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Octobre 2025

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Tarifs douaniers : bilan et perspectives pour l’économie canadienne

Il y a six mois, le gouvernement américain annonçait une multitude de droits de douane qui auront semé la panique sur les marchés financiers et des prévisions de récession imminente aux quatre coins du globe.

La situation commerciale canado-américaine ne s’est toujours pas stabilisée, mais les impacts économiques sont restés circonscrits… pour l’instant. La lettre économique de ce mois-ci dresse le bilan économique des tarifs douaniers sur le Canada. Le pire serait-il derrière nous ? Plus important encore, à quoi s'attendre maintenant ?

Tout d'abord, où en sommes-nous?

Les tarifs douaniers font peut-être moins les manchettes qu’il y a six mois, mais ils sont bien présents et évoluent encore rapidement au pays. 
Parmi les plus récents développements, notons une augmentation des droits de douane de 25 % à 35 % pour tous les produits canadiens, à l'exception de ceux couverts par l'accord de libre-échange (ACÉUM) conclu entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.

Cet accord signifie que 85 % des échanges avec les États-Unis sont toujours exempts de droits de douane universels. Cependant, des tarifs spécifiques à certains secteurs persistent; 25 % sur les véhicules, d’autres ont augmenté ; 50 % sur l’acier et l’aluminium (et produits à teneur en acier/aluminium), et de nouveaux ce sont ajoutés à la liste : 50 % sur le cuivre et 45 % sur le bois d’œuvre.

Le 30 juillet, la Maison Blanche a aussi suspendu l'exonération de minimis en franchise de droits, une mesure qui permettait aux colis d'une valeur inférieure à 800 dollars américains d'entrer aux États-Unis sans droits de douane. Cette suspension aura un impact significatif sur les petites et moyennes entreprises canadiennes qui vendent directement à une clientèle américaine.

Les annonces à surveiller :

  • Hausse de 10 % additionnel pour le bois d’œuvre (faisant passer le tarif canadien à 45 %)
  • Tarif de 25 % sur les meubles rembourrés, qui passera à 30 % le 1er janvier.
  • Tarif de 25 % sur les armoires de cuisine et les vanités, qui passera à 50 % le 1er janvier.
  • Des tarifs de 25 % sur les camions lourds dès le 1er novembre
  • Nouvelles menaces de 100 % sur les productions audiovisuelles et de 100 % sur les médicaments de marque ou brevetés ont été mentionnées, mais les détails ne sont pas disponibles pour le moment.

De son côté, le Canada a levé nombreux de ses droits de douane de rétorsion sur les États-Unis. Les prélèvements de 25 % sur les voitures, l'acier et l'aluminium sont les seuls tarifs de représailles toujours en place.

Diversification de nos exportations – pas si vite

Les exportations canadiennes ont reculé de 2,8 % en août, principalement sous l’effet des hausses de tarifs douaniers. Les secteurs liés aux métaux, soumis à des droits doublés (de 25 % à 50 %), ont connu des baisses marquées, tout comme le bois d’œuvre (-25,4 %).

Le ralentissement est généralisé, touchant 8 des 11 grands secteurs, et la baisse annuelle atteint 6,4 %. Malgré une légère hausse dans l’énergie, l’aviation et les biens de consommation, les pertes dans les métaux, le bois et l’agriculture dominent.

La diversification des exportations progresse lentement. Malgré la forte baisse des exportations vers les États-Unis (près de 30 % depuis janvier), ce marché représente encore 75 % des exportations totales canadiennes. Les exportations vers les autres pays ont également ralenti dans les derniers mois, sous l’effet des tarifs chinois envers nos produits agricoles et le ralentissement économique mondial en cours.

Certains producteurs ont réussi à tirer leur épingle du jeu, du moins en partie. C’est le cas de l’Aluminium. Avant, les droits de douane, plus de 94 % de l’aluminium canadien se dirigeait vers les États-Unis. La part qui se dirige vers le marché américain demeure très importante mais a reculé de 24 % alors que d’autres destinations de pays Européens a augmenté rapidement. Les exportations en direction du Pays-Bas ont augmenté de 74 % par rapport à l’an dernier.

La diversification reste limitée et dépend énormément de chaque produit et marché. En revanche, les importations en provenance de pays autres que les États-Unis continuent d’augmenter, ce qui suggère que les entreprises canadiennes pourraient avoir plus de facilité à diversifier leurs fournisseurs que leurs clients. 

L'emploi dans les secteurs plus touchés reste fragile

La faiblesse des exportations ralentit l’ensemble de l’économie canadienne. L’ampleur et la durée du ralentissement dépendent encore largement des tarifs et des réactions des entreprises selon les diverses annonces.

On observe des pertes d’emplois dans les secteurs fortement exposés au commerce avec les États-Unis depuis le début du conflit, mais l’emploi reste stable ailleurs pour l’instant. En général, le marché du travail réagit lentement aux changements économiques, car embaucher et former des employés prend du temps et coûte cher. 

Avant les récents gains de septembre (+40 700), les secteurs ayant une dépendance importante à l’égard des exportations vers les États-Unis avaient perdu plus de 100 000 emplois depuis le sommet de janvier 2025. La Banque du Canada estime que près de deux millions d’emplois au pays dépendent des exportations vers les États-Unis.

Pas de soubresaut de l’inflation… pour l’instant

La répercussion de la hausse des coûts due aux droits de douane dépendra fortement de la demande et des attentes en matière d'inflation. Un droit de douane est en fait une taxe à l’importation. Or, même si une bonne partie des tarifs de représailles ont été annulés par le gouvernement canadien, le Canada n’est pas à l’abri de hausses de prix dans les prochains mois.

Avant les nouveaux tarifs, l’inflation au pays était revenue à l’objectif de 2 %, et les pressions sur les prix étaient limitées, estime la Banque du Canada. Mais l’adoption des tarifs américains a compliqué la situation. Ceux-ci freinent les exportations et l’emploi, ce qui ralentit la demande et exerce une pression à la baisse sur l’inflation au Canada.. D’autres facteurs, comme la suppression de la taxe carbone, ont aussi aidé à maintenir l’inflation faible ces derniers mois.

Les risques de revoir l’inflation en hausse demeurent. C’est que l'IPC reflète la consommation des ménages, de sorte que des catégories telles que les transports, les soins de santé et l'ameublement ont un poids important en raison de leur impact direct sur les consommateurs. 
Plusieurs de ces biens sont importés, ce qui rend l'IPC généralement sensible à la dynamique de la chaîne d'approvisionnement mondiale et aux fluctuations du taux de change. Toutefois, les hausses de prix dû aux tarifs douaniers se sont davantage reflétées sur les entreprises que les consommateurs.

D’ailleurs, le dollar canadien reste faible depuis l’avènement des tarifs, ce qui aide nos exportateurs. Mais les chaînes d’approvisionnement de nos deux économies étant étroitement liées, le maintien de droits de douane aussi élevés pourrait avoir davantage d’impact dans les prochains mois.

Puisque l’économie ralentit sous le poids de l’incertitude, il est plus difficile maintenant pour les entreprises de transférer les hausses de coûts que lors des hausses de coûts en 2022, ce qui limite l’inflation au pays.

En bref…

  • Les tarifs douaniers américains ont été renforcés, touchant plusieurs secteurs clés (métaux, bois, meubles, etc.). Les entreprises ne sont pas au bout de leurs peines.
  • Les exportations canadiennes reculent, particulièrement vers les États-Unis, et la diversification reste limitée malgré les efforts. La diversification des exportations demeure donc un enjeu stratégique pour soutenir la croissance et réduire la vulnérabilité du commerce extérieur canadien.
  • L’emploi dans les secteurs exportateurs est fragilisé, bien que le marché du travail global reste stable et que les secteurs plus vulnérables aux échanges ont remonté en septembre.
  • L’inflation reste contenue pour l’instant, mais les hausses de coûts pour les entreprises pourraient se transmettre aux consommateurs si les tarifs persistent.
Perspectives canadiennes

L'économie canadienne : des lueurs d'espoir à travers les nuages

Après trois mois de recul, l’économie a renoué légèrement avec la croissance en juillet (+0,2 % du PIB réel) grâce à des gains réalisés non seulement dans les industries productrices de services, mais aussi de façon plus rassurante dans celles productrices de biens, selon Statistique Canada. C’est d’ailleurs le secteur des mines, du pétrole et du gaz qui a le plus contribué à cette croissance (+1,4 %), mais la belle surprise du mois aura été la croissance de 0,7 % du secteur manufacturier alors que l’industrie doit encore composer avec des défis liés aux tensions commerciales .

En août, Statistique Canada prévoit une croissance neutre (près de 0,0 %), alors que le troisième trimestre de 2023 devrait ainsi se conclure par une croissance atone du PIB réel. Dans le contexte actuel, il s’agirait d’une performance louable pour l’économie canadienne qui éviterait un recul du PIB réel pour un deuxième trimestre consécutif (soit la définition d’une récession technique).

À l’amorce du dernier trimestre de l’année, les défis continuent toutefois de s’accumuler. Les gains du PIB s’avéreront encore difficiles dans les prochains mois, alors que l’incertitude nuit encore aux perspectives de croissance des entreprises et que de nouveaux tarifs américains s’ajouteront. 

Les ménages peuvent-ils encore soutenir l’économie?

Une solide croissance économique repose essentiellement sur les épaules des ménages dont les dépenses de consommation représentent, bon an, mal an, 60 % du PIB. Dans le contexte économique actuel, marqué par une incertitude toujours forte, la demande des consommateurs joue un rôle encore plus important. La confiance des ménages envers l’économie et une demande dynamique pour les biens et services canadiens sont un facteur déterminant pour stimuler l’investissement et l’embauche chez les entreprises.

Les taux d’intérêt élevés des dernières années ont poussé les ménages à mettre la pédale douce sur l’endettement. Depuis que la Banque du Canada a entamé son cycle d’assouplissement – c’est-à-dire la baisse des taux d’intérêt - le ratio d’endettement des ménages remonte tranquillement. 

L’endettement total des ménages canadiens par rapport au revenu disponible était de 175 % au deuxième trimestre. Autrement dit, pour chaque dollar disponible, un ménage doit 1,75$ - ce qui demeure parmi les plus faibles niveaux de la dernière décennie. 

C’est de bon augure pour que la consommation poursuive son élan, malgré la faiblesse du marché de l’emploi. Le revenu disponible a augmenté en moyenne de 3,9 % au deuxième trimestre 2025 par rapport à l'année précédente. Même s’il s’agit d’une baisse par rapport à la hausse annuelle de 5,9 % enregistrée l’an dernier, cette croissance reste supérieure à l’inflation.

La baisse des coûts d’emprunt signifie que les ménages endettés ont disposé de plus de revenus après le remboursement de leur dette, et les Canadiens ont réagi en injectant cet argent dans l’économie.

Dans l’ensemble, les ménages continueront à soutenir l’économie mais la croissance de la consommation sera timide.

Nouvelle baisse du taux directeur en septembre

Estimant que l’inflation est bien maîtrisée au Canada, et que les risques d’une reprise à la hausse restent contenus jusqu’à présent, la Banque du Canada a donc diminué le taux directeur en septembre. En effet, l’inflation globale mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) a atteint 1,9 % en août.

Par contre, les mesures fondamentales privilégiées par la banque, car moins volatiles, se maintiennent obstinément autour de 3 %. Le ralentissement de l’économie, quoique bien installé, n’est pas pour autant plus alarmant. Ce qui laisse croire, pour l’instant, que la Banque du Canada restera sur la ligne de touche lors de la décision d’octobre .

Fiou! L’emploi remonte

En septembre, 60 400 emplois ont été créés au Canada, après avoir cumulé 106 000 pertes les deux mois précédents. Les gains se sont aussi fait sentir dans le secteur privé (+22 000 en un mois), ce qui indique probablement que les entreprises reprennent peu à peu le dessus. Autre bonne nouvelle, l’emploi a repris dans les secteurs plus vulnérables aux tarifs douaniers qui enregistrent des pertes importantes depuis le début des tensions commerciales.  

Le taux de chômage a augmenté rapidement cette année en raison de l’incertitude économique qui ralentit les embauches et l’accroissement du nombre de travailleurs potentiels. Malgré les gains d’emplois, le taux de chômage s’est maintenu à 7,1 % en septembre, puisque l’accroissement du nombre de travailleurs potentiels était encore une fois plus fort.

En juillet, le nombre de postes vacants a encore diminué pour atteindre un peu moins d'un demi-million, soit environ 15 % de moins qu’il y a un an.

L’impact pour votre entreprise

  • Les consommateurs demeurent prudents et continueront à ralentir leurs achats d'articles coûteux ou à se tourner vers des produits de substitution, mais les baisses de taux semblent les inciter à emprunter davantage pour poursuivre le rythme de leurs dépenses. Cherchez comment vous pouvez améliorer la valeur de votre offre afin de maintenir un niveau de ventes adéquat et assurez-vous d’avoir une bonne gestion de vos inventaires.
  • Les taux d'intérêt devraient continuer à diminuer au pays, mais probablement pas en octobre, car le cycle d’assouplissement se fait plus timide. La récente baisse de taux devrait soutenir l’économie et le niveau de confiance, particulièrement chez les consommateurs.
  • Le ralentissement économique étant encore bien présent, il n’est pas trop tard pour adopter de bonnes pratiques et ajuster les finances de votre entreprise en conséquence, car il faudra plus de stabilité avant d’observer un regain de vigueur économique au Canada.
Perspectives provinciales

Les produits de base aident les Prairies à surmonter la tempête tarifaire 

Le pétrole de l'Alberta agit comme un puissant tampon contre les vents contraires

L'Alberta devrait terminer l'année avec une croissance décente, surpassant ainsi la moyenne nationale. Le PIB devrait en effet augmenter de 1,6 % en 2025, dépassant la croissance de 1,2 % prévue pour le Canada. Jusqu'à présent, le secteur de l'énergie a aidé la province à compenser l'impact des droits de douane sur ses secteurs non énergétiques.

La croissance démographique, bien qu’elle décélère, continue de stimuler le secteur immobilier et les dépenses de consommation. Même si l'incertitude reste élevée, le marché du travail reste solide et continuera de soutenir la confiance des consommateurs dans les mois à venir. 

La baisse des prix du pétrole nuit, mais la capacité compense

Nouvelles augmentations de l’offre par l’OPEP, incertitudes persistantes liées au commerce et annonces de nouveaux droits de douane : voilà autant d’éléments nécessaires pour maintenir les prix du pétrole à un faible niveau dans les mois à venir.

Malgré cela, grâce à la baisse du seuil de rentabilité et à l'augmentation de la capacité du pipeline TMX, l'industrie pétrolière de l'Alberta est bien placée pour maintenir ses niveaux de production actuels, ce qui aide la province à diversifier ses exportations de pétrole d'une part, et à compenser l'impact de la baisse des prix du pétrole d'autre part. 

Les secteurs miniers et de la construction maintiennent une croissance positive en Saskatchewan

La Saskatchewan devrait enregistrer une croissance plus faible mais positive cette année. Sa croissance ralentira, par rapport à ses solides performances de 2024, mais restera positive passant de 3,4 % à 1,4 % à la fin de l'année. Si les droits de douane imposés par la Chine sur les semences et l’huile de canola ont exercé une pression supplémentaire sur l'économie, d'autres secteurs ont contribué à atténuer cet impact.

Les gains d'emplois dans les secteurs non soumis à des droits de douane ont compensé les pertes dans les secteurs touchés, ce qui a favorisé les dépenses de consommation jusqu'à présent. 

Les ventes au détail ont augmenté de 5 % depuis le début de l'année par rapport aux niveaux de l'année dernière. Les mises en chantier ont été plus nombreuses en 2025, reflétant un fort dynamisme de la construction dans la province.

Le secteur minier a également bénéficié de la hausse des prix et d’une forte demande. Les exportations de minerais métalliques et de minéraux non métalliques ont augmenté de 7,5 % depuis le début de l'année.

Le projet de potasse Jansen Stage 2, d'une valeur de 6,4 milliards de dollars, continue de soutenir les perspectives de croissance pour  2025 et les années à venir. 

Frappé par les droits de douane par ses deux principaux partenaires, le Manitoba sera à la traîne par rapport à ses pairs 

La croissance du Manitoba restera sous pression dans les mois à venir, et la province traînera du pied par rapport à l'Alberta et à la Saskatchewan cette année. Les droits de douane imposés par ses deux partenaires commerciaux ont pesé sur les échanges : trois des cinq principaux produits exportés par la province sont soumis à des droits de douane de la part des États-Unis et de la Chine. 

Les exportations ont ainsi chuté de 6 % depuis le début de l'année et les ventes manufacturières ont également baissé de 1,5 %. D’une note plus positive, soulignons que de solides niveaux d’emplois jusqu'en août ont soutenu les dépenses de consommation au cours des sept premiers mois de l'année. 

Le secteur public a également eu un impact positif, avec une augmentation des emplois dans les secteurs de l'éducation et des services de santé, ainsi que des dépenses d'infrastructure prévues pour l'année. 

L'économie continuera également de bénéficier de la hausse des prix des matières premières, notamment de l'or qui a dépassé pour la première fois les 4 000 dollars l'once, et du cuivre.

Cependant, l'incertitude liée au commerce et les droits de douane continueront de peser sur la croissance au cours des prochains mois. Nous avons maintenu notre prévision inchangée pour l’année, à 0,9 %.

L'impact sur votre entreprise

  • Examinez votre situation financière et identifiez les points faibles et les stratégies à mettre en œuvre pour renforcer votre résilience. 
  • La situation tarifaire est désormais un peu plus claire. Commencez à planifier vos projets de croissance et vos investissements afin de profiter de la baisse des coûts d'emprunt.