Chaînes d’approvisionnement – Les perturbations s’accentuent

Alors que l’inflation frappe les PME de plein fouet, l’invasion russe en Ukraine et les éclosions de COVID-19 augmentent la pression sur les chaînes d’approvisionnement
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Des problèmes d’approvisionnement affectent l’économie mondiale depuis le début de la pandémie de COVID-19.

Des phénomènes relevant à la fois de l’offre et de la demande expliquent ces perturbations.

  • Offre – Les restrictions sanitaires et les fermetures d’usines, particulièrement en Chine où les mesures sanitaires sont plus sévères, ont accentué la pénurie de main-d’œuvre et réduit considérablement la cadence de production.
  • Demande – Les importants stimuli budgétaires des gouvernements ont permis à plusieurs ménages de préserver ou même d’augmenter leur pouvoir d’achat, et ils ont accru considérablement leurs achats en ligne. La demande mondiale pour les biens de consommation est donc restée très forte, particulièrement dans un contexte où les mesures sanitaires limitaient les dépenses en services, tels que les voyages et les sorties au restaurant.

Les effets combinés d’une offre restreinte et d’une forte demande ont généré des pénuries de biens de consommation et d’intrants, comme les semiconducteurs.

Soumis à un stress important, le secteur du transport et de l’entreposage a subi les contrecoups d’une congestion dans les ports et de la pénurie de personnel, ce qui a contribué à allonger les délais de livraison.

Résultat: nous devons composer avec de fortes pressions inflationnistes.

Nous assistons actuellement au Canada à une hausse de prix annuelle qui dépasse 5 %, du jamais vu depuis le début des années 90.

L’invasion russe complique les choses

L’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022 a avant tout de graves conséquences humanitaires. Mais les sanctions commerciales en découlant ainsi que les perturbations des activités économiques russo-ukrainiennes accentuent aussi les pressions sur les chaînes d’approvisionnement.

C’est le cas notamment de l’approvisionnement en denrées agricoles comme le blé, le tournesol et le maïs, dont l’Ukraine est un des principaux producteurs. Ce l’est aussi pour les produits énergétiques comme le pétrole et le gaz, ainsi que les engrais, originaires de Russie.

Si le conflit persiste et de nouvelles éclosions de COVID-19 font leur apparition, les chaînes d’approvisionnement continueront d’être mises à mal et les poussées inflationnistes seront au rendez-vous.

De plus en plus d’entreprises canadiennes éprouvent des difficultés à s’approvisionner

C’est dans ce contexte que nous avons sondé les propriétaires d’entreprises du Canada au sujet des chaînes d’approvisionnement.

Un premier sondage mené en novembre 2021 a révélé que 75 % des PME éprouvaient déjà des difficultés d’approvisionnement. La situation s’est depuis dégradée; ce sont désormais 85 % des PME qui affirment connaître des difficultés d’approvisionnement1.

Autre signe que les difficultés d’approvisionnement sont bien ancrées au Canada, les entrepreneur.es que nous avons sondé.es ont signalé un léger accroissement des délais de livraison par rapport au dernier trimestre de 2021 (63 % des répondant.es par rapport à 60 % lors du sondage précédent).

Les distributeurs, les fabricants et les entreprises du secteur de la construction sont particulièrement vulnérables aux perturbations des chaînes d’approvisionnement. Dans une moindre mesure, les entreprises de services sont également affectées.

Les PME de taille moyenne ou grande sont également plus affectées étant donné qu’elles sont plus susceptibles d’avoir des fournisseurs ou une clientèle à l’étranger.

Graphique 1: Pourcentage d’entreprises aux prises avec des problèmes d’approvisionnement

Source: BDC, Sondage sur les chaînes d’approvisionnement, novembre 2021 (599 répondant.es) et mars 2022 (650 répondant.es).

Les PME signalent une hausse de leurs coûts

Un nombre croissant de PME doivent aussi payer davantage pour leurs intrants et pour le transport.

La flambée des cours du pétrole et la hausse des prix de certains métaux et denrées agricoles, exacerbées par l’invasion en Ukraine, expliquent en bonne partie cette hausse des coûts.

À titre d’exemple, le prix du baril de pétrole a dépassé la barre des 100 $US à la fin février; cette hausse se répercute sur les coûts de transport ainsi que sur les coûts de production d’une panoplie de produits et de services.

Le variant Omicron a aussi perturbé les chaînes d’approvisionnement en accentuant la pénurie de main-d’œuvre attribuable à l’absentéisme.

Les PME s’ajustent, mais sont inquiètes

Les difficultés d’approvisionnement ont des effets d’entraînement sur la performance des entreprises.

  • Deux dirigeant.es sur trois (66 %) ont dû augmenter les prix de leurs produits pour faire face à la hausse du coût de leurs intrants.
  • 39 % des entrepreneur.es ont réduit leurs marges bénéficiaires.
  • Près de 60 % des répondant.es ont également dû allonger leurs propres délais de livraison.

Pour les répondant.es, ces changements ont:

  • occasionné la perte de client.es;
  • provoqué une baisse de leurs ventes;
  • empêché leur entreprise de fonctionner au maximum de sa capacité ou de façon pleinement efficace; et
  • eu un effet néfaste sur la satisfaction de la clientèle.

Finalement, de la gestion des stocks au «juste-à-temps», plusieurs répondant.es sont passé.es au «juste-au-cas-où» en augmentant leurs stocks, soit dans une proportion de 37 %.

Nous remarquons aussi une baisse d’optimisme chez les entrepreneur.es du Canada.

En effet, 29 % des répondant.es pensent désormais que les problèmes d’approvisionnement vont se dégrader au cours des douze prochains mois, comparativement à seulement 13 % en novembre dernier. Une plus forte proportion, quoique légèrement en baisse (40 % par rapport à 42 % en novembre), espèrent toutefois que la situation s’améliorera.

Quel est l’effet de la guerre en Ukraine sur les chaînes d’approvisionnement?

L’invasion en Ukraine et les sanctions de plusieurs pays contre la Russie sont sans aucun doute les principaux facteurs contribuant à l’assombrissement des perspectives d’approvisionnement des PME.

Pour preuve, plus du tiers (36 %) des entrepreneur.es indiquent subir les effets néfastes de ces hostilités. Une proportion de 61 % ne ressent pas les effets du conflit, alors que 3 % ont pu en bénéficier.

Les augmentations des coûts, qui étaient déjà présentes avant la guerre, mais qui ont été exacerbées par celle-ci, notamment des prix de l’énergie, ont entraîné des répercussions sur un nombre encore plus grand d’entreprises au pays.

  • Plus de la moitié (54 %) affirment avoir dû ajuster le coût de leurs produits ou services à la hausse.
  • Presque la moitié (49 %) sont aux prises avec une augmentation du coût de leurs intrants.

Sans surprise, 84 % des PME qui s’approvisionnent en Ukraine et 64 % de celles qui le font en Russie subissent les effets de ce conflit dévastateur2. On remarque également que les entreprises de 50 employé.es ou plus, celles qui sont davantage présentes à l’international, ou celles qui évoluent dans le secteur de la fabrication sont particulièrement touchées par cette guerre.

Même si la majorité des répondant.es affirment ne pas être affectées par la guerre en Ukraine, les entreprises appréhendent l’avenir. Si le conflit persiste, les PME affirment que:

  • le coût de leurs produits ou services continuera de croître (69 %);
  • le coût de leurs intrants continuera de croître (66 %).

Plus les entreprises sont actives sur la scène internationale, plus les préoccupations sont importantes.

4 stratégies pour atténuer les perturbations des chaînes d’approvisionnement

Bien qu’il soit difficile d’éviter complètement les problèmes d’approvisionnement et l’inflation qui en découle, quelques options s’offrent aux entrepreneur.es pour en amoindrir les conséquences.

1. Augmenter la quantité d’articles que vous stockez

Plusieurs entreprises ont pris la décision d’augmenter leurs stocks d’articles les plus recherchés et les plus rentables afin de se prémunir contre une pénurie et de pouvoir répondre aux besoins de leur clientèle.

Pour ce faire, les entreprises doivent investir davantage en stocks et dans des espaces d’entreposage. Elles doivent gérer ces espaces de façon optimale en ayant recours à la robotisation et à la numérisation, notamment pour s’assurer de réduire leurs besoins en main-d’œuvre et de faire un suivi serré des stocks.

2. Diversifier vos fournisseurs

Une plus grande résilience passe aussi nécessairement par la diversification. Nous suggérons de faire une veille en continu pour repérer des fournisseurs potentiels, au Canada ou à l’étranger.

Si l'on choisit de rapatrier une plus grande partie de la production au pays, il faut être ultra-efficace en investissant dans l’automatisation des processus de production et de travail afin de pallier les coûts de main-d’œuvre généralement plus élevés. Dans le cas où l’importation ne peut être évitée, il faut s’assurer de maximiser l’espace utilisé dans les conteneurs afin de réduire les frais de transport.

3. Investir dans le numérique

N’hésitez pas à investir dans des outils numériques pour vous aider à garder le contrôle de votre chaîne d'approvisionnement et à planifier efficacement.

Certains logiciels de gestion de la chaîne d'approvisionnement sont accessibles aux PME afin de les aider à suivre les stocks, à gérer les expéditions et à se tenir au courant des articles qui circulent le plus rapidement.

4. Communiquer avec vos fournisseurs et votre clientèle

Faites preuve de transparence avec vos client.es en ce qui concerne les délais de livraison. Expliquez-leur que les commandes peuvent être retardées en raison de circonstances indépendantes de votre volonté.

Si vous rencontrez des difficultés avec certains produits, faites-le leur savoir avant que les commandes soient passées. Plusieurs client.es savent que des problèmes d’approvisionnement ont cours actuellement. Il s’agit de ne pas les surprendre et de gérer leurs attentes.

Gardez également un contact étroit avec vos fournisseurs afin de connaître leurs délais de livraison et de pouvoir informer votre clientèle dès qu’un retard s’annonce.

1 Les échantillons de nos deux sondages sont très similaires. Il convient de noter que les entreprises actives à l’international étaient plus susceptibles de répondre à nos sondages. Pour obtenir plus de détails, n’hésitez pas à nous contacter.

2 À noter: parmi les PME actives à l’étranger, 5 % avaient des fournisseurs ou des client.es en Russie et 4 %, en Ukraine.

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