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Le syndrome de l’imposteur: et si vous n’aviez pas à faire semblant jusqu’à ce que ça marche?

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Tout le monde peut se sentir incompétent par moments. En tant que propriétaires d’entreprise, nous sommes toutes et tous passés par là et avons été rongés par des inquiétudes et des doutes sur nos propres habiletés et compétences.

«Ai-je les compétences nécessaires pour cela?»

«Suis-je la bonne personne pour faire ce travail?»

«Vais-je réussir à recueillir des fonds? Pourrais-je obtenir de gros contrats?»

Il n’y a pas de description de poste lorsqu’on bâtit quelque chose en partant de zéro. La plupart des propriétaires d’entreprise font ce qui n’a jamais été fait auparavant. En réalité, il n’y a pas de modèle préétabli pour ce que fait une entrepreneure ou un entrepreneur, ou ce qu’elle ou il est.

Pourtant, nos pensées irrationnelles persistent: des doutes tenaces, un sentiment d’incompétence, l’impression que nous ne réussissons que grâce à la chance.

Le contexte actuel ne fait qu’empirer les choses. Pour un grand nombre de fondatrices et fondateurs, l’isolement découlant de la pandémie de COVID-19 a amplifié le sentiment qu’elles et ils ne méritent pas leur succès. Cette situation peut être particulièrement difficile pour les entrepreneures qui n’ont pas un réseau aussi vaste ni autant de modèles que leurs homologues masculins.

Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur?

Le syndrome de l’imposteur est l’impression intériorisée et irrationnelle que vous n’avez pas autant de compétences que les autres le croient. Il affecte des personnes qui ont des attentes très élevées envers elles-mêmes, comme des perfectionnistes qui ont toujours atteint leurs objectifs, des spécialistes qui veulent tout savoir sur un sujet avant d’en parler ou des surperformantes et surperformants qui travaillent toujours plus fort que les autres.

Travailler dans un environnement où les gens ne vous ressemblent pas ou ne tiennent pas les mêmes discours que vous peut jouer un rôle majeur dans le développement du sentiment d’imposture. Les groupes minoritaires ainsi que les femmes qui travaillent dans les domaines des STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) sont souvent profondément touchés par les stéréotypes de la compétence. Il peut être difficile de vous imaginer fondatrice d’une entreprise technologique prospère lorsque l’image que cela évoque ne vous ressemble en rien.

C’est dommage, car notre expérience avec le Fonds pour les femmes en technologie nous a montré, sans surprise, que l’origine ethnique et le sexe n’ont aucune incidence sur les compétences. En fait, la recherche d’entreprises fondées par des femmes a été notre avantage concurrentiel dans l’établissement d’un fonds de capital de risque fructueux.

J’ai accepté le fait que je vois les choses différemment de mes collègues masculins, et qu’il s’agit d’une force et non d’une faiblesse. J’ai appris à ne pas m’excuser pour mon succès ou pour qui je suis.

Assumez-vous

Je me suis sentie comme un imposteur pendant toute ma carrière. À chaque étape, j’ai eu envie de dire: «Vous voulez que je fasse quoi? Je n’ai aucune idée de la façon dont nous allons nous y prendre.» Cependant, je n’ai pas laissé ce sentiment m’empêcher d’accomplir des choses et d’avoir confiance en ma capacité à réussir.

J’ai appris à avoir confiance en moi et à assumer mes rôles de leadership, ceux que je me suis moi-même créés. J’ai appris que je suis souvent mieux préparée pour les réunions que la plupart des gens dans la salle. J’ai accepté le fait que je vois les choses différemment de mes collègues masculins, et qu’il s’agit d’une force et non d’une faiblesse. J’ai appris à ne pas m’excuser pour mon succès ou pour qui je suis.

J’ai appris qu’il n’y a pas de mal à avoir des moments de doute, à être intimidée par les tâches qui m’attendent et à remettre en question ma capacité à réussir. Mais j’ai aussi appris à dissiper le doute et à m’assumer, à transformer les éléments négatifs en éléments positifs, à accepter le fait que je suis une fondatrice ainsi qu’une patronne.

J’ai appris à m’entourer de personnes qui me complètent et qui en savent plus que moi dans des domaines où j’ai moins d’expertise ou d’expérience. Des personnes qui ont des compétences que je ne possède pas. J’ai une bonne équipe et je lui fais confiance pour faire le travail. Je fais confiance au processus.

J’ai accepté que les choses ne soient jamais parfaites et qu’il m’arrive de me tromper. Mais si je peux réussir de 80 à 90 % du temps, c’est déjà très bien.

Cette attitude m’a permis de bâtir plusieurs entreprises et fonds d’investissement technologiques. Je ne savais pas toujours exactement ce qu’il fallait faire et cela n’a pas toujours été facile, mais cela ne m’a pas empêchée d’accomplir le travail.

Vous n’avez pas besoin de faire semblant

Dans le cadre de mon travail avec le Fonds pour les femmes en technologie, j’ai rencontré de nombreuses fondatrices et cheffes de la direction qui doutent d’elles-mêmes.

Le conseil qu’on leur a souvent prodigué était de «faire semblant jusqu’à ce que ça marche». L’idée, c’est que vous pouvez cacher vos insécurités pour réussir en affaires et évoluer dans votre rôle. On dit aux gens d’avoir l’air sûrs d’eux-mêmes au moment de faire des présentations en personne, car la personnalité et le charisme sont des facteurs clés du succès. Même s’ils aident, la vérité est que vous n’avez pas à faire semblant.

Mon conseil s’adresse à toutes les personnes qui veulent démarrer une entreprise, mais il s’applique surtout aux fondatrices: vous n’avez pas besoin de cacher qui vous êtes. Il n’y a pas de mal à admettre que vous n’avez pas toutes les réponses, que vous avez des doutes. Personne ne vous pénalisera pour votre honnêteté. De notre point de vue d’investisseuses et investisseurs, le fait d’admettre que vous ne savez pas certaines choses mais d’affirmer que vous trouverez les réponses peut être l’une des meilleures façons d’établir une relation durable.

Cela va dans les deux sens. Les investisseuses et investisseurs en capital de risque n’ont pas toutes les réponses non plus. Nous devons aussi l’admettre. Nous comptons sur les fondatrices et fondateurs ainsi que les dirigeantes et dirigeants pour trouver des réponses à des problèmes très difficiles. C’est pourquoi nous investissons dans votre entreprise.

Misez sur la conscience de soi

Le doute, c’est normal et sain. Le doute ne m’inquiète pas. La plupart des fondatrices et fondateurs se sentiront comme des imposteurs à un moment ou à un autre, mais elles et ils n’ont pas toutes et tous la conscience de soi nécessaire pour le reconnaître.

Les fondatrices et fondateurs qui se connaissent bien sauront cerner leurs forces, perfectionner leurs compétences clés et faire appel à d’autres personnes pour pallier leurs faiblesses.

Ce qui est encore plus important, c’est de savoir reconnaître ce sentiment en vous. Il est beaucoup plus facile de travailler avec une personne qui est consciente de ses propres doutes et limites. Cela nous permet de l’aider à surmonter ces difficultés. Les fondatrices et fondateurs qui se connaissent bien sauront cerner leurs forces, perfectionner leurs compétences clés et faire appel à d’autres personnes pour pallier leurs faiblesses.

Les fondatrices et fondateurs prospères sont celles et ceux qui se permettent d’être eux-mêmes plutôt que d’essayer d’être quelqu’un d’autre.

Tout le monde a déjà vécu cette situation

Il est normal de douter de votre capacité à créer une entreprise. Il est extrêmement difficile de faire évoluer une entreprise en démarrage, et il est sain de remettre en question votre capacité à le faire.

Presque toutes les fondatrices et tous les fondateurs prospères vous diront qu’elles et ils se sont sentis comme un imposteur à un moment ou à un autre. Tout le monde a déjà vécu cette situation, et il n’y a aucun mal à éprouver ce sentiment.

En tant que femmes, nous devons arrêter de nous excuser pour notre succès, notre présence dans la salle, notre différence. Assumez-vous. Ne faites pas semblant jusqu’à ce que ça marche, car n’oubliez pas ceci: vous n’avez pas à faire semblant.

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