Comment réduire l’impact environnemental de votre équipement
Si le système de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC) compte généralement pour la majeure partie de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre d’un bâtiment, de nombreux autres types d’équipement consomment également de l’énergie et produisent des émissions.
Selon votre secteur d’activité, vous pourriez faire fonctionner des fours, des réfrigérateurs, des chariots élévateurs, des torches de soudage ou d’autres équipements spécialisés. Dans chaque immeuble, il y a l’éclairage, des ordinateurs et des appareils qui consomment de l’énergie. L’amélioration du rendement de l’équipement peut prolonger sa durée de vie, réduire vos émissions de gaz à effet de serre et diminuer vos coûts d’exploitation.
Commencez par un audit énergétique
Vous devez comprendre votre consommation d’énergie avant d’envisager de la réduire. C’est pourquoi vous devriez mener un audit énergétique pour découvrir quels systèmes et équipements consomment le plus d’énergie et repérer les meilleures possibilités de réduction.
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Comment vous préparer à un audit énergétique
En prenant les mesures suivantes préalablement à votre audit énergétique, vous éviterez les pertes de temps et les coûts supplémentaires.
- Rassembler la documentation – Il peut s’agir de plans de conception technique, de manuels d’utilisation ou de toute autre documentation relative à votre bâtiment, à votre équipement et à vos processus. Vous devriez également rassembler les factures de toutes les sources d’énergie que vous utilisez sur au moins deux ans. «En fait, plus vous pouvez fournir de données, mieux c’est», explique Kris Chapman.
- Dresser une liste des équipements – Un inventaire complet de tous les équipements, de leur emplacement et des moyens d’y accéder permettra à la vérificatrice ou au vérificateur de procéder plus facilement à une évaluation approfondie.
- Recueillir les commentaires des conductrices et conducteurs d’équipement – Pour aider la personne qui effectue l’évaluation, recueillez les commentaires du personnel sur les problèmes d’équipement, y compris les machines qui sont difficiles à entretenir, qui ont besoin d’être réparées ou qui présentent d’autres problèmes.
- Avoir une experte ou un expert de votre entreprise sur place – Une ou un membre de votre équipe opérationnelle doit être disponible pour accompagner la vérificatrice ou le vérificateur afin de lui présenter les caractéristiques, les particularités et le fonctionnement quotidien des équipements.
- Fixer des objectifs – Réfléchissez à ce que vous souhaitez accomplir après l’audit. Cherchez-vous à réduire d’un pourcentage donné votre consommation d’énergie et vos émissions? Quel est votre budget et quel délai de retour sur investissement recherchez-vous? Quels que soient vos objectifs, informez-en votre vérificatrice ou vérificateur afin d’obtenir de sa part des recommandations qui en tiennent compte.
Il existe différents types d’audits énergétiques, mais bon nombre de consultantes et de consultants utilisent le guide d’audit énergétique de l’ASHRAE (American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers), qui propose trois niveaux, allant d’une simple évaluation de vos équipements à une analyse approfondie de l’ensemble des systèmes de votre bâtiment. Vous pouvez également choisir un audit portant uniquement sur les équipements spécialisés.
À la fin du processus, vous recevrez un rapport qui contient des recommandations d’amélioration, par exemple des modifications de processus ou d’opérations, des ajustements de réglages ou le remplacement d’équipements. De plus, les rapports d’audit mentionnent souvent les programmes incitatifs destinés à couvrir en tout ou partie le coût en capital des améliorations suggérées.
«Vous ne voulez pas consacrer tout votre budget d’efficacité énergétique à de l’équipement qui ne représente que 1 % de votre consommation d’énergie fonctionnelle», explique Kris Chapman, analyste consultant chez Dunsky Énergie + Climat.
Optimisez votre équipement existant
À l’issue de l’audit, vous pouvez commencer à appliquer les recommandations, et, dans la plupart des cas, commencer par les mesures moins coûteuses qui n’impliquent pas le remplacement de l’équipement.
«À moins que l’équipement n’arrive à la fin de sa durée de vie, la première chose à faire, c’est habituellement de s’efforcer d’en obtenir un rendement optimal», affirme Pascal Véronneau, ingénieur en efficacité énergétique chez Énergénia, à Montréal.
Si quelque chose est endommagé ou ne fonctionne pas correctement, effectuez les réparations nécessaires. Ensuite, assurez-vous que l’équipement est adéquatement calibré, qu’il s’agisse par exemple du mélange combustible-oxygène pour les systèmes à combustion ou des seuils de sensibilité pour les détecteurs de mouvement, les détecteurs de présence et d’autres capteurs.
Ensuite, vérifiez vos réglages. Au-delà de ce qui est évident, comme le fait de s’assurer que vos réglages de température ne vous amènent pas à chauffer et à refroidir le même espace en même temps, cherchez d’autres moyens d’économiser de l’énergie.
Par exemple, si vous devez faire fonctionner votre système CVC en permanence parce qu’une ou un occupant travaille 24 heures sur 24, pensez à régler le système pour qu’il ferme les conduits dans les espaces inoccupés.
Mettez l’équipement hors tension
Les utilisatrices et utilisateurs jouent un rôle important dans la réduction de la consommation d’énergie. Pensez à mettre en place une politique ou des lignes directrices exigeant que les membres du personnel éteignent les équipements et les lumières quand ils ne sont pas utilisés.
Pascal Véronneau suggère également d’examiner l’interaction entre les différents équipements.
«Si vous utilisez la machine X avec la machine Y, expliquez à vos équipes de ne pas allumer Y tant que X n’est pas complètement réchauffée, explique-t-il. De cette manière, il n’y a pas de machines qui gaspillent de l’énergie en attendant que d’autres démarrent.»
Vous pouvez également automatiser un grand nombre de ces mesures. Utilisez des détecteurs de mouvement pour contrôler l’éclairage, programmez les machines pour qu’elles s’allument dans un certain ordre en appuyant sur un seul interrupteur, ou encore reliez la ventilation à des détecteurs de présence ou à des capteurs de CO2 pour que le flux d’air soit ajusté en fonction des besoins réels.
Tirez parti de la chaleur perdue
Pascal Véronneau et Kris Chapman recommandent tous deux d’ajouter des systèmes de récupération de chaleur perdue dans la mesure du possible.
«Vous voulez tirer le maximum de valeur de l’énergie que vous utilisez, dit Kris Chapman. Malgré leur coût de départ, les systèmes de récupération de chaleur s’avèrent généralement très rentables et génèrent un rendement du capital investi en quelques années.»
Vous pouvez utiliser l’air d’évacuation de votre bâtiment pour chauffer l’air frais qui y pénètre. Il est également souvent possible de récupérer la chaleur des processus industriels.
«La chaleur réutilisée s’apparente à de l’énergie gratuite, car elle n’ajoute rien à vos coûts ou à vos émissions», explique Pascal Véronneau. Il donne l’exemple des épiceries, où on utilise souvent la chaleur résiduelle des réfrigérateurs pour chauffer l’air ambiant. «Chaque fois que l’on peut intercepter de l’énergie pour l’utiliser à d’autres fins, on réalise des économies.»
Envisagez de changer de combustible
Une fois que vous avez rendu votre équipement existant aussi efficace que possible, déterminez s’il est judicieux de le remplacer par des unités plus rentables et produisant moins d’émissions de carbone. Bien que cela signifie souvent passer d'un équipement alimenté par des combustibles fossiles à un équipement électrique, l’impact réel sur le carbone dépendra vraiment de la source d’énergie utilisée pour produire de l’électricité dans votre région.
Par exemple, dans une province comme le Québec, qui produit presque toute son électricité à partir d’énergies renouvelables, chaque kilowattheure (kWh) d’énergie ne génère que deux grammes d’émissions en équivalent CO2. Le passage à des équipements électriques peut donc réduire considérablement les émissions.
Par contre, si votre entreprise se trouve dans une province dont le réseau repose principalement sur la combustion de charbon ou d’autres combustibles fossiles, l’électricité ne représentera pas forcément l’option la moins émettrice de carbone. Le réseau de l’Alberta, par exemple, génère 640 grammes d’émissions pour chaque kWh d’énergie.
«Dans ce cas, conserver l’équipement au gaz naturel existant pourrait constituer une option plus propre que de passer au tout électrique», explique Pascal Véronneau. Il mentionne également que, comme les réseaux électriques deviennent de plus en plus propres et que certains types d’équipements électriques peuvent être nettement plus efficaces que d’autres, il est judicieux de revoir périodiquement la question et d’examiner attentivement toutes les variables.
Kris Chapman fait remarquer que les programmes incitatifs peuvent souvent couvrir une part substantielle du coût d’achat d’un nouvel équipement à haut rendement énergétique. «De plus, dit-il, les équipements électriques étant généralement moins chers à entretenir, l’analyse de rentabilité s’avère souvent concluante.»
Si un remplacement complet n’est pas envisageable, vous pouvez quand même réduire votre consommation d’énergie en ajoutant de l’équipement. Par exemple, si vous intégrez une thermopompe à un appareil de chauffage au gaz, le système peut utiliser la pompe par temps doux et ne passer à l’appareil de chauffage que lorsqu’il fait très froid.
Mesurez régulièrement le rendement de votre équipement
Un audit complet réalisé tous les deux ans vous permettra de rester sur la bonne voie et d’obtenir une mise à jour au sujet des options énergétiques les plus efficaces.
Toutefois, les deux experts interrogés affirment que vous ne devriez pas vous en remettre uniquement aux audits pour obtenir des informations sur le rendement de votre équipement. Au contraire, examinez-le régulièrement afin de pouvoir résoudre les problèmes dès qu’ils surviennent.
«La façon la plus simple consiste à étudier vos factures d’énergie mensuelles, dit Pascal Véronneau, car elles permettent une comparaison directe d’un mois sur l’autre et d’une année sur l’autre.»
Pour en savoir plus, envisagez d’installer des sous-compteurs, à savoir des compteurs d’énergie plus petits qui permettent de suivre la consommation d’énergie (électricité, gaz naturel, carburant, etc.) d’une zone précise de votre bâtiment ou d’une pièce d’équipement en particulier.
Intégrées dans un tableau de bord, ces données vous permettent de contrôler votre consommation d’énergie en temps réel. Certains systèmes proposent également des analyses qui montrent l’énergie et les émissions associées à chaque unité de production ainsi que l’incidence des conditions météorologiques sur votre rendement énergétique.
Ces données peuvent être utilisées pour établir des indicateurs de rendement clés qui vous aideront à prendre des décisions et seront liés à la gestion de la performance pour que les économies d’énergie et les réductions des émissions restent une priorité dans votre entreprise. Vous pouvez aller encore plus loin en mettant en œuvre la norme ISO 50001: Gestion de l’énergie, qui permet d’intégrer des pratiques exemplaires dans une entreprise grâce à un cadre et des conseils pratiques pour élaborer des politiques de gestion de l’énergie, fixer des objectifs, mesurer les résultats et s’améliorer de façon continue.
Entretenez votre équipement
Quel que soit le type d’équipement dont vous disposez, il doit faire l’objet d’un entretien régulier pour fonctionner de manière optimale.
«L’entretien doit aller au-delà de la question “Est-ce que ça marche?”», mentionne Pascal Véronneau.
La formation des équipes d’entretien à l’efficacité énergétique permet de s’assurer qu’elles comprennent les mesures que vous avez mises en place et qu’elles accordent la priorité aux économies d’énergie lors de leurs contrôles réguliers.
Les autres membres du personnel qui utilisent les équipements peuvent également apporter leur contribution. Offrez une formation afin que le personnel connaisse le fonctionnement des équipements et puisse détecter les problèmes immédiatement.
«Voyez cela comme une question de santé et de sécurité, conseille Pascal Véronneau. Les politiques et l’engagement de la direction sont importants, mais toute personne qui remarque quelque chose d’insolite doit avoir la possibilité de le signaler.»