Amener l’éthique de travail de l’armée dans l’entrepreneuriat
Évasion Piscines et Spas, le nouveau magasin de Martin Contant, fêtait à peine ses deux semaines d’ouverture lorsque la pandémie força sa fermeture et celle de presque tous les commerces du pays en mars 2020.
«J’étais sans salaire depuis novembre, moment où j’avais quitté mon emploi comme directeur dans un autre commerce de piscines pour lancer mon entreprise et j’avais besoin de commencer à faire des ventes», se souvient Martin Contant, co-propriétaire d’Évasion Piscines et Spas à Gatineau, Québec.
Heureusement, Martin Contant était bien équipé pour relever ce défi. «Mon expérience dans l’armée m’a appris à faire face à l’adversité, à relativiser les choses, à gérer le stress et à trouver des solutions.»
Joindre les forces armées à 18 ans
Enfant, Martin Contant rêvait de servir parmi les Casques bleus, la force de maintien de la paix des Nations unies. À 18 ans, il a joint les Forces armées canadiennes et il a pu réaliser son rêve en servant au sein de la Force internationale au Timor-Oriental en 1999-2000. Devenu plongeur de combat pour le 5e Régiment du génie de combat, c’est un accident de plongée qui a mis fin à sa carrière dans l’armée à 24 ans.
«C’était un rêve qui se brisait, témoigne l’entrepreneur. Je me voyais passer ma vie dans les Forces armées parce que je performais extrêmement bien dans cet environnement.»
Par pur hasard, il rebondit dans un commerce de piscines et spas. Une fois sur place, l’éthique de travail qu’il avait appris avec l’armée lui permet de se démarquer. «J’y ai appris à développer une méthodologie de travail et à obtenir des résultats le plus efficacement possible. Transférer ces compétences dans le domaine des piscines et des spas m’a permis de gravir les échelons très rapidement.»
Structurer l’entreprise
Après 20 ans comme membre du personnel, le vétéran était prêt à lancer sa propre entreprise avec son collègue de travail de longue date, Patrick Vézina. «Nous sommes complémentaires», affirme Martin Contant.
Ensemble, Martin et Patrick réalisent leur plan d’affaires et choisissent de s’installer sur le Plateau Hull-Aylmer, à Gatineau, un secteur où il n’y avait pas de magasin de piscines.
Les deux partenaires sont aussi allés chercher un installateur avec qui ils travaillaient déjà en sous-traitance, Jocelyn Beaumier, comme troisième copropriétaire de l’entreprise. «Jocelyn possédait déjà l’expertise d’installation et la machinerie nécessaire à la réalisation de notre projet d’affaires, précise Martin Contant. C’était très important pour nous lorsque nous avons pensé à la structure de l’entreprise d’être le moins dépendant possible à une main-d’œuvre en sous-traitance.»
«L’avoir dans l’équipe nous enlève une vulnérabilité et les clients aiment beaucoup qu’un des copropriétaires travaille dans leur cour.»
Pour bénéficier de bons conseils, les partenaires ont aussi voulu s’entourer d’un cercle de spécialistes, du secteur juridique à celui de la comptabilité, en passant par le secteur bancaire. Suivant leurs conseils, ils ont présenté leur projet à BDC qui leur a accordé du financement. «Tout le monde croyait à notre projet», raconte le vétéran.
Contrôler la croissance
Si le démarrage de l’entreprise a été freiné par une fermeture abrupte au début de la pandémie de COVID-19, les partenaires d’affaires n’ont jamais arrêté d’être proactifs. «Nous avons pris une soirée de pause quand tout a fermé et le lendemain, nous étions en mode solution», raconte Martin Contant.
Ils ont finalement transformé leur camion en laboratoire roulant afin d’offrir le service d’analyse d’eau à domicile et vendre les produits nécessaires pour l’entretien des spas. «Ce n’était pas vraiment payant considérant l’essence et le temps pour se rendre chez chaque client, mais on se disait qu’au moins, notre véhicule lettré était vu sur les rues», explique l’entrepreneur.
Lorsque le magasin a rouvert un mois plus tard, c’était la folie furieuse! Tout le monde réalisait que les vacances se passeraient à la maison et la demande pour les piscines explosait. L’entreprise naissante avait toutefois plusieurs défis à relever, à commencer par former sa main-d’œuvre. «Les jeunes apprenaient en nous regardant servir les clients», explique Martin Contant.
Poussés par l’adrénaline, les partenaires enfilaient des journées d’environ 15 heures de travail les premiers mois après la réouverture. «Notre défi était de freiner la croissance, parce que si nous vendions un produit, il fallait pouvoir respecter nos engagements, explique l’entrepreneur. Il ne fallait pas dépasser notre capacité d’installation ni d’entreposage.»
Ainsi, l’éthique de travail importée des Forces armées canadiennes a porté fruit: l’entreprise a atteint ses projections de la cinquième année en moins d’un an et demi.
Fort de son succès, Martin Contant est maintenant à la recherche de projets d’expansion qui lui permettront de continuer d’améliorer son service à la clientèle.
«Lorsqu’on sort de l’armée, la transition est difficile, souligne Martin Contant. Mais les compétences qu’on y acquiert ont une grande valeur et on peut s’en servir pour se bâtir une nouvelle carrière intéressante. Rien n’est impossible.»