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Optimisation des processus  Article | Lecture de 7 minutes

Comment réduire les déchets alimentaires et autres déchets organiques dans votre entreprise

La gestion des déchets organiques peut vous permettre d’économiser de l’argent tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre dans votre entreprise
Personnes portant une tenue bleue avec des casques jaunes travaillant dans une chaîne alimentaire

Si votre entreprise produit beaucoup de résidus alimentaires, vous gaspillez peut-être de l’argent et contribuez aux changements climatiques.

Selon Environnement et Changement climatique Canada, chaque année, environ 20 % (ou 11 millions de tonnes) de tous les aliments produits au Canada finissent dans des sites d’enfouissement, où ils se mélangent à d’autres matières organiques, telles que les résidus de jardin et le papier souillé. En se dégradant, ce mélange émet du méthane, un gaz à effet de serre qui est 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone et qui piège encore plus la chaleur.

Second Harvest, une entreprise qui aide les entreprises alimentaires à l’échelle de la chaîne d’approvisionnement à rediriger les surplus alimentaires à des organismes à but non lucratif partout au Canada, a examiné l’impact de ces déchets sur notre capacité de réduire la pollution. Elle a constaté que les déchets à eux seuls génèrent plus de 56 millions de tonnes d’équivalent CO2 au Canada chaque année.

De nos jours il est mal vu de jeter des aliments qui sont encore consommables.

Graphique montrant la hiérarchie des solutions pour le gaspillage alimentaire

Comment vous pouvez réduire le gaspillage alimentaire dans votre entreprise

Si vous exercez des activités dans le secteur de l’alimentation, les aliments gaspillés représentent non seulement une perte de valeur directe, mais peuvent également faire augmenter vos dépenses de gestion des déchets, parce que bon nombre d’entreprises qui fournissent des services de gestion des déchets facturent au poids.

«Il y a deux aspects à ce problème», explique Stuart Lilley, fondateur de ReFeed Canada, une entreprise de Vancouver dont la mission est de réduire le gaspillage alimentaire. «D’une part, il y a tous ces aliments qui ne répondent pas aux critères de classement et qui sont donc jetés. D’autre part, des personnes souffrent de la faim. Les banques alimentaires et autres organisations à but non lucratif sont heureuses de recevoir ces denrées, mais elles n’ont pas la capacité de les gérer.»

C’est là qu’entrent en jeu ReFeed et d’autres organisations semblables au Canada. Ces organismes récupèrent les fruits et légumes qui ont été rejetés pour des raisons qui vont de la taille ou d’anomalies visuelles qui ne répondent pas aux exigences de classement aux accords d’achat tombés à l’eau.

En réduisant la quantité de déchets alimentaires et organiques à ramasser, vous améliorerez les résultats financiers de votre entreprise tout en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre.

Voici les deux étapes à suivre pour réduire le gaspillage alimentaire:

Étape 1: Évaluer vos processus d’approvisionnement et de traitement

1. Évaluer vos déchets

Les restaurants ainsi que les entreprises qui produisent, transforment ou distribuent des denrées alimentaires doivent examiner leurs processus et se fixer des objectifs de réduction des déchets alimentaires.

L’évaluation des déchets permet de comprendre où, quand et pourquoi il se produit du gaspillage dans l’entreprise, qu’il s’agisse de surproduction et d’entreposage incorrect ou encore de détérioration, de pertes lors du tri ou de gaspillage dans l’assiette. Le suivi des rejets sur une période donnée permet d’obtenir de l’information précieuse sur les tendances et aspects problématiques.

Une fois les données recueillies, l’entreprise peut classer les déchets en catégories, en mesurer les quantités, puis évaluer leur impact financier et environnemental. Cette approche permet d’établir les bases d’objectifs réalistes de réduction des déchets et de stratégies ciblées.

2. Repérer les points où les déchets sont élevés

Recherchez les points de la chaîne de production présentant des taux anormalement élevés de déchets organiques ou de rejets et recherchez-en les causes.

«Il suffit parfois d’installer des garde-corps plus hauts sur vos transporteurs à courroie pour que les articles ne tombent pas sur le sol. Des petites choses comme ça peuvent donner de très bons résultats à la longue», dit Stuart Lilley, qui travaille depuis 10 ans dans le domaine de la régénération alimentaire, qui couvre des aspects tels que la gestion des déchets, les systèmes circulaires, la récupération alimentaire, le recyclage des nutriments et les processus de bioconversion des sous-produits alimentaires.

3. Améliorer vos prévisions en matière d’approvisionnement

De bonnes prévisions, de saines relations avec les fournisseurs ainsi que des pratiques rigoureuses en matière d’achat et de planification vous permettront d’acheter la quantité d’aliments nécessaire pour répondre à la demande de la clientèle. 

Des prévisions exactes commencent par l’analyse des données de vente, des tendances saisonnières et des préférences des consommatrices et consommateurs afin de savoir de quelle quantité de produits vous aurez besoin à divers moments de l’année. Les systèmes numériques de gestion des stocks ou des points de vente peuvent améliorer ce processus en fournissant des données en temps réel sur les tendances d’achat et de consommation.

Il est également essentiel de collaborer étroitement avec vos fournisseurs. Des communications ouvertes vous permettront d’ajuster vos commandes rapidement en réponse à une demande changeante ou en cas d’événement imprévu pour réduire le risque d’un excédent de stocks ou de détérioration de ceux-ci. Il est également important d’intégrer de la souplesse à vos pratiques d’approvisionnement, par exemple en commandant de plus petites quantités plus souvent ou en vous approvisionnant localement pour raccourcir les délais. En affinant continuellement vos modèles de prévision et en les examinant périodiquement, vous pouvez faire correspondre les stocks et la demande réelle, réduire le gaspillage d’aliments et économiser de l’argent.

4. Améliorer votre gestion des stocks

Une bonne gestion des stocks est particulièrement importante pour éviter les pertes lorsqu’il s’agit de ressources dont la durée de stockage est courte. Une bonne gestion des stocks consiste à savoir exactement quel est le niveau de vos stocks, combien de temps ils dureront et à quelle vitesse ils se vendent. La mise en place d’une méthode «premier entré, premier sorti» (PEPS) vous aide à faire en sorte que vos stocks plus vieux sont utilisés avant les nouveaux et aide à réduire la détérioration. Des vérifications régulières du niveau de stocks et des étiquettes indiquant clairement les dates de péremption aident également à ne pas oublier ni gaspiller des aliments.

La technologie peut grandement soutenir ce processus. Des systèmes numériques de gestion des stocks peuvent surveiller les quantités, envoyer des alertes à l’approche des dates de péremption et générer des rapports permettant de repérer les articles qui se vendent moins vite.

Il est également important de bien former votre personnel en matière de manutention, d’entreposage et de rotation appropriés des stocks. En intégrant des outils de suivi intelligents, en établissant des processus uniformes et en responsabilisant votre personnel, vous pouvez réduire les pertes non nécessaires, améliorer vos flux de trésorerie et faire en sorte que les clientes et clients aient toujours accès à des produits frais.

Étape 2: Recycler et donner

Recyclage: Transformation des déchets alimentaires en d’autres produits alimentaires (p. ex. pulpe de fruits transformée en confiture).

Don: Association avec des banques alimentaires et des organismes de bienfaisance.

Une fois que vous avez éliminé autant que possible les déchets organiques en amont de votre entreprise, vous pouvez vous attaquer aux déchets en aval, en recyclant et en réutilisant les produits.

Le recyclage consiste à transformer les déchets alimentaires en un autre produit alimentaire. Par exemple, les entreprises de services alimentaires (les hôtels, les restaurants, et même les cantines de bureau) peuvent utiliser les restes de légumes d’un jour pour préparer une soupe pour le lendemain.

La réutilisation des denrées alimentaires commence en nourrissant des personnes au moyen de produits invendus, mais comestibles. Vous pouvez revendre les aliments inutilisés ou les donner à des organismes à but non lucratif comme les banques alimentaires. 

La revente consiste généralement à trouver d’autres moyens de vendre des denrées alimentaires qui, autrement, seraient jetées. Par exemple, les produits préparés, tels que des sandwichs, peuvent être proposés à prix réduit vers la fin de la journée ou donnés à une banque alimentaire ou à un autre organisme à but non lucratif après la fermeture.

À plus grande échelle, la revente et le don contribuent à résoudre l’un des plus gros problèmes de gaspillage alimentaire dans le secteur: les aliments qui sont jetés avant même d’arriver dans les magasins de détail ou dans les mains des consommatrices et consommateurs alors qu’ils sont parfaitement comestibles. Bien que les initiatives du secteur privé et la législation contribuent à réduire ce problème en encourageant l’acceptation de fruits et légumes «moches» qui ne répondent pas aux normes esthétiques, une quantité importante de nourriture est encore gaspillée chaque année.

Vous pouvez rechercher des banques alimentaires et d’autres organismes à but non lucratif du pays qui travaillent en étroite collaboration avec les magasins de vente d’aliments au détail pour recueillir des aliments comestibles qui auraient été jetés et les donner à des personnes dans le besoin.

Transformer vos déchets alimentaires

Au lieu d’être extraites, utilisées, puis éliminées (ce que l’on appelle une économie linéaire), les ressources d’une économie circulaire sont récupérées aux fins de réutilisation ou de retraitement dans un circuit fermé. Cela nécessite beaucoup moins de ressources et génère moins d’émissions de carbone que la création d’un produit entièrement nouveau.

Voici un bon exemple: une brasserie qui produit de la bière à partir de pains non vendus recyclés. Son principal déchet est la drêche, un résidu de malt obtenu lors du processus de brassage. Ce résidu alimentaire peut ensuite être utilisé par une autre entreprise comme farine pour la production de nouveaux produits de consommation.

Commencer à composter

La nourriture non comestible peut être transformée en sol riche en nutriments pouvant servir à faire pousser plus de fruits et légumes.

Le compostage est la dernière étape du traitement des déchets alimentaires et autres déchets organiques. Il permet de les transformer en un sol utile qui peut servir à faire pousser d’autres aliments ou d’autres plantes. Cela contribue à créer une économie plus circulaire.

La récupération des déchets alimentaires permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES)
En 2022, ReFeed a détourné 4,5 millions de kilogrammes de fruits et légumes des sites d’enfouissement pour les utiliser à 100 %. Cela représente une réduction de plus de 8 600 tonnes d’équivalent CO2.

«Et il ne s’agit là que de ce que nous pouvons comptabiliser directement, fait remarquer Stuart Lilley. Le chiffre réel, si l’on tient compte de l’impact sur l’ensemble du système, serait bien plus élevé.»

La réduction des déchets alimentaires s’inscrit dans l’économie circulaire

Louise Schwarz est copropriétaire, avec son associé Robert Weatherbe, de Recycling Alternative, une société de conseil en gestion des matières résiduelles basée à Vancouver. Depuis 1989, l’entreprise fournit aux entreprises, aux salles d’événements et aux institutions de Vancouver et du Lower Mainland des services de détournement durable des déchets.

«On ne peut pas extraire les ressources indéfiniment, c’est pourquoi la circularité est la seule voie possible», explique Louise Schwarz, une leader reconnue de la gestion des déchets qui a travaillé au National Zero Waste Council.

Comment vous lancer dans la réduction des déchets alimentaires

Commencez par demander à votre entreprise de gestion des déchets quelles sont les options qu’elle propose pour les déchets organiques. Certaines entreprises peuvent être en mesure d’apporter des aliments et d’autres déchets organiques à une installation de compostage à grande échelle où les émissions seront capturées de manière appropriée du fait de la décomposition anaérobique.

D’autres peuvent vous aider à mettre sur pied un programme sur place. Le véritable objectif, c’est d’éviter d’envoyer les déchets organiques vers les sites d’enfouissement. Si votre entreprise de services de transport de déchets ne peut pas vous proposer une option appropriée pour les déchets organiques, comme le compostage, envisagez plutôt l’incinération avec récupération d’énergie.

En fonction de votre propriété et de la quantité de déchets organiques que vous souhaitez traiter, vous pouvez peut-être faire votre propre compostage de base et l’utiliser pour enrichir le sol de votre terrain. Pour les quantités plus importantes, envisagez d’investir dans un composteur compacteur. Cette machine transforme rapidement les déchets organiques en une matière sèche qui occupe 80 % moins d’espace et qui est plus légère et plus facile à transporter.

«Grâce à de telles machines, de la matière doit encore être transportée ailleurs, mais beaucoup moins fréquemment, explique Louise Schwarz. Les gens trouvent généralement qu’il s'agit d’une grande amélioration par rapport aux quais de chargement remplis de bacs malodorants qui restent là à attirer les mouches à fruits jusqu’au ramassage.» 

Obtenir l’adhésion de votre personnel

La mobilisation et le comportement du personnel sont essentiels à la réussite de vos efforts de gestion des déchets. Veillez donc à prévoir des campagnes de sensibilisation lorsque vous lancez votre stratégie de gestion des déchets alimentaires et organiques.

«Même dans les bureaux, des changements simples comme la suppression des poubelles de bureau peuvent être extrêmement efficaces pour rappeler aux gens la nécessité de séparer les déchets organiques des autres types de déchets, dit Louise Schwarz. Si les membres du personnel comprennent le raisonnement sous-jacent, il n’est généralement pas difficile de les rallier à la démarche.»

Elle ajoute: «La plupart du temps, les membres du personnel veulent aider. La gestion des déchets leur permet de voir et de comprendre leur propre impact d’une manière beaucoup plus concrète que d’autres initiatives environnementales telles que l’efficacité énergétique.»

Industrie alimentaire: les déchets dans chaque secteur

Secteur Sources courantes de déchets
Restaurants Commandes trop grosses, détérioration
Entreprises de transformation d’aliments Rejets sur la ligne, emballages, gaspillage
Entreprises de distribution Mauvaise gestion des stocks

Que fait le gouvernement relativement aux déchets alimentaires?

Le Canada est déterminé à réduire les déchets alimentaires. Depuis 2022, le gouvernement fédéral a investi 1,4 million de dollars pour soutenir les associations sectorielles, les organismes à but non lucratif, les institutions d’enseignement supérieur et les gouvernements locaux dans leurs actions pour réduire la quantité de déchets biodégradables qui aboutissent chaque année dans les décharges.

Le gouvernement fédéral et plusieurs provinces ont fixé des objectifs de réduction du gaspillage alimentaire et mis en place une réglementation pour l’élimination des matières organiques, y compris, dans certains cas, l’interdiction de les envoyer dans des sites d’enfouissement.

Quel est l’effet de la technologie sur les déchets alimentaires?

Que ce soit pour un immeuble de bureaux gérant les restes des repas du personnel, pour un restaurant s’occupant des restes de préparation des aliments et des repas non consommés, ou pour une entreprise de production cherchant une solution de rechange aux fruits et légumes rejetés, les technologies et les solutions de gestion des déchets ne cessent de s’améliorer.

Pour les consommatrices et consommateurs, de nombreuses applications mobiles récentes permettent de récupérer des aliments invendus qui seraient autrement jetés.

Ce sont des solutions qui peuvent finir par faire baisser les émissions actuelles des décharges.

«La façon dont vous faites les choses aujourd’hui ne sera pas nécessairement celle de demain, déclare Robert Weatherbe. Alors, si votre système actuel ne vous satisfait pas, continuez à chercher. Il existe peut-être déjà une meilleure solution.»

Prochaines étapes

Apprenez comment évaluer les déchets produits par votre entreprise et économiser de l’argent dans cet article: Comment effectuer un audit de votre gestion des déchets.