Incertitude commerciale: Explorez les ressources et des outils pour votre entreprise.

Incertitude commerciale: Explorez les ressources et des outils pour votre entreprise.

Juin 2025

Lettre économique mensuelle

Restez aux faits de l'évolution des indicateurs économiques clés.

Lire plus
La une économique

Où s’en vont les taux d’intérêt ?

Depuis un an, la Banque du Canada a commencé à réduire son taux directeur qui est ainsi passé de 5,0 % à 2,75 %. Même si ce taux a chuté de 225 points de base, permettant alors d’emprunter à moindre coût et de stimuler l’économie, les taux d’intérêt payés par les entreprises et les particuliers n’ont pas suivi au même rythme. Les taux effectifs pour les ménages ont seulement diminué de 92 points de base, tandis que la baisse est un peu plus grande (163) pour les entreprises.

Pourquoi cette différence ? Parce que plusieurs prêts sont à taux fixes et ne dépendent donc pas seulement du taux directeur. Ils sont majoritairement influencés par les taux du marché obligataire – c’est-à-dire les rendements des obligations et des bons du Trésor.

Par exemple, les prêts hypothécaires à taux fixe de 5 ans affichés au Canada ont diminué de seulement 75 points depuis un an – et ont même augmenté au cours des dernières semaines.

Les taux américains mènent la danse vis-à-vis les taux canadiens

Pour bien comprendre la direction que prendront les taux d’intérêt au Canada, il faut aussi se tourner vers les États-Unis où les taux d’intérêt ont une influence importante sur les nôtres. En effet, les investisseurs internationaux comparent constamment les rendements des obligations américaines et canadiennes. Si les obligations américaines offrent un rendement plus élevé, les capitaux risquent alors de quitter le Canada et de pousser les taux canadiens à s’ajuster pour rester compétitifs.

Or, récemment, les rendements des obligations américaines sont repartis à la hausse. La situation est principalement attribuable aux inquiétudes liées à l’inflation qui reste élevée, à l’important déficit budgétaire à venir et à une économie américaine qui reste étonnamment solide.

En d’autres mots, il devient plus cher pour les banques d’emprunter de l’argent, car les investisseurs veulent un meilleur rendement pour prêter leurs avoirs.

Taux élevés : le reflet d’un climat tendu

Les taux des obligations, eux, sont décidés par les investisseurs qui ne regardent pas seulement ce que font les banques centrales. Ils observent aussi l’état de l’économie, les risques à venir, et l’inflation. Quand ils sentent que les temps sont incertains, ils cherchent normalement des valeurs sûres, comme les obligations américaines qui sont vues comme des placements très sécuritaires.

En général, quand la peur monte, la demande pour ces obligations grimpe aussi. Cela fait monter leur prix, et donc baisser leur rendement. Mais, en ce moment, c’est l’inverse qui se produit : malgré l’incertitude, les rendements sont en hausse. 

Les investisseurs demandent une « prime de risque » plus élevée – autrement dit, ils veulent être mieux payés pour prêter leur argent dans un contexte instable. Cette prime a même atteint un sommet en dix ans et ce dynamisme s’explique par trois facteurs :

1.    Depuis que les tensions commerciales se sont intensifiées, les taux obligataires sont repartis à la hausse, surtout aux États-Unis. L’inflation reste une inquiétude et l’économie américaine continue de bien performer, ce qui pousse les taux vers le haut.

2.    Les banques centrales étrangères diversifient leurs réserves et les investisseurs réduisent leur exposition à l’économie américaine.

3.    Pour financer ses dépenses et combler le manque à gagner dans ses revenus, le gouvernement américain doit émettre encore plus de dettes. Et pour convaincre les investisseurs d’acheter, il doit leur offrir un meilleur rendement – donc, des taux plus élevés.

Bref, tout pointe vers une chose : les taux d’intérêt aux États-Unis risquent de rester élevés encore un bon moment. 

L’impact pour les entreprises canadiennes?

Les marchés canadiens évoluent généralement en tandem avec les marchés américains, de sorte que les conditions de crédit pourraient encore se resserrer dans les prochains mois. Les taux d'intérêt pour les prêts à plus long terme pourraient donc augmenter au Canada également (ou à tout le moins demeurer élevés). Si vous avez des projets d’investissement à financer dans les prochains mois, vous pourriez bénéficier de fixer votre taux plus rapidement.

La désynchronisation entre les baisses de taux annoncés par la Banque du Canada et les taux effectifs qui découlent du marché obligataire semble toucher davantage le financement des ménages que celui des entreprises. La consommation des ménages représentant une part importante de l’économie canadienne, ces conditions de crédit limiteront la croissance de la demande pour vos produits et services.

Le rendement à la hausse des obligations repose principalement sur les anticipations des investisseurs. Avec le temps, ces derniers s’habitueront probablement à vivre un peu mieux avec l’inconfort du conflit commercial. La prime de risque pourrait donc être appelée à baisser, ce qui aiderait les taux à diminuer, mais il faudra s’armer de patience. Il serait surprenant de voir les taux d’intérêt diminué de manière significative avant 2026.

Perspectives canadiennes

Le Canada est-il à la veille d’une récession ?

La menace d’une récession inquiète bon nombre d’entreprises canadiennes. Le ralentissement du PIB, la hausse du chômage et des secteurs en difficulté sont autant de signaux économiques qui pointent en direction d’une récession… que le Canada devrait toutefois éviter en 2025.

Nos prévisions tablent en effet sur une croissance modeste de 0,8 %. Mais le risque de voir un ou deux trimestres de décroissance demeure. 

Le conflit commercial aura soutenu la croissance de l’économie en début d’année

De nombreux ménages et entreprises ont l’impression que l’économie est en récession, mais les données économiques des derniers mois montrent encore une croissance économique étonnamment forte. Le PIB réel canadien a augmenté au rythme de 2,2 % au premier trimestre de 2025. Il serait toutefois surprenant que cette vigueur continue dans les prochains trimestres. 

Cette performance est en effet largement tributaire du conflit commercial et met la table pour la suite. Des piliers importants de la croissance, comme la consommation et l’investissement des entreprises, ont contribué à l’augmentation du PIB, de 0,7 et 0,3 points respectivement, mais dans une moindre mesure qu’à l’habitude. L’incertitude ayant poussé plusieurs entreprises et consommateurs à maintenir le statu quo en début d’année. 

L’investissement non-résidentiel avait retrouvé un bon élan à la fin 2024, sous l’effet des baisses de taux d’intérêt, mais aura aussi subi l’impact du climat tendu.

Inventaires et exportations en hausse : l’histoire ne se répètera pas de sitôt

L’incertitude entourant les tarifs douaniers s’est traduit en un accroissement important des inventaires des entreprises, des importations et des exportations, alors que ménages et entreprises se sont rués sur les marchandises exemptes de tarifs de part et d’autre de la frontière.  Les tarifs douaniers ayant pris effet au cours des mois de mars et avril, il serait surprenant de voir le même scénario se répéter dans les prochains mois. 

D’ailleurs, les exportations canadiennes en direction des États-Unis ont déjà ralenti significativement par plus de 15 %. En contrepartie, les exportations ailleurs dans le monde ont augmenté de 2,9 %, ce qui n’est donc pas suffisant pour maintenir une croissance dans l’ensemble des échanges.

La hausse des inventaires se heurtera probablement à une demande au ralenti et devrait donc s’épuiser plus lentement aussi.

La Banque du Canada maintient le taux directeur

La Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 2,75 % lors de l’annonce du 4 juin. L’inflation globale, mesurée par la variation annuelle de l’indice des prix à la consommation, a ralenti à 1,7 % en avril. En revanche, les mesures d’inflation fondamentales, privilégiées par la Banque du Canada pour déterminer s’il y a lieu de s’inquiéter ou non des variations de prix, ont repris de la vigueur et dépassent toutes les 3 %.

À ce stade, le taux directeur est donc maintenu dans la fourchette dite « neutre ». Un taux directeur entre 2,25 % et 3,25 % correspond à une politique monétaire qui permet à l’économie de tourner rondement — ni trop vite, ni trop lentement. Par contre, le ralentissement qui s’installe pourrait pousser la banque à réviser son taux à la baisse, surtout si elle juge que l’inflation qui découle du conflit commercial sera passagère.

Le taux de chômage canadien atteint 7,0 %

Le taux de chômage a encore grimpé au pays en mai. Malgré des gains d’emplois au cours du mois, la population active, c’est-à-dire les personnes disponibles et prêtes à travailler, a augmenté bien davantage (+35 300 en mai, alors qu’il s’est créé moins de 9 000 emplois). 

Autre signe positif pour l’économie : l’emploi dans le secteur privé a augmenté pour la première fois depuis janvier – par près de 61 000. D’ailleurs, le taux de mise à pied est stable par rapport à la même période l’an dernier. On dénote encore en mai des pertes d’emplois dans les secteurs plus vulnérables aux tarifs douaniers, comme le manufacturier (-12 200), la construction (-7 400) et le transport et l’entreposage (-15 500).

L’impact pour votre entreprise

  • Les négociations avec Washington se poursuivent et la situation évolue encore de jour en jour. D’ici à ce qu’une entente formelle soit conclue, les consommateurs resteront plus prudents et les entreprises continueront à vouloir diminuer leurs inventaires. Il faudra attendre encore quelque temps avant que les carnets de commande ne se regarnissent.
  • La Banque du Canada, malgré une économie un peu ralentie, se montre plus patiente quant au potentiel de nouvelles baisses de taux. C’est encore un bon moment pour revoir vos projets d’investissement et développer vos plans de croissance.
  • Le ralentissement économique est concentré dans certains secteurs, particulièrement ceux affectés par les droits de douane américains et les contre-tarifs. Si votre entreprise opère dans ces secteurs, ou si vos chaînes d'approvisionnement en subissent l’impact, BDC peut vous aider à rester sur la bonne voie. Il est pertinent d'évaluer comment vous vous adaptez à la situation. Pour les entreprises non directement affectées par le conflit commercial, le ralentissement aura des répercussions sur l'ensemble de l'économie, mais il n'est pas question de récession à ce stade-ci.
Perspectives provinciales

L'économie de l'Ontario est la plus touchée par les tensions commerciales

Jusqu'à présent, les États-Unis sont revenus sur leur intention d'imposer des droits de douane universels sur tous les produits et les ont limités à trois secteurs spécifiques : l’automobile, l'acier et l'aluminium.

Bien qu'un scénario catastrophe soit actuellement exclu, les répercussions au Canada varient selon les provinces, l'Ontario étant la plus affectée en raison de sa structure économique. Si les secteurs visés ne représentent qu'un peu plus de 1 % du PIB de la province, ils constituent néanmoins environ un tiers de ses exportations. 

Certaines régions de l'Ontario, où l'industrie automobile et l'industrie métallurgique sont dominantes, connaîtront un ralentissement important, tandis que d'autres devraient profiter d’une croissance modeste tout au long de l'année. Dans l'ensemble, compte tenu de l'incertitude toujours élevée et de l'effet disproportionné du protectionnisme américain sur la province, la croissance économique devrait rester anémique cette année, à 0,6 %.

Un marché de l'emploi fortement affaibli, mais l’épargne en hausse pour les ménages

Les entreprises ressentent grandement les effets des tarifs douaniers et de l'incertitude. Les embauches dans les secteurs ciblés par les droits de douane ont chuté de manière significative au cours des derniers mois : l'emploi dans l'industrie manufacturière a diminué pendant trois mois consécutifs depuis le mois de mars.

D'autres secteurs indirectement touchés, tels que la construction et les services d'hébergement et de restauration, ont également subi des pertes d'emploi. Bien que le taux de chômage global de l'Ontario ait peu changé en mai, les variations des taux de chômages régionaux étaient notables. 

Par exemple, le taux de chômage a augmenté à un rythme beaucoup plus rapide à Windsor (+1,5) qu’à Toronto (+0,3), au cours des deux derniers mois. Alors que les négociations se poursuivent entre le Canada et les États-Unis, le marché de l'emploi devrait rester sous pression et peser sur la confiance des Ontariens. 

Les ménages devraient rester prudents dans leurs dépenses et continuer à augmenter leur épargne en prévision du renouvellement des hypothèques et de l'incertitude persistante.

Les tensions commerciales freinent la reprise du marché de l'immobilier

Le marché de l'immobilier s'est rapidement détérioré avec l'escalade des tensions commerciales. Les ventes de logements ont chuté de 21 % au premier trimestre de 2025.  Malgré la baisse des taux d'intérêt, les ménages sont restés prudents en raison de la baisse de confiance dans les perspectives économiques et des inquiétudes concernant la sécurité de l'emploi. Le mois d'avril a ainsi été marqué par une activité limitée des ventes de logements, l’ìncertitude ayant persisté, ce qui a probablement dissuadé les acheteurs potentiels. 

Toutefois, si les tensions commerciales s'apaisent et que la confiance augmente, le marché pourrait voir les ventes de logements rebondir. À plus long terme, le développement résidentiel devrait être soutenu par une reprise de la croissance démographique, après la levée des mesures temporaires sur l'immigration, de même que par des taux d'intérêt plus bas et une reprise économique. 

La croissance devrait se poursuivre cette année, mais avec des risques à la baisse

Après avoir fortement augmenté au premier trimestre, les exportations automobiles ont connu une baisse significative en avril, les constructeurs automobiles de la province ayant réduit leur capacité de production en réponse aux droits de douane. Les exportations resteront sous pression dans les mois à venir. Le maintien des droits de douane devrait entraîner de nouvelles réductions de la production des constructeurs automobiles en Ontario, ce qui pèsera davantage sur la croissance. Toutefois, les mesures budgétaires annoncées par le gouvernement apporteront un soutien aux industries et aux ménages touchés. Les investissements prévus dans les infrastructures pour l'exercice 2025-2026 stimuleront également l'économie et ouvriront la voie à une relance du commerce interprovincial.

Dans l'ensemble, l'Ontario fait face à une année difficile, mais à mesure que l'incertitude s'estompera et qu'un accord sera négocié, la confiance des entreprises et des consommateurs se redressera lentement et se traduira par une stabilisation du marché de l'emploi, de l'activité immobilière et des exportations.

L'impact sur votre entreprise

  • Les tarifs peuvent avoir un impact important sur votre entreprise selon votre secteur d'activité. Il existe des outils qui peuvent vous aider à faire face à cette situation.
  • Les conditions de crédit sont plus strictes que lors des trimestres précédents, il est important d'évaluer votre situation financière et de vous positionner favorablement lorsque vous sollicitez un financement. 
Votre vie privée

BDC utilise des témoins de navigation (cookies) pour améliorer votre expérience sur son site et à des fins publicitaires, pour vous offrir des produits ou des services qui sont pertinents pour vous. En cliquant sur «J’ai compris» ou en poursuivant votre navigation sur ce site, vous consentez à leur utilisation.

Pour en savoir plus, consultez notre Politique de confidentialité.