Qu’est-ce qui préoccupe les PDG des entreprises techno canadiennes?
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Mettre sur pied une entreprise technologique est un véritable tour de force. La concurrence est vive et la technologie évolue à une vitesse telle qu’il peut être difficile de suivre le rythme.
BDC cherchait à comprendre quels obstacles nuisaient à la création et à la croissance des entreprises technologiques. Elle a donc confié à KPMG la réalisation d’un sondage auprès des cheffes et chefs de direction de PME technologiques canadiennes.
Voici les principaux défis soulevés par les répondantes et répondants, ainsi que des stratégies qui leur faciliteront la tâche.
1. Comment puis-je me procurer le capital nécessaire pour financer ma croissance?
Bien souvent, les entreprises technologiques ne satisfont pas aux critères des modèles de risque de crédit utilisés par les institutions prêteuses traditionnelles. Cela est principalement dû au fait qu’elles possèdent peu d’actifs corporels – comme des stocks ou de l’équipement – à donner en garantie lorsqu’elles cherchent à emprunter.
Par conséquent, 61 % des propriétaires d’entreprises technologiques indiquent qu’il est difficile d’obtenir du financement au stade précommercial. Et bien qu’il soit plus facile de se procurer des fonds à mesure que l’entreprise croît, de plusieurs leaders d’entreprises technologiques à un stade de développement avancé ont quand même déclaré avoir du mal à mobiliser le capital nécessaire à leur croissance.
Conseil: Faites appel à des institutions prêteuses qui comprennent les modèles d’affaires des entreprises technologiques
Considérez l’ensemble des solutions de financement existantes. «Le capital de risque est souvent la première solution qui nous vient à l’esprit lorsqu’il est question de financement d’entreprises technologiques. Pourtant, il existe bien d’autres sources qui peuvent s’avérer tout aussi adéquates», souligne Jasmin Ganie-Hobbs, une spécialiste du financement de technologies à BDC.
Cela comprend l’appel public à l’épargne, le capital-investissement, les coentreprises, les fusions et acquisitions, le financement public et les subventions, et les prêts traditionnels.
«Le financement par emprunt est une solution grandement sous-utilisée. Or, il présente des avantages considérables, poursuit Jasmin Ganie-Hobbs. Il vous permet d’abord et avant tout de garder le contrôle de votre entreprise et de minimiser la dilution.»
Cette spécialiste, qui a aidé à financer des centaines d’entreprises technologiques, souligne que les propriétaires de ces entreprises doivent trouver des prêteuses et prêteurs qui connaissent bien ce secteur.
«Plusieurs entreprises auxquelles nous accordons du financement ne répondent pas aux critères traditionnels de crédit, ne détiennent aucune garantie matérielle et ont des flux de trésorerie négatifs au moment de la demande, poursuit Jasmin Ganie-Hobbs. Néanmoins, elles sont en pleine croissance, réalisent des bénéfices et détiennent une part de marché importante.»
Jasmin Ganie-Hobbs conseille aussi à ces propriétaires d’entreprise de préparer un plan d’affaires détaillé, un modèle concis de production des recettes, des prévisions de trésorerie et des projections budgétaires accompagnées d’hypothèses détaillées avant de rencontrer des banques.
2. Comment assurer une croissance constante de mes revenus et de ma clientèle?
Il y a un dicton courant dans le secteur technologique: «Il faut avoir de l’ambition ou se retirer de la compétition.» Cette réalité met beaucoup de pression sur les cheffes et chefs de direction d’entreprises technologiques qui doivent assurer la croissance constante de leur société, peu importe les circonstances.
«Le secteur technologique évolue si rapidement que se reposer sur ses lauriers n’est pas une option, ajoute Jasmin Ganie-Hobbs. Il faut constamment réfléchir aux améliorations, aux modifications et aux ajouts à effectuer afin d’élargir sa clientèle et de conquérir de nouveaux marchés.»
Conseil: Établissez des partenariats
Envisagez des stratégies telles que les acquisitions, les coentreprises, les accords de distribution et l’exploration des marchés mondiaux.
Les alliances stratégiques, par exemple, ont fait leurs preuves lorsqu’il s’agit de développer une clientèle et de pénétrer de nouveaux marchés rapidement. pourtant, parmi les répondantes et répondants, seulement une personne sur cinq a indiqué travailler actuellement à établir des partenariats d’affaires.
Il faut d’abord déterminer vos forces et vos faiblesses, puis chercher des partenaires qui compensent vos lacunes.
«Vous pouvez tirer parti des forces et de l’expertise de vos partenaires pour accélérer de beaucoup la croissance de votre entreprise», souligne Jasmin Ganie-Hobbs.
3. Comment puis-je gagner la course aux talents?
Il ne fait aucun doute que la réussite d’une entreprise repose sur un bon effectif.
Et même si nous savons tous qu’il peut être difficile de recruter du personnel technique, l’étude révèle qu’il est encore plus difficile de pourvoir les postes de direction des entreprises technologiques.
En effet, plus de la moitié des leaders d’entreprises technologiques qui ont répondu au sondage ont déclaré qu’en matière de recrutement, le plus dur est de trouver des membres clés de la direction. Un tiers des leaders (35 %) ont indiqué avoir du mal à recruter du personnel de marketing, et seulement 21 % ont mentionné vivre les mêmes difficultés avec le personnel des TI, de programmation et de développement.
Conseil: Développez une culture d’entreprise distincte et difficile à imiter
«Les recruteuses et recruteurs sollicient constamment les spécialistes en technologie de talent, indique Jasmin Ganie-Hobbs. Une bonne stratégie de fidélisation du personnel consiste donc à offrir le meilleur environnement de travail qui soit et à instaurer une culture d’entreprise exceptionnelle.»
L’attribution d’actions de l’entreprise au personnel clé est une pratique de plus en plus courante dans les entreprises technologiques. Cependant, il n’est pas nécessaire de vous ruiner pour que votre entreprise soit reconnue comme un bon employeur. Des solutions peu coûteuses peuvent être envisagées: horaire de travail flexible, possibilité de travailler à domicile et liberté de faire preuve d’innovation et de créativité. Vous pouvez également encourager votre personnel à participer à des programmes de formation supplémentaires et leur donner des occasions de s’épanouir professionnellement.
Puis, il y a les à-côtés, comme la nourriture et les boissons gratuites ou l’accès à des tables de billard ou de football miniature.
«Les meilleures entreprises technologiques ont développé une culture distincte impossible à reproduire, qui fait en sorte que le personnel ne veut pas les quitter et devient personnellement attaché à son environnement professionnel», explique Jasmin Ganie-Hobbs.
4. Comment rester à l’avant-garde dans un environnement en constante évolution?
Le secteur des technologies connaît un rythme de transformation unique. L’évolution du cadre réglementaire, l’obsolescence rapide des technologies et la concurrence accrue ne sont que quelques-uns des défis rencontrés par les entreprises technologiques.
En effet, près d’un quart des propriétaires d’entreprise de ce secteur affirment que les cycles de développement de produit seront un enjeu majeur au cours des deux prochaines années.
Conseil: Conservez plusieurs longueurs d’avance sur la concurrence
Jasmin Ganie-Hobbs souligne une constante parmi sa clientèle à forte croissance: la direction réfléchit constamment à l’avenir.
«Pendant que nous procédons à une ronde de financement et que nous répartissons les fonds, nous préparons déjà la prochaine phase de croissance, nous confie Jasmin Ganie-Hobbs. Le secteur évolue à un rythme tel qu’il est indispensable de disposer d’un plan stratégique continu pour aller de l’avant.»
Une bonne façon de garder le cap sur l’innovation consiste à créer un comité consultatif compétent formé de spécialistes du secteur. Ce groupe de conseillères et conseillers de confiance se réunira régulièrement pour vous aider à prendre les meilleures décisions d’affaires et à définir une vision à long terme pour votre entreprise.
«Pour réussir, il faut développer la bonne culture d’entreprise, s’entourer des bonnes personnes et ne pas avoir peur de l’échec, conclut Jasmin Ganie-Hobbs. Les efforts constants d’innovation ne sont plus facultatifs, ils sont essentiels!»