Incertitude commerciale: Explorez les ressources et des outils pour votre entreprise.

Incertitude commerciale: Explorez les solutions, les ressources et des outils pour votre entreprise.

Septembre 2025

Lettre économique mensuelle

Restez aux faits de l'évolution des indicateurs économiques clés.

Lire plus
La une économique

Marché du travail : entre ralentissement et ajustement

Le marché du travail canadien ralentit. Bien que la situation ne soit pas alarmante pour l’instant, il importe à tout entrepreneur de s’y intéresser. 

D’une part, l’emploi stimule la consommation, moteur clé de la croissance économique. Il renforce la résilience des ménages et soutient les recettes fiscales qui financent les services publics. C’est donc un indicateur important pour les prévisions de vente des entreprises.

À ce jour, les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis sont encore tendues et beaucoup d’incertitude demeure. C’est difficile pour les entreprises d’anticiper efficacement la suite des choses.

Voici donc ce qu’il faut savoir sur le marché du travail, pour vos indicateurs de ventes futures, la gestion de vos coûts et les perspectives salariales 2026.

Le marché du travail s’assouplit

Le Canada est confronté à un ralentissement économique aggravé par les pressions tarifaires et les incertitudes commerciales. Le contexte actuel aura poussé les entreprises à mettre la pédale douce sur leur projet d’expansion, ce qui se répercute sur les embauches et le niveau d’emploi en général. Les licenciements sont restés stables, ce qui témoigne d’une certaine résilience du marché du travail et des entreprises. 

Le mois de juillet a marqué un tournant dans la dynamique du marché du travail canadien, avec une perte nette de 40 800 emplois, principalement dans les secteurs privés et à temps plein. Les pertes d’emplois se sont poursuivies au pays en août alors que l’économie aura retranché 65 500 emplois. Cette dernière baisse est plus importante, mais peut-être moins alarmante que celle de juillet puisque ces pertes se sont concentrées chez les travailleurs à temps partiel (-60 000) et les travailleurs autonomes (-43 000).

Ces contractions ne pointent toujours pas vers une crise imminente, mais la situation se détériore. Le taux de chômage a augmenté rapidement au cours de l’année, en hausse à 7,1 %.

Il y avait d’ailleurs toujours 3,2 chômeurs pour chaque poste vacant en juin 2025 au Canada – un ratio qui augmente depuis les derniers mois. Bien qu’il existe encore des secteurs et des régions où le recrutement est toujours difficile, c’est un enjeu beaucoup moins important pour les propriétaires d’entreprises qu’il n’eut été durant les dernières années. D’une part, la population active, c’est-à-dire le bassin de travailleurs potentiels, a augmenté rapidement. Ainsi, le nombre de postes vacants est aussi en baisse, et ce malgré les plus récents reculs de l’emploi.

Mais le nombre de postes affichés non pourvus demeure encore important, si on se rapporte à la période prépandémique. Statistique Canada en dénombrait 492 000 à l’échelle nationale à la mi-année 2025. Toutefois, un poste vacant sur cinq se trouve dans le secteur de la santé et des services sociaux. Les industries en services de proximité, tels que l’hébergement et restauration ainsi que le commerce de détail, totalisaient un autre 20 % de la demande de travailleurs actuels.  

La croissance des salaires ralentit, mais la productivité stagne toujours

Selon Statistique Canada, la rémunération totale des salariés a légèrement augmenté de 0,2 % au deuxième trimestre - il s'agit de la plus faible hausse depuis le deuxième trimestre 2016 (hors pandémie).

Une croissance des salaires plus faible semble de bon augure pour les dirigeants d’entreprise, mais encore faut-il s’ajuster ailleurs. L’incertitude les pousse à ralentir le rythme d’embauche, ce qui enlève de la pression sur les salaires. Mais le contexte actuel pourrait aussi ralentir l’investissement des entreprises, ce qui retarde des gains d’efficacité.

Les entreprises font face à un paradoxe : elles réévaluent leurs ambitions tout en maintenant les efforts pour retenir les talents nécessaires. 

Malgré une certaine reprise de la productivité du travail en 2024 (+0,6 % après trois années de recul), les coûts de main-d’œuvre ont explosé. Au cours des dix dernières années, la productivité des entreprises a augmenté de 3,2 %, tandis que le coût unitaire de la main-d'œuvre (soit le coût du travail pour fabriquer une seule unité) a bondi de 32 %.

Les entreprises qui souhaitent rester compétitives doivent comprendre que les salaires sont évidemment un coût à maîtriser, mais aussi un levier stratégique pour attirer, motiver ou encore fidéliser les talents, surtout dans un marché en réajustement.

Que faire en 2026?

Les résultats indiquent une tendance à la baisse en matière de croissance de la rémunération. Ce ralentissement est en partie attribuable au comportement des employeurs pour protéger leurs activités contre une éventuelle récession, et en raison aussi d’un marché du travail moins contraignant. Les entreprises canadiennes prévoient augmenter leur budget de rémunération de 3,0 % pour 2026 – un recul par rapport aux dernières années, mais un retour aux tendances de plus long terme.

Certains secteurs d’activités doivent s’attendre à des augmentations plus importantes, de l’ordre de 4,5-5 % pour ceux liés aux technologies de l’information et aux logiciels. Mais cette pression provient surtout des nouvelles embauches pour les postes hautement spécialisés. 

D’autres secteurs connaissent des ralentissements, car plus exposés à la menace tarifaire. L’effet des droits de douane aura déjà pesé davantage sur les budgets des manufacturiers. Le recul dans ce secteur se poursuivra en 2026, mais les prévisions tablent tout de même sur des niveaux près de la moyenne nationale. 

Peu importe le secteur, toutes les organisations se concentrent sur leur capacité financière pour s’assurer de maintenir leurs structures de coûts.

L’impact pour votre entreprise

  • Le marché de l’emploi étant un moteur de consommation, sa fragilisation pourrait mener à un ralentissement de la consommation. Il ne s’agit pas d’un recul, mais seulement d’une croissance moins forte. Révisez vos prévisions de ventes en conséquence si ce n’est pas déjà fait.
  • Bien que la croissance des salaires ralentisse, les coûts unitaires de la main-d’œuvre demeurent élevés, sans gains de productivité équivalents. Les entreprises doivent donc ajuster leurs stratégies de gestion de talent pour rester compétitives dans le contexte actuel.
  • Priorisez les investissements qui améliorent la productivité à long terme. Plutôt que de réduire les coûts de manière uniforme, identifiez les postes où un investissement ciblé peut générer des gains d’efficacité durables. Ce qui peut même passer par le développement des compétences de vos employés.
Perspectives canadiennes

Le PIB recule au second trimestre… Et maintenant ?

À l'instar du reste du monde, l'économie canadienne ralentit. Si les données du dernier trimestre font état d'une décroissance non négligeable (-1,6 % par rapport à T1), celle-ci est due aux exportations et non à la demande intérieure.

Au contraire, la demande intérieure - c'est-à-dire la consommation des ménages et des administrations publiques ainsi que les investissements résidentiels – s’est améliorée. 

Cette robuste demande pourrait continuer à amortir les effets négatifs des tensions commerciales sur la croissance nationale, mais pas indéfiniment. Une bonne partie de la demande intérieure du second trimestre est en effet attribuable à l’investissement des entreprises en inventaire (les stocks).

Dépenses de consommation en hausse, mais affaiblissement des revenus

Les dépenses de consommation ont augmenté à un rythme de 1,1 % au cours du second trimestre. Les ménages ne semblaient toutefois pas enclins à poursuivre ce rythme d’achats, puisque les ventes au détail auraient reculé entre juin et juillet, selon les premières estimations de Statistique Canada. 

La vigueur du marché du travail, en soutenant la croissance des revenus et la confiance des ménages, agit comme un moteur essentiel des dépenses de consommation. 

  • Le marché du travail canadien s’est assoupli rapidement. Les pertes d’emplois de juillet et août totalisent plus de 106 000 emplois, portant le recul à 38 500 depuis février (moment où les tensions commerciales se sont accentuées).
  • Après quatre mois consécutifs de hausse constante, la confiance des consommateurs s'est affaiblie au mois d’août, selon le Conference Board du Canada.

Les données disponibles à ce jour laissent présager que les ménages ralentiront le rythme de croissance des dépenses de consommation dans les mois à venir. La rémunération totale des salariés au pays a légèrement augmenté au deuxième trimestre, de 0,2 % ; il s'agit de la plus faible hausse depuis 2016 (excluant 2020). Le revenu disponible des ménages n’a augmenté que de 0,3 %, soit beaucoup moins que la croissance des dépenses. Les ménages ont aussi choisi d'épargner encore davantage, ce qui n’a pas empêché le taux d’épargne de passer de 6 à 5 % entre le premier et second trimestre. 

La consommation pourrait toutefois profiter d’une baisse des taux d’intérêt dans les prochains mois. Les coûts du service de la dette ont augmenté d’avril à juin, notamment les coûts des intérêts hypothécaires et non hypothécaires, même si la Banque du Canada a maintenu son taux directeur durant cette période. Or, le récent ralentissement de l’économie, l’assouplissement du marché du travail et la bonne maîtrise de l’inflation pourraient encourager la Banque du Canada à réviser à la baisse son taux directeur, dès le 17 septembre.

Les tensions commerciales maintiennent la pression sur les exportations et les entreprises

Les exportations ont remonté légèrement en juillet, tandis que les importations ont ralenti. Par conséquent, le déficit du commerce de marchandises du Canada s'est rapetissé. En volume, les exportations ont augmenté de 1,6 % et des hausses ont été enregistrées dans près du tiers des secteurs de produits. 

Quoiqu’insuffisantes pour contrecarrer les pertes du printemps, les exportations pour l’année sont encore en hausse par rapport à la même période en 2024.

Il semble que les exportations se stabilisent tranquillement puisque nous n’observons pas de rebond ou de baisse importante dans les plus récentes données, contrairement aux six mois précédents.

Toutefois, les tensions commerciales maintiennent une pression élevée sur les inventaires des entreprises canadiennes. Les inventaires ont augmenté rapidement au premier trimestre à la suite des annonces à répétition de nouveaux droits de douane et de l’incertitude croissante – cette tendance s’est accélérée au second trimestre alors que les stocks on bondit, et ce dans tous les secteurs couverts par Statistique Canada. 

Malgré la hausse de la consommation, les inventaires ont augmenté plus rapidement encore, le ratio trimestriel stock/ventes, pour l’ensemble de l’économie canadienne ayant atteint 90,8 %. Il faut remonter au second trimestre de 2020, soit au cœur de la pandémie, pour retrouver un ratio aussi élevé qui était alors de 92,8 %, pendant que l’économie entière était mise sur pause.

Qu’est-ce que cela signifie pour les entrepreneurs?

  • Le marché du travail s’assouplit davantage en juillet, ce qui pourrait encore affecter la confiance des consommateurs et la demande pour vos biens et services.
  • Les données économiques récentes peuvent justifier des taux d’intérêt plus faibles. Une baisse du taux directeur par la Banque du Canada est envisageable dès septembre.
  • Attention à vos stocks : une part importante de la croissance intérieure provient de l’accumulation d’inventaires. Cela pourrait indiquer une surproduction ou une anticipation de perturbations commerciales, ce qui augmente les risques de correction dans les prochains trimestres.
Perspectives provinciales

Croissance modeste pour la Colombie-Britannique

La Colombie-Britannique a été confrontée à de nouveaux défis en 2025, alors que l'incertitude atteignait des sommets sans précédent et que les tensions commerciales demeurent non résolues. 

Bien que la province dépend moins des États-Unis (53 % des exportations de la Colombie-Britannique sont expédiées vers les États-Unis, contre une moyenne nationale canadienne de 77 %), la province a tout de même ressenti les effets de l'anticipation des droits de douane au premier semestre de l’année : les exportations sont passées de +7 % au premier trimestre à -7,5 % au deuxième trimestre, reflétant ainsi la forte hausse de la demande avant l'imposition des droits de douane.

En plus, la décision des États-Unis de doubler les droits de douane sur le bois d'œuvre canadien ajoutera de la pression à la baisse sur les exportations au cours des prochains trimestres. 

Cependant, la diversification des exportations énergétiques vers l'Asie, l'impact limité des tarifs et la baisse des taux d'intérêt permettront à la province de rester à flot cette année.

Les mesures fiscales visant à atténuer l'impact sur les industries ciblées et les travailleurs touchés contribueront à limiter les dégâts. La croissance devrait rester inférieure à son potentiel, tout en augmentant de 1 % cette année. 

Hausse des emplois et des dépenses de consommation : cette tendance va-t-elle durer ? 

Des gains d’emplois et salariaux décents ont soutenu les dépenses de consommation des ménages au cours du premier semestre, malgré le contexte d’incertitude. Les ventes au détail ont augmenté de 2,9 % au deuxième trimestre 2025, reflétant un regain de confiance parmi les Britanno-Colombiens pendant cette période. 

Cependant, comme l'emploi a baissé en juin et juillet, signe d'un ralentissement du marché du travail, les consommateurs pourraient se montrer plus prudents dans les mois à venir, ce qui exercerait une pression à la baisse sur leurs dépenses.

En ce qui concerne les gros achats, les ménages se sont montrés réticents : les ventes de logements ont diminué de 12 % et 7 % au premier et au deuxième trimestre.

Certains signes de reprise sont apparus sur le marché immobilier en juin et juillet, avec une augmentation des ventes de 6 % et 4 % respectivement, mais le marché immobilier ne devrait pas rebondir rapidement. Un redressement assez lent est attendu, et se fera au rythme de taux d'intérêt qui restent bas et du rétablissement de la confiance. 

La province est confrontée à des vents contraires, mais les bases sont solides

Les tensions commerciales ont freiné les intentions d'investissement des entreprises, incité les consommateurs à la prudence et exercé des pressions sur le commerce. Cependant, les bases restent solides et des investissements stratégiques soutenus aideront la province au cours des prochains trimestres et au-delà. 

Malgré la fin des grands projets énergétiques, la production de gaz devrait augmenter grâce aux nouvelles capacités de LNG et à un nouvel accès aux marchés asiatiques. Les efforts déployés par le gouvernement de la Colombie-Britannique pour accélérer la mise en place d'infrastructures majeures et donner la priorité aux projets miniers essentiels stimuleront également les investissements futurs.

Du côté tourisme, la province pourrait continuer à attirer davantage de visiteurs américains et étrangers qui cherchent à profiter de la faiblesse du dollar canadien.

Les intentions d'investissement des PME sont également en hausse, ce qui témoigne d'une plus grande confiance de leur part et d'une amélioration des perspectives pour la province. À mesure que l'incertitude s'estompe et que la baisse des taux d'intérêt produit pleinement ses effets, la consommation augmentera et stimulera la croissance. 

L'impact sur votre entreprise

  • L'incertitude rend difficile pour les entreprises de prévoir la demande et de mettre en œuvre leurs projets : developper sa résilience est donc essentielle dans ce contexte.  
  • Les droits de douane peuvent avoir un impact significatif sur votre entreprise selon votre secteur d'activité. Il existe des outils qui peuvent vous aider à surmonter cette situation : https://www.bdc.ca/en/special-support/tariffs.
  • Il est important d'évaluer votre situation financière et de vous positionner favorablement lorsque vous sollicitez un financement.