Les grandes entreprises canadiennes investissent-elles suffisamment en capital de risque?
On constate une nouvelle tendance dans l’innovation des grandes entreprises. Avant la pandémie de COVID-19, les grandes entreprises partout dans le monde avaient de plus en plus recours à l’investissement en capital de risque pour intensifier leurs efforts de recherche et développement.
Une grande entreprise peut prendre une participation minoritaire dans une jeune entreprise, généralement pour des raisons stratégiques. Elle peut également faire un placement indirect à titre de commanditaire dans une société indépendante de capital de risque. Certaines grandes entreprises vont jusqu’à créer leur propre fonds de capital de risque ou leur propre incubateur d’entreprises.
Cette approche en matière d’innovation a radicalement accéléré le rythme et la réussite en matière de recherche, de développement et de commercialisation d’entreprises partout sur la planète.
Les investissements en capital de risque des grandes entreprises en croissance au Canada
Aux États-Unis, l’investissement en capital de risque a la cote auprès des grandes entreprises. En effet, elles ont participé à 26 % des transactions en capital de risque effectuées en 2018, selon nos analyses.
Avant la crise de la COVID, le pourcentage de transactions en capital de risque effectuées par des grandes entreprises au Canada avait aussi commencé à augmenter, mais pas assez rapidement pour rattraper les États-Unis. Nos données montrent que les grandes entreprises canadiennes ont participé à 14 % des transactions en capital de risque conclues au Canada en 2018.
À l’échelle mondiale, le Canada n’investit pas autant qu’il le pourrait. Les transactions de capital de risque des entreprises basées au Canada représentent 1 % de la valeur mondiale des investissements en capital de risque réalisés par des grandes entreprises entre 2011 et 2017, alors que le PIB du Canada représente 2 % du PIB mondial, selon Global Corporate Venturing.
Qui a favorisé la croissance des investissements en capital de risque des grandes entreprises au Canada?
Les investissements en capital de risque des grandes entreprises au Canada étaient en augmentation avant la pandémie, mais cette croissance semble en grande partie attribuable aux investissements de sociétés étrangères dans l’écosystème canadien du capital de risque. Selon nos calculs, environ le quart seulement des investissements stratégiques en capital de risque sont effectués par des grandes entreprises canadiennes.
Lorsque l’on examine la répartition par secteur des investissements en capital de risque des grandes entreprises au Canada, on constate que les banques comptaient pour 55 % des investissements, tandis que les sociétés industrielles, manufacturières et énergétiques n’en représentaient qu’environ 5 %.
L’absence de participation de ces sociétés dans l’écosystème canadien du capital de risque menace leur productivité et leur compétitivité futures. Elle prive aussi la communauté des entreprises en démarrage du Canada d’un lien formel avec les secteurs traditionnels où le Canada a un avantage concurrentiel.
Qu’est-ce qui freine les grandes entreprises canadiennes?
Selon nous, trois principaux problèmes empêchent les grandes entreprises des secteurs «traditionnels» d’investir dans l’écosystème canadien du capital de risque.
1. Mauvaise adéquation entre les produits et le marché
Très peu d’entreprises canadiennes en démarrage règlent des problèmes touchant les sociétés des secteurs des mines, de l’énergie, de l’agriculture et de la fabrication traditionnelle.
2. Manque d’expérience
Les sociétés du secteur canadien de l’industrie n’ont pas l’expérience de leurs homologues américaines en ce qui a trait à l’interaction avec des entreprises en démarrage. De telles interactions ne font pas partie de leur culture d’entreprise et elles n’ont pas encore développé la force organisationnelle nécessaire pour créer ce type de partenariat.
3. Modèles d’affaires non conventionnels pour le capital de risque
Les sociétés industrielles canadiennes œuvrant dans les secteurs «traditionnels» ont besoin d’importants investissements de capitaux et ont des cycles économiques plus longs. Par conséquent, il est difficile pour les entreprises en démarrage de pénétrer ces secteurs et d’élaborer des solutions à grande échelle pouvant être adoptées par des clientes et clients d’importance.
Débloquer le potentiel d’innovation du Canada
En tant qu’investisseur en capital de risque le plus actif au Canada, BDC croit que les grandes sociétés canadiennes ont tout à gagner à collaborer avec l’écosystème du capital de risque. Une plus grande convergence entre les entreprises en démarrage et les secteurs traditionnels, en particulier, pourrait avoir un effet énorme sur le développement économique du Canada.
C’est pourquoi nous avons créé le Fonds Innovation industrielle, doté d’une enveloppe de 250 millions de dollars, pour investir dans des propriétaires d’entreprise de talent qui mettent au point de nouvelles technologies favorisant l’augmentation de la productivité dans ces secteurs. Lorsque l’occasion se présentera, le Fonds conclura des ententes de partenariat avec des grandes entreprises canadiennes.
Nous travaillons également avec des sociétés canadiennes pour les aider à acquérir des compétences et de l’expérience en matière d’investissements en capital de risque. Par exemple, nous avons invité des membres de la direction de grandes entreprises du monde entier ayant investi en capital de risque à assister au Sommet canadien sur l’innovation pour les sociétés canadiennes en 2017.
Avant la pandémie, les investissements en capital de risque au Canada étaient en expansion et occupaient une part de plus en plus importante dans l’écosystème. Les investissements des grandes entreprises ont tendance à être cycliques; nous ne pouvons pas être certains des effets de la crise, mais il y a un risque que celles-ci freinent leurs investissements.
À BDC Capital, nous continuerons de surveiller la situation et nous réagirons si nous le jugeons nécessaire. N’hésitez pas à laisser un commentaire sous ce blogue ou à nous contacter directement si vous voulez en apprendre davantage.