Quel est l'impact des stocks sur la rentabilité de votre entreprise?
Lorsque vous avez lancé votre entreprise, vous avez probablement appris à gérer vos stocks au moyen d’un système maison. Cependant, avec la croissance de votre chiffre d’affaires, ce système peut ne plus être adapté et vous risquez de perdre le contrôle. Mieux vaut prévenir que guérir, puisque la gestion des stocks a un gros impact sur la rentabilité d’une entreprise.
«Il est important de comprendre comment gérer stratégiquement les stocks de l’entreprise en fonction des particularités de son domaine d’affaires et des enjeux actuels, parce qu’avoir trop de stocks, ou n’en avoir pas assez, affecte directement la rentabilité de l’entreprise», affirme Karina Amram, directrice, Restructuration d’entreprise, BDC.
Normalement, la taille des stocks d’une entreprise varie en fonction de son chiffre d’affaires. «On peut s’attendre à ce que si le chiffre d’affaires augmente, les stocks augmentent aussi proportionnellement, mais si le chiffre d’affaires diminue, les stocks devraient aussi normalement s’ajuster à la baisse», explique Dany Couillard, directeur, Restructuration d’entreprise, BDC.
Que sont les stocks?
Par stocks, on désigne tout article ou toute unité de ressource qui sont :
- utilisés dans le processus de transformation (matières premières);
- créés dans une étape intermédiaire (travaux en cours);
- le résultat du processus de transformation (produits finis);
- des biens que vous pouvez acheter et distribuer (produits finis).
Quel est le coût d’un surplus de stocks?
Les surplus de stocks engendrent plusieurs coûts, qui sont souvent cachés, relativement à:
- l’espace supplémentaire occupé par ces stocks;
- l’électricité, le chauffage et les taxes liés à cet espace;
- le personnel nécessaire pour les manipuler;
- les assurances nécessaires sur ces stocks et l’espace supplémentaire;
- les intérêts sur la portion de la marge de crédit qui finance ces stocks.
L’entreprise s’expose aussi au risque que les stocks deviennent désuets ou périmés.
«C’est méconnu, mais chaque dollar de stocks qu’une entreprise maintient au-delà de son niveau idéal génère des coûts additionnels de 20 à 30 %, indique Dany Couillard. Par exemple, une entreprise qui maintient un million de dollars de stocks en trop dépenserait entre 200 000 et 300 000 dollars chaque année pour supporter ce surplus.»
Pourquoi un surplus de stocks affecte-t-il vos activités?
Les banques limitent souvent à un montant maximum le financement accordé sur les stocks dans leurs marges de crédit. «L’excédent du niveau des stocks par rapport à la portion financée doit être supporté par le fonds de roulement de l’entreprise et réduit directement les liquidités dont vous disposez pour exercer vos activités», précise Karina Amram.
Il y a aussi un coût d’opportunité à garder trop de stocks. «Si vous avez toujours votre million de stocks de trop, c’est de l’argent que vous n’aurez pas pour saisir des occasions d’affaires qui se présentent à vous», ajoute Dany Couillard.
«Il faut trouver un équilibre entre un volume de stocks trop bas et un trop élevé, en fonction de son secteur d’activité et des enjeux du moment, indique Karina Amram. Il est judicieux d’aller chercher l’expertise nécessaire, par exemple en faisant appel à BDC Services-conseils, pour mettre en place les bons processus de gestion des stocks et des achats.»
Comment s’assurer que les stocks sont bien évalués?
Il y a quelques écueils à éviter afin de bien évaluer ses stocks.
D’abord, on s’assure que les stocks sont comptabilisés à la bonne valeur. Par exemple, les stocks dormants, désuets, défectueux ou endommagés doivent être radiés. «On pense par exemple au domaine de la mode, où les collections deviennent vite désuètes», mentionne Dany Couillard.
On doit aussi porter attention à l’évaluation des travaux en cours. «Par exemple, des produits peuvent prendre des mois avant d’être terminés, et il arrive souvent qu’une entreprise fasse une estimation de la valeur de ces travaux en cours, explique Karina Amram. Or, il arrive que cette valeur ne soit finalement pas bien déterminée et qu’il faille en faire passer une portion aux dépenses dans l’état des résultats, ce qui se traduit en diminution de la rentabilité.»
«Comme les stocks sont un actif, la rentabilité peut être artificiellement gonflée en cas de surévaluation, ajoute Dany Couillard. Il est donc toujours important de bien analyser ce qui est inclus dans les stocks et de s’assurer de communiquer les bonnes valeurs à la banque à charte. Cette dernière se base sur cette information pour financer l’entreprise.»
La plupart des entreprises utilisent maintenant un système d’unités de gestion des stocks ou UGS. Il s’agit de codes d’identification uniques que vous attribuez à chaque article en vente. Les UGS vous permettent de savoir ce qui est en stock et ce qui ne l’est pas, mais surtout, ce qui se vend.
Opter pour un système de gestion des stocks
Si, pour l’inventaire, vous avez l’habitude de fonctionner avec un chiffrier Excel et des décomptes manuels périodiques de vos stocks, il y aurait plusieurs avantages pour vous à passer à un système permanent de gestion des stocks. «Un tel système permet de toujours tenir l’inventaire à jour, en s’ajustant chaque fois que des ventes sont faites ou que des commandes arrivent. On évite alors des ruptures ou des surplus de stocks coûteux», dit Karina Amram.
Un tel outil permet non seulement de réaliser des économies de temps, mais aussi de toujours savoir ce qu’on a en stock, donc de planifier et d’ajuster ses achats en fonction de ses ventes et de ses stocks réels.
Éviter de dépendre d’une fournisseuse ou un fournisseur
Les risques liés à la dépendance envers une fournisseuse ou un fournisseur ont toujours existé, mais ils sont devenus très visibles avec la pandémie de COVID-19.
«Plusieurs entreprises qui s’approvisionnent en Chine, par exemple, ont vu leurs stocks rester pris très longtemps au port, ce qui a causé de grands retards dans les livraisons, illustre Dany Couillard. Cela a pu mener à des pertes de commandes et même à des pénalités pour rupture de contrat. Avoir plus d’une fournisseuse ou un fournisseur dans des régions différentes réduit ce risque.»
«Dépendre d’une seule entreprise fournisseuse n’est jamais idéal, COVID-19 ou pas, parce que celle-ci peut elle-même avoir des enjeux de livraison et des ruptures, augmenter soudainement ses prix ou modifier ses modalités de livraison unilatéralement. L’entreprise qui dépend de cette fournisseuse ou ce fournisseur peut donc se retrouver mal prise. Il est important de diversifier ses sources d’approvisionnement autant que possible», conseille Karina Amram.