.

Dans un contexte de taux d’intérêt croissant, les entreprises hautement endettées, comme le secteur des technologies, deviennent moins attrayantes pour les investisseurs. Néanmoins, la diffusion et l’adoption des technologies sont imparables. L’industrie continuera à gagner du terrain, mais davantage de compétition sur les marchés ramènera la croissance des entreprises et leurs valeurs boursières à des niveaux plus soutenables.

De l'essor à l'effondrement, faut-il toujours blâmer les banques centrales?

Une récession s’accompagne systématiquement d’importantes pertes d’emplois. Dans le contexte actuel canadien de pénurie de main-d’œuvre, une telle situation est difficilement imaginable. Les entreprises peinent à répondre à la demande par manque de ressources – autant physiques qu’humaines.

Pourtant, la vigueur de l’économie est ce qui inquiète le plus ces fameux prophètes de malheurs. Il y a toutefois une différence importante entre une économie qui roule à pleine vitesse et une économie en surchauffe.

Le taux de chômage au Canada est très bas et l’inflation très élevée – deux signes que l’économie canadienne va peut-être trop vite. Les récessions ne découlent pas de la surchauffe directement, mais bien des hausses de taux d’intérêt imposées par les banques centrales qui agissent ainsi afin de tempérer la demande et en espérant avoir ainsi un impact sur l’inflation.

Pour plusieurs, les banques centrales (notamment la Réserve fédérale américaine) ont attendu trop longtemps avant de relever les taux. Résultats, elles accélèrent la lutte contre l’inflation à une vitesse rarement vu auparavant. Une augmentation trop rapide des taux d'intérêt comporte souvent plus de risques que de les laisser trop longtemps à des niveaux inférieurs.

En avril, la Banque du Canada a décrété une rare hausse de 50 points de base du taux directeur – doublant d’un seul coup le taux fixé par la banque. On s’attend à une augmentation similaire le 1er juin, de même qu’en juillet.

Ce rythme d'augmentation devrait toutefois se calmer dès l’automne, alors que l’économie ressentira les effets des hausses antérieures. Le point médian du taux neutre devrait être atteint d’ici la fin 2022.

Il y a un risque accru de voir la Banque du Canada et la Réserve fédérale pousser leurs économies respectives en récession, mais ce n’est pas notre scénario de base pour 2022-23.

La raison est simple: le cycle de resserrement s’amorce au moment où les conditions financières sont incroyablement accommodantes – beaucoup plus que dans les épisodes passés ayant culminé en récession. Les banques centrales ont ainsi encore beaucoup de marge de manœuvre avant d’étouffer la croissance économique.

Alors, c’est pour quand?

Notre analyse nous porte à croire que le risque de récession a effectivement augmenté. Mais, soyons clair, une récession n’est pas dans les cartes. L’économie canadienne continuera sur sa lancée pendant plusieurs mois encore.

D’ailleurs, plusieurs des causes dominantes de récession sont moins menaçantes aujourd'hui que par le passé. Les ménages ont une épargne élevée et un niveau d'endettement soutenable, les bénéfices des entreprises sont au rendez-vous, les travailleurs sont en demande et les taux d’intérêt partent d’un niveau plancher.

L’inflation, l’augmentation des taux d’intérêt et la diminution des dépenses gouvernementales par rapport aux années pandémiques ralentiront la croissance en 2022 et 2023. Mais on ne parle pas de récession (à moins d’un choc imprévisible à l’image de la COVID-19 évidement). L’économie a simplement besoin de souffler un peu.

Perspectives Canada

L’élan post-Omicron se poursuit au Canada

La pandémie n’est certes pas terminée, mais l’élan dont jouit l’économie canadienne depuis quelques mois est indéniable.

Alors que les États-Unis faisaient face à une baisse de leur PIB au premier trimestre, le Canada était pour sa part en plein essor. C’est du moins ce que suggèrent les premières estimations de Statistique Canada et cette performance a probablement renforcé les convictions de la Banque du Canada d’adopter une politique monétaire beaucoup plus stricte.

Vers un premier trimestre au-delà des attentes

La croissance mensuelle du PIB s’est poursuivie en février avec un gain (+1,1 % par rapport à janvier) supérieur aux attentes. Il s’agit du neuvième mois consécutif d’augmentation au pays.

La hausse prévue du PIB de 0,5 % en mars suggère une forte augmentation de l'activité économique pour le premier trimestre de 2022. Une hausse mensuelle de cette envergure laisse entrevoir une croissance annualisée de 5,6 %, ce qui est largement supérieure aux prévisions de 3,0 % de la Banque du Canada.

Le Canada serait donc un des rares pays à ne pas avoir révisé à la baisse sa croissance économique depuis l’invasion russe. Le pays bénéficie entre autres de la montée en flèche des prix de nombreuses ressources, puisque sa production de matières premières ressemble beaucoup à celle de la Russie.

Une reprise inégale

Malgré la bonne performance de l’économie canadienne au premier trimestre, nous sommes encore loin d’une reprise généralisée de l’économie.

Les secteurs ayant des contacts plus étroits avec les consommateurs ont rebondi fortement en février sous l’effet des assouplissements des restrictions sanitaires liées à Omicron. Mais les services d'hébergement et de restauration ont encore beaucoup de chemin à faire pour récupérer leur niveau d’activité pré-COVID, qui est encore de 11 points de pourcentage inférieur au niveau de février 2020.

La bonne nouvelle: même s’il est en deçà de son niveau affiché avant la pandémie, le nombre de visiteurs internationaux a quadruplé en février 2022, par rapport à février 2021. L’assouplissement des exigences pour les voyageurs internationaux étant entré en vigueur seulement à la fin du mois de février, les entreprises des secteurs touristiques devraient donc continuer à bénéficier de la reprise des voyages internationaux dans les mois à venir.

Le boom de l'emploi est terminé

Les pénuries de main-d'œuvre pèsent de plus en plus sur le marché du travail. L'économie canadienne continue d’enregistrer des gains au chapitre de l’emplois, mais de façon marginale. Environ 15 000 nouveaux emplois ont été créés en avril. Le Canada a créé près de 965 000 nouveaux emplois au cours des douze derniers mois – la majorité étant à temps plein (65 % des nouveaux emplois). Le taux de travail à temps partiel involontaire est tombé à 15,7 % – le plus bas niveau jamais enregistré selon Statistique Canada.

Avec un taux de chômage aussi bas que 5,2 % (encore en baisse par rapport au mois précédent), et faute de travailleurs pour pourvoir les postes disponibles, les gains d’emplois s’avéreront de plus en plus ardus dans les prochains mois.

Le taux directeur devrait atteindre 1,5 % en juin

Les nouvelles économiques demeurent encourageantes au Canada. L’activité économique a su résister avec force à Omicron et l’emploi poursuit son essor malgré les pénuries de main-d’œuvre. Mais voilà, les nouvelles sont peut-être trop encourageantes. La demande a encore pris le dessus sur les capacités de production du pays, en mars, hissant ainsi l’inflation à 6,7 %.

La Banque du Canada a entamé son cycle de resserrement monétaire le 2 mars dernier en relevant le taux directeur de 25 points de base. Il s’ensuivit une hausse deux fois plus importante le 13 avril, passant ainsi de 0,25 % à 1,0 % en à peine six semaines.

On s’attend d’ailleurs à ce que le conseil des gouverneurs procède à un second relèvement de l’ordre de 50 points au 1er juin portant ainsi le taux à 1,50 % – seulement un quart de point en dessous de son niveau prépandémique.

L’impact sur votre entreprise

  • Les nouveaux variants de COVID-19, à moins d’un revirement de situation majeur, ont de moins en moins d’impact sur l’économie. Préparez votre entreprise à une forte demande cet été, surtout si vous œuvrez dans l’industrie touristique.
  • La bonne performance de l’économie augmente la probabilité que la Banque du Canada hausse son taux directeur d’un autre 50 points de base en juin. Essayez alors de réserver votre taux dès que possible si vous avez des projets d’investissement.
  • Les gains d’emplois seront de plus en plus difficiles. Si votre entreprise est toujours à la recherche de travailleurs, consultez cette étude pour vous aider dans vos processus.
Perspectives États-Unis

Recul inattendu du PIB américain au premier trimestre

L’économie américaine se serait contractée au rythme annualisé de 1,4 % lors du premier trimestre de l’année, par rapport aux trois derniers mois de 2021. La dernière décroissance trimestrielle du PIB américain remonte à plus de deux ans, soit au moment de l’apparition de la COVID-19.

Bien que de nombreux économistes s’attendaient à un ralentissement du rythme de croissance de l’activité, causé par Omicron et l’inflation galopante aux États-Unis en début d’année, la majorité prévoyait tout de même une croissance positive. La nouvelle est de mauvais augure, mais cache quand même un élément positif: la demande intérieure du pays est toujours très forte.

Un simple trou d’air

Malgré ce recul du PIB, l’économie américaine repose en effet sur des bases solides qui devraient continuer à favoriser les exportations canadiennes.

La demande intérieure demeure vigoureuse et aurait augmenté de 2,6 %. Il n'y a pas encore de signe de repli de la consommation malgré des hausses de prix record. Les dépenses de consommation (responsables du deux tiers de l’économie) ont continué de progresser au rythme de 2,7 %, alors que l’investissement des entreprises a aussi connu une croissance importante de 9,2 %.

La demande intérieure est tellement forte, que les entreprises en sol américain peinent à y répondre et le recul du produit intérieur brut serait en bonne partie attribuable à cette situation. Le déficit commercial américain ne cesse d’augmenter depuis le début de la pandémie. Les consommateurs et les entreprises s’approvisionnent de plus en plus à l’extérieur du pays, comme en témoigne la croissance des importations de biens et services tandis que les exportations réelles peinent encore à se rétablir du choc de la COVID-19.

Le commerce international ralentit la croissance économique du pays depuis sept trimestres consécutifs, alors que le déficit commercial américain se creuse.

Le marché du travail ralentit aussi

L’emploi a progressé de 428 000 en avril. La vigueur qui s’est emparée du marché du travail américain ces derniers mois est appelée à ralentir.

Rien ne pointe vers un revirement de l’emploi comme ce fut le cas pour le PIB, mais les gains devraient continuer à progresser en baisse dans un futur rapproché. Les gains d’emplois en avril sont les plus faibles enregistrés depuis septembre, au moment où l’économie américaine s’affairait à contenir l’importante vague de COVID-19 issue du variant Delta.

Rien pour faire reculer la Fed

Ce premier repli de l’activité économique globale au pays n’ébranlera pas pour autant les plans de la Réserve fédérale. Mercredi dernier, Jerome Powell annonçait à son tour une augmentation de 50 points de base du taux directeur, alors que la Banque du Canada décrètera fort probablement une deuxième hausse similaire dans les prochaines semaines.

Les deux banques centrales ont entamé leurs cycles de resserrement sensiblement au même moment et auront des taux qui bougeront en tandem cet été. L’impact sur les économies respectives des deux pays pourrait différer toutefois, car non seulement l’inflation américaine est plus élevée qu’au Canada, mais l’économie américaine s’est aussi avérée plus robuste face à la pandémie même si l’emploi tarde toujours à se rétablir complètement. Par conséquent, en termes de reprise économique, la politique de resserrement de la Banque du Canada est en avance sur celle de la Fed.

L’effet de base semble finalement jouer en faveur de la Fed. L’inflation de 8,5 % qui a frappé les consommateurs américains en mars dernier s’est peut-être avérée être le sommet de cette fameuse nouvelle vague inflationniste. Le niveau général des prix a augmenté de 8,3 % en avril, par rapport à l’an dernier, et les hausses de taux tempéreront la demande dans les prochains mois.

L’impact pour votre entreprise

  • L’emploi continue de faire bonne figure et soutiendra la consommation pendant encore plusieurs mois.
  • Bien que la baisse du PIB réel américain n’est pas de bon augure pour les entrepreneurs canadiens, la demande intérieure est en fait trop forte chez notre voisin du sud, ce qui devrait continuer à profiter aux exportateurs canadiens
  • La hausse des taux d’intérêt et le début du resserrement quantitatif aux États-Unis maintiendront le dollar canadien bas par rapport au billet vert, ce qui devrait également bénéficier aux exportations canadiennes.
Point sur le marché du pétrole

Le baril de brut toujours au-dessus de 100$US

Le prix des cours du pétrole a oscillé entre 100$US et 110$US le baril en avril.

L’incertitude continue de planer sur le marché du brut au moment où l’économie chinoise signale un ralentissement et que l’Union européenne ré-évalue ses besoins énergétiques. Autrement, l’offre de brut hors OPEP+ devrait aussi être appelée à augmenter dans les prochains mois.

La situation en Chine aide à maintenir les prix

Les confinements en Chine annoncent un ralentissement plus important que prévu en début d’année de ce géant économique. Sans surprise, la multiplication des mesures de confinement et la politique de tolérance zéro du pays face au virus de la COVID-19 entraînent des problèmes d’approvisionnement qui se répercutent sur l’économie mondiale.

La Chine étant le plus important importateur d’or noir au monde, un ralentissement économique en sol chinois se traduirait normalement en baisse de prix sur les marchés et pourrait donc s’avérer une aubaine pour les consommateurs.

Les préoccupations de voir l'offre de brut être entravée davantage par la guerre, alors que l’Union européenne évalue une fois de plus la possibilité d’interdire le pétrole russe sur son territoire d’ici la fin de l’année, aura limité l’impact de la nouvelle sur les marchés. Rappelons que l’Union européenne achète près de la moitié des exportations totales de pétrole de la Russie.

Ouvrir les vannes s’avère difficile

L’OPEP+, constituée de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de ses alliés, dont la Russie, a récemment convenu d’une autre hausse marginale de sa production dès juin. Plusieurs pays pressent l’organisation d’augmenter sa production plus rapidement et espèrent ainsi apporter un peu de répit aux consommateurs qui se heurtent à des prix élevés, surtout depuis l’éclosion du conflit en Ukraine.

Le groupe peine à respecter ses propres cibles de production depuis plusieurs mois. En mars, il manquait toujours 1,45 million de barils par jour pour atteindre leurs objectifs. Environ 300 000 des barils manquants sont attribuables au recul de la production russe sur fond de sanctions économiques.

Malgré l’embargo sur le pétrole russe décrété par les pays occidentaux, l’Inde a récupéré d’importantes cargaisons russes et a du même coup joui d’un important rabais à l’achat. L’impact sur la quantité disponible de pétrole à l’échelle mondiale a donc été modéré jusqu’ici.

Le rôle du Canada demeure limité

Au Canada, la production devrait commencer à augmenter mais n'apportera qu'un soulagement partiel.

La production canadienne est déjà historiquement élevée et les exportations de brut ont atteint un niveau record récemment. Il n’est pas clair, selon plusieurs acteurs du milieu, que l’industrie ait actuellement la capacité d’augmenter l’offre significativement.

L’industrie canadienne augmentera sa production journalière de 200 000 barils de pétrole et l’équivalent de 100 000 barils de gaz naturel d’ici la fin 2022, a annoncé le ministre Wilkinson.

Évidemment, cette augmentation à elle seule ne pourra répondre aux besoins énergétiques de l’Europe si elle décrétait un embargo sur le pétrole russe. Pour l’instant, le pétrole canadien continuera probablement de se transiger à la frontière américaine alors que les États-Unis tentent eux-mêmes de remplacer le demi-million de barils par jour qu’ils importaient de la Russie jusqu’à tout récemment.

En bref…

Bien que la volatilité des prix se poursuive, le ralentissement de l'économie chinoise a limité l'effet que la menace de l'Union européenne d'interdire totalement le pétrole russe d'ici la fin de l'année aurait pu avoir sur le marché pétrolier. Les prix devraient rester élevés malgré les efforts des pays non-OPEP+ visant à augmenter la production.

Autres indicateurs économiques

La Banque du Canada redouble d'efforts pour lutter contre l'inflation

La Banque du Canada a augmenté son taux directeur de 50 points de base le 13 avril. Il s'agit de la deuxième hausse cette année, ce qui porte le taux à 1 %. L'économie et le marché du travail canadiens ont bénéficié d'un fort élan au cours des derniers mois, alors qu'un plus grand nombre de mesures sanitaires ont été levées à travers le pays. Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada annonce une autre augmentation d'un demi-point de pourcentage en juin et les chances que l'annonce de juillet soit de même augmentent.

Le huard perd pied

Au chapitre du taux de change, l'aversion pour le risque a pris le dessus sur la hausse des prix des produits de bases. Le billet vert, valeur refuge par excellence, a été soutenu par rapport à la plupart des devises, y compris le dollar canadien, à mesure que les taux d'intérêt s'accélèrent. Malgré un léger recul récemment, le huard résiste généralement mieux que les autres devises en cette période de grande incertitude. En avril, le dollar s'est échangé à 0,79 $US en moyenne, en raison de la hausse des prix du pétrole. La volatilité du marché pétrolier, la réduction de l'appétit pour le risque et un resserrement agressif de la politique monétaire aux États-Unis devraient maintenir le dollar canadien entre 0,77 et 0,80 $US.

Pas de changement de ton chez les entreprises

Malgré les pénuries de main-d’œuvre, l’inflation, les délais d’approvisionnement et la guerre en Ukraine, la confiance des entreprises est restée pratiquement inchangée entre mars et avril. L'indice à long terme du Baromètre des affaires de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) indique que les dirigeants d’entreprises entrevoient toujours l’avenir avec optimisme. Comme quoi la levée des restrictions sanitaires et de meilleures perspectives face à la pandémie dominent sur l’incertitude et les défis auxquels font face les entreprises – du moins pour le moment.

Les taux effectifs reviennent à leurs niveaux de 2019

Depuis mars dernier, le taux directeur de la Banque du Canada a augmenté de 0,75 point de pourcentage pour atteindre 1,0 %. Les taux d'intérêt effectifs facturés aux ménages et aux entreprises semblent avoir augmenté un peu plus rapidement – ils ont atteint respectivement 3,9 % et 3,6 %, soit un point de plus que leur niveau de fin février. Il s'agit du niveau atteint en 2019 lorsque le taux directeur était à 1,75 %. D'autres hausses des taux directeurs sont attendues dans les prochains mois, de sorte que les taux effectifs facturés aux ménages et aux entreprises pourraient atteindre des niveaux jamais vus depuis la grande crise financière de 2008.

Indicateurs clés: Canada