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Une petite entreprise de fruits de mer et de poissons qui a su voir grand

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 Louisbourg Seafoods

Alors que le couple avait la vingtaine et travaillait dans une usine de transformation de poissons, à l’île du Cap-Breton, Lori Kennedy et Jim, son mari, ont vu que des temps difficiles s’annonçaient. La pêche à la morue déclinait de plus en plus, et leur région ne serait plus jamais la même.

Au lieu de désespérer, le couple a démissionné et décidé de plonger. Lori et Jim Kennedy ont démarré leur propre entreprise de déchargement de bateaux de pêche et l’ont fait croître malgré des débuts modestes, une escroquerie et la disparition en mer du frère de Lori. Louisbourg Seafoods possède maintenant plusieurs usines de transformation du poisson ainsi que 13 bateaux de pêche, et embauche 500 personnes.

Lori et Jim ont dû braver la tempête de nouveau lorsque la récession a frappé, mais le couple de propriétaires d’entreprise a pu garder le cap en pénétrant les marchés européen et asiatique. Contre vents et marées, Lori et Jim ont conservé leurs valeurs d’engagement envers la communauté et de protection de l’océan, un océan qui leur a pris une vie, mais leur a permis de gagner la leur.

Voici ce que Lori Kennedy a à dire sur:

…ses débuts en tant qu’entrepreneure

Dans les années 80, Jim et moi travaillions dans une usine de transformation du poisson de Louisbourg, à l’île du Cap-Breton. Comme tout le personnel de l’usine, nous savions que la pêche à la morue était sur le point de s’effondrer. Les poissons étaient de plus en plus petits. Les gens se sont rendu compte que les quantités de poisson pêchées étaient beaucoup trop importantes.

Mon mari a quitté l’usine en 1984. J’ai fait de même en 1986 pour aller aux études, parce que je ne m’étais rendue qu’en huitième année. J’ai passé le test d’équivalence d’études secondaires et étudié dans une école de commerce pendant un an. Comme ce n’était pas suffisant, je suis allée à l’université et j’ai obtenu un diplôme en comptabilité.

Nous avons démarré notre entreprise en 1984, avec une petite flotte de six bateaux de déchargement. C’était de la simple manutention, une activité que nous exerçons toujours.

…la croissance de son entreprise

En 1991, nous avons acheté une petite usine de transformation à Louisbourg, où nous avons commencé à transformer des poissons de fond. Nous y employions 98 personnes. Par la suite, nous avons acheté une autre usine à Glace Bay, toujours à l’île du Cap-Breton. Nous avons décidé d’y transformer tout le poisson de fond et de traiter du crabe à l’usine de Louisbourg.

Il y a sept ans, nous avons acheté une usine à North Sydney, où nous transformons la crevette. Et quelques années plus tard, c’est à Canso que nous avons acheté une grande usine de transformation. Elle était vieille, et trop grande, alors nous l’avons démolie pour en construire une petite, plus efficace, où nous traitons le homard et d’autres espèces.

Nous nous approvisionnons auprès de plus de 200 pêcheuses et pêcheurs autonomes. Nous disposons aussi de 13 bateaux de pêche, avec à leur bord 35 membres d’équipage. Nous employons maintenant environ 500 personnes au total.

…les leçons apprises

Nous avons beaucoup appris au fil des années. Notre première grave erreur remonte à notre vingtaine. Nous avons acheté un chargement de poisson à un Américain, à qui mon mari a remis 25 000 $. Deux heures plus tard, pendant que Jim était absent, l’Américain est revenu et a réclamé son paiement. Je le lui ai donné, ne sachant pas que nous avions déjà payé.

Nous n’avons jamais retrouvé cet argent. À l’époque, ça représentait toute une somme pour nous. Nous étions jeunes et faisions preuve de naïveté, et nous avons appris qu’il existe des gens malhonnêtes. Les erreurs sont inévitables, il faut en tirer des leçons.

…l’importance d’une communauté en santé

Les tragédies sont fréquentes dans l’industrie de la pêche. En 1992, mon frère est parti pêcher et s’est noyé. Il n’avait que 35 ans. J’ai beaucoup souffert de sa disparition. Gagner sa vie en pêchant est à la fois exigeant et dangereux. La mer est sans pitié.

Ni Jim ni moi ne venons d’une famille aisée. Je sais à quel point le personnel d’usine travaillent fort. Le taux de pauvreté infantile de l’île du Cap-Breton est l’un des plus élevés au Canada. L’effondrement de la pêche a entraîné la région dans un gouffre dont nous tentons toujours de sortir.

C’est important de veiller à la santé de la communauté. C’est ici que nous vivons, et nous sommes là pour rester. Voilà pourquoi nous investissons beaucoup dans notre personnel et dans la communauté. Par exemple, nous accordons des congés payés aux membres du personnel pour qu’elles et ils puissent s’occuper de leurs enfants en cas de maladie et nous leur offrons une assurance-maladie. De plus, nous aidons l’école primaire locale en servant un déjeuner à tous les élèves et fournissons des uniformes aux clubs sportifs pour enfants de la région.

… et sur l’importance d’un océan en santé

Nous avons la santé des océans à cœur. Les mers sont menacées par la pêche illégale, non réglementée et non déclarée dans les eaux internationales. Nous éprouvons également beaucoup d’inquiétudes face au réchauffement mondial et de la quantité de plastique dans la mer. Nous posons des gestes relatifs à ces enjeux à titre de membres du Conseil mondial des océans.

Dans le cadre de nos partenariats avec des cheffes et chefs cuisiniers, nous faisons également la promotion de la traçabilité et de la durabilité. Ces dernières années, l’entreprise a commencé à être active dans des réseaux de cheffes et chefs qui nous aident à publiciser nos produits. Les cheffes et chefs veulent faire affaire avec des propriétaires d’entreprise honnêtes.

…une économie au ralenti

La récession nous a porté un dur coup. Le prix du carburant était astronomique, le dollar a atteint la parité et le ralentissement de l’économie a fait baisser la demande. Les pires scénarios se sont concrétisés, ce qui a gravement nui à notre entreprise. Les ventes ont chuté, le roulement des stocks a ralenti et nos comptes clients ont bondi. Les banques se faisaient insistantes.

Nous avons appris l’importance de bonnes relations avec les banques. Invitez-les à vous rendre visite et montrez-leur les améliorations que vous avez apportées. C’est très important.

Nous avons aussi retenu la nécessité d’alléger ses activités. Vous seriez surpris de la quantité d’argent qu’on peut économiser. Nous l’avons appris durement lorsque l’économie américaine s’est écroulée. Nous avons été forcés de réaliser des économies à l’interne.

Une autre leçon que nous avons tirée, c’est de ne pas vendre dans un ou deux pays seulement. Après la récession, nous avons commencé à exporter nos produits en Europe, en Chine et en Inde.

Le fait d’être membre de la Women Presidents’ Organization m’apprend beaucoup. La section de l’Atlantique se réunit une fois par mois. L’organisation regroupe des femmes qui font partie du milieu des affaires depuis des années, tout simplement. Nos expériences se recoupent. Nous avons surmonté des épreuves majeures.

Aimez ce que vous faites. Si vous adorez votre travail, vous y mettrez plus de cœur et vous vous en tirerez bien.

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