Combien puis-je emprunter pour mon entreprise?

Emprunter pour investir dans votre entreprise permet souvent une croissance exponentielle, mais combien demander?
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Voici la réponse, en bref: Vous devez demander un montant que vous pourrez vous permettre de rembourser, avec les intérêts, sans stress financier indu. Le calcul est assez simple, mais il pourrait être utile de le décortiquer sur le plan théorique. 

Pour calculer votre capacité d’emprunt de façon très simple, ajoutez le bénéfice net annuel (bénéfice) de votre entreprise à sa dotation aux amortissements et assurez-vous que le total suffise à couvrir les paiements du prêt.

Il s’agit toutefois d’une méthode rudimentaire, explique Nigel Robertson, conseiller principal, Fidélisation de la clientèle à BDC. En réalité, la plupart des banques calculent ce qu’on appelle votre ratio de couverture des charges fixes (RCCF), une mesure de solvabilité qui tient compte d’un plus grand nombre de variables pour dresser un portrait plus nuancé. 

Si vous apprenez à calculer vous-même votre RCCF, non seulement vous serez mieux préparé pour votre rendez-vous à la banque, mais vous aurez également une idée beaucoup plus précise de ce que votre entreprise pourrait emprunter sans encombre.

Une feuille de calcul comportant une formule peut vous aider à évaluer le montant d’un prêt. Si le ratio est trop bas, vous pouvez essayer d’autres montants.

Faire vos calculs

Comme la méthode simplifiée, le calcul du RCCF tient compte des bénéfices de votre entreprise, mais plutôt que le bénéfice net, les banques utilisent le BAIIA, explique M. Robertson.

Comprendre le BAIIA

BAIIA signifie «bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements». Le BAIIA peut donner un portrait détaillé de la rentabilité et du rendement opérationnel d’une entreprise, et constitue une mesure courante pour comparer les entreprises d’un même secteur ou évaluer leur capacité à tirer des liquidités de leurs activités.

BAIIA = bénéfice net + intérêts + impôts + amortissements

Dans ce contexte:

  • Le bénéfice net est votre bénéfice après déduction de toutes vos dépenses.
  • Les intérêts sont le coût de la dette de l’entreprise. En le rajoutant au calcul, on obtient une meilleure idée de la rentabilité opérationnelle de l’entreprise, car les frais d’intérêts peuvent varier considérablement en fonction de sa structure de financement.
  • L’amortissement étale le coût d’un élément sur sa durée de vie utile. Par exemple, lorsqu’on achète une pièce d’équipement pour 500 000 $, on ne déclare pas la totalité de cette somme la première année, car cela ferait en sorte que l’année ne semble pas rentable. On l’amortit sur cinq ans, car elle procure de la valeur pendant toute cette période. 

Selon M. Robertson, le BAIIA «nous aide à comprendre les flux de trésorerie de votre entreprise». C’est pourquoi il est préférable de l’utiliser dans le calcul des prêts, plutôt que de se contenter du bénéfice net.

«Si l’on ne tenait compte que du bénéfice net ou des revenus, on sous-estimerait ce que l’entreprise peut se permettre d’emprunter, car en fait, les montants correspondant à l’amortissement sont toujours dans l’entreprise.»

La plupart des banques voudront que le ratio de couverture des charges fixes soit d’au moins 1,25.

Comment calculer le RCCF

Pour calculer le RCCF, de nombreuses banques utilisent une variante de la formule suivante:

(BAIIA – dépenses en immobilisations non financées – impôts) / (intérêts débiteurs en espèces + remboursement obligatoire de la dette ) = RCCF

Dans l’équation ci-dessus:

  • Les dépenses en immobilisations non financées sont les fonds utilisés par les entreprises pour acquérir, mettre à niveau et entretenir des actifs physiques, comme des bâtiments ou de l’équipement.
  • Les impôts sont la somme totale des impôts payés par l’entreprise.
  • Les intérêts débiteurs en espèces sont les dépenses en espèces de l’entreprise pour payer les intérêts de sa dette.
  • Le remboursement obligatoire de la dette indique le montant des paiements en capital que l’entreprise doit verser pour rembourser sa dette.

Certaines banques définissent parfois le RCCF de façon légèrement différente. On peut donc voir des nuances dans le calcul selon les institutions ou les personnes auxquelles on s’adresse. Par exemple, certaines banques pourraient modifier votre BAIIA en ajoutant ou en soustrayant des postes extraordinaires ou des gains ou pertes sur la vente d’actifs, ou en déduisant le loyer. Bon nombre d’entreprises, comme BDC, déduiront également les dividendes de votre BAIIA (le cas échéant).

Quoi qu’il en soit, la plupart des banques voudront que le RCCF soit d’au moins 1,25, explique M. Robertson.

Exemple de calcul du RCCF

Supposons que vous voulez emprunter 100 000 $ et le rembourser en cinq ans, et que le taux d’intérêt est de 8 %.

Si votre BAIIA est de 55 000 $, mais que vous avez 10 000 $ de dépenses en immobilisations non financées et 2 000 $ de factures d’impôts, votre numérateur est de 43 000 $ dans l’équation ci-dessus. 

En ce qui concerne le dénominateur, avec 8 % d’intérêts annuels sur 100 000 $, il est de 8 000 $. Cela signifie qu’au cours de la première année de la durée du prêt, vous devrez rembourser 20 000 $ de capital (100 000 $ sur 5 ans) et 8 000 $ d’intérêts, pour un total de 28 000 $. (Vous paierez un peu moins d’intérêts par année ensuite, à mesure que vous rembourserez le capital.)

En divisant 43 000 $ par 28 000 $, on obtient un RCCF de 1,54.

Voici le calcul:

(55 000 $ - 10 000 $ - 2 000 $) / (20 000 $ + 8 000 $.) = 1,54

Comme le RCCF est supérieur à 1,25, ce qui est un bon résultat, une banque conclurait probablement que vous pouvez vous permettre d’emprunter les 100 000 $ que vous demandez.

Par contre, si votre BAIIA était de 45 000 $, mais que tous les autres chiffres étaient identiques, votre RCCF s’établirait à 1,17, ce qui est légèrement inférieur au résultat idéal.

Si vous voulez essayer de refaire le calcul avec d’autres chiffres, que ce soit pour vous préparer à un rendez-vous bancaire ou planifier un futur prêt, vous pouvez créer une feuille de calcul avec une formule conçue pour calculer le RCCF, suggère M. Robertson.

«Une feuille de calcul comportant une formule peut vous aider à évaluer le montant d’un prêt. Si le ratio est trop faible, vous pouvez essayer avec d’autres montants.»

Votre cycle d’exploitation peut entraîner des problèmes de synchronisation, même si, dans l’ensemble, votre entreprise vous procure suffisamment d’argent pour rembourser le prêt.

Quelle est l’incidence des flux de trésorerie sur votre capacité d’emprunt?

N’oubliez pas que des flux de trésorerie irréguliers peuvent avoir une incidence sur votre capacité d’emprunt, explique M. Robertson.

Par exemple, si votre entreprise vend un produit de santé que les gens utilisent régulièrement toute l’année, vous pouvez réaliser des bénéfices relativement stables tous les mois. S’il vous faut 5 000 $ par mois pour rembourser un prêt commercial et que vous vous attendez à gagner suffisamment pour le faire, tout va bien.

Certaines entreprises ont toutefois des flux de trésorerie plus cycliques. Pour prendre un exemple extrême, si vos activités consistent à cultiver, à entretenir, à récolter et à vendre des arbres de Noël, et que vous touchez presque la totalité de vos revenus au cours du mois de décembre, les revenus nécessaires pour effectuer les paiements de votre prêt pourraient vous manquer les autres mois, à moins que vous ne mettiez des fonds de côté. 

«Votre cycle d’exploitation peut entraîner des problèmes de synchronisation, même si, dans l’ensemble, votre entreprise vous procure suffisamment d’argent pour rembourser le prêt.» 

Certaines banques peuvent offrir des prêts dont le montant des versements mensuels peut changer. Sinon, préparez-vous pour vous assurer d’avoir les liquidités nécessaires.

Que se passe-t-il si mon entreprise est nouvelle?

Que se passe-t-il si vous avez lancé votre entreprise il y a sept mois et que vous ne pouvez pas utiliser ses antécédents financiers pour calculer le RCCF (et la banque non plus)?

Ne vous inquiétez pas: Les banques peuvent tenir compte d’autres facteurs. Par exemple, si c’est vous qui avez fondé l’entreprise, la banque peut examiner votre cote de crédit personnelle pour évaluer la probabilité que vous fassiez tout ce que vous pourrez pour rembourser le prêt. Elle peut aussi vous demander de fournir des prévisions par rapport à certaines des données nécessaires, plus pour déterminer votre capacité de faire des prévisions éclairées que pour faire le calcul. 

Vous pouvez vous préparer avant de présenter votre demande et vous assurer de pouvoir gérer les remboursements du prêt en faisant vos propres prévisions prudentes et en entrant les chiffres dans l’équation du RCCF.

Et si on me propose plus d’argent?

Si vos états financiers sont excellents, il est possible qu’une banque vous offre de vous prêter plus d’argent que vous ne pensiez.

«Ne l’acceptez pas», explique M. Robertson

«Si vous empruntez plus que nécessaire, vous imposerez à votre entreprise un fardeau supplémentaire sous forme d’obligation contractuelle», explique-t-il. «Demandez-vous plutôt combien il vous faut et pourquoi. Qu’allez-vous faire de cet argent?»

Cela dit, il est également important de ne pas sous-estimer vos besoins en matière de financement, car cela pourrait vous exposer à des problèmes de liquidités. Veillez à calculer vos flux de trésorerie avant de conclure une convention de prêt. 

Prochaine étape

Pour en savoir plus sur les étapes à suivre pour obtenir un prêt commercial au Canada, téléchargez ce guide destiné aux propriétaires d’entreprise: Comment obtenir un prêt commercial.

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