L’économie canadienne en 2026: une année d’incertitude, de faible croissance et de transition
L’économie canadienne, on le sait, a fait face à des vents contraires en 2025. L’imposition de droits de douane par les États-Unis et la Chine sur les produits et services exportés par le Canada a eu un impact certain sur notre croissance économique.
Or, la nouvelle année s’annonce encore une fois turbulente alors que la renégociation de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) entraînera à nouveau un climat d’incertitude qui nuira à l’activité économique au pays. Le PIB canadien devrait en effet afficher une faible croissance de 1 % en 2026, en légère baisse par rapport à 2025, qui devrait notamment se clore avec une croissance de 1,2 %.
Avant d’analyser plus en profondeur les perspectives économiques pour 2026, revenons brièvement sur 2025, qui a connu une fin d’année positive, avec la progression du PIB réel et de l’emploi. Cette performance marquait d’ailleurs un important rebond, après une contraction de 1,8 % du PIB réel au deuxième trimestre.
Principales prévisions pour 2026
L’impact des tarifs
L’année qui se termine a néanmoins été marquée par l’impact des tarifs douaniers sur l’économie. Ainsi, les exportations canadiennes d‘acier ont chuté de 25 %, tandis que celles d’aluminium ont baissé de 6 % et celles du secteur automobile de 5 %. Par ailleurs, l’économie canadienne n’a pas encore pleinement ressenti les effets des tarifs récemment imposés sur les secteurs du bois d’œuvre et des cabinets de cuisine.
La bonne nouvelle, toutefois, c‘est que l’impact a justement été limité, surtout dans les secteurs touchés par des tarifs. À preuve: la croissance dans le reste de l’économie a permis de compenser l’effet des tarifs et d’éviter une récession.
Le marché de l’emploi s’est d’ailleurs raffermi avec la création de 180 000 emplois au cours des trois derniers mois de 2025, faisant ainsi reculer le taux de chômage à 6,5 % au Canada en novembre. Le nombre d’emplois a même augmenté dans le secteur manufacturier, pourtant le plus touché par l’imposition de tarifs.
À quoi doit-on s’attendre en 2026?
L’économie canadienne continuera d’évoluer dans un contexte de grande incertitude, dominé à nouveau par l’imposition de tarifs et la renégociation de l’ACEUM, prévue en juillet, qui auront encore un impact négatif sur nos exportations. Ces tensions commerciales devraient, du même coup, refroidir l’ardeur des entreprises à investir.
Or, c’est la consommation qui sera, encore une fois, le pilier de la croissance économique au pays en 2026. Bon an, mal an, la consommation des ménages représente environ 60 % du PIB. Cette demande pour les biens et services joue un rôle doublement important dans le contexte actuel et s’avère ainsi un élément stabilisateur pour l’économie canadienne.
Cette consommation est soutenue par des taux d’intérêt qui ont atteint leur niveau le plus bas depuis un an. Autre facteur d’importance: un marché de l’emploi relativement solide, jumelé à des augmentations salariales, qui ont fait grimper le revenu disponible des ménages en 2025. Or, une part de cette augmentation a été allouée à l’épargne, ce qui devrait aussi favoriser les dépenses de consommation au cours de la prochaine année. Enfin, la consommation s’appuiera aussi sur un taux d’inflation qui se maintient dans la fourchette cible de la Banque du Canada (près de 2 %).
Les différents gouvernements mettront aussi l’épaule à la roue alors que l’adoption de budgets expansionnistes contribuera également à la croissance de l’économie.
Les dépenses des gouvernements et la consommation des ménages alimenteront donc la croissance de l’économie canadienne en 2026, mais à un rythme qui demeure faible à cause des tarifs et des tensions commerciales.
Graphique 1: La part des dépenses discrétionnaires dans le budget des ménages sera réduite par l’inflation des prix des denrées alimentaires et du logement, mais le revenu disponible continue de croître plus rapidement
L’impact sur les entreprises
L’année 2026 s’annonce, encore une fois, difficile pour bon nombre d’entreprises canadiennes, qui subiront à nouveau une forte pression sur les coûts. Cette pression découle principalement des tensions commerciales, qui ont entraîné des tarifs et des contre-tarifs, de même que des changements dans les chaînes d’approvisionnement.
De plus, le dollar canadien devrait demeurer faible au cours des prochains mois. Les entreprises qui importent des produits des États-Unis ou en provenance d’autres pays, en dollars américains, vont ainsi continuer de subir une pression sur les coûts.
Enfin, malgré le ralentissement économique, les salaires continuent d’augmenter. Cette situation inhabituelle, attribuable au vieillissement de la population, fait en sorte que les entreprises subissent encore des pénuries de main-d’œuvre, particulièrement dans les régions situées hors des grands centres urbains, et une pression sur les coûts.
Coincées entre la pression sur les coûts et une économie qui tourne au ralenti, les entreprises n’auront d’autre choix que d’augmenter leur productivité pour maintenir leur rentabilité.
Graphique 2: Les coûts des intrants ont augmenté rapidement, contrairement à 2022, la demande ne peut compenser ces hausses
Une économie en transition
Il y a toutefois de nombreuses opportunités à saisir pour les entreprises, alors que l’année 2026 marque le début d’un grand changement dans l’économie canadienne.
Nous sommes en effet en pleine révolution technologique et les entreprises qui prendront ce virage, notamment par l’adoption et l’intégration de l’intelligence artificielle, pourront améliorer leur efficacité opérationnelle.
De plus, le gouvernement canadien a récemment annoncé une série de grands projets qui auront non seulement un impact sur l’économie du pays, mais qui représentent aussi de nouvelles opportunités pour les entreprises d’ici. L’expansion du Port de Montréal à Contrecœur, l’implantation de mini-réacteurs nucléaires en Ontario ou encore d’un terminal de gaz naturel liquéfié en Colombie-Britannique sont autant d’exemples de projets qui bénéficieront aux entreprises canadiennes.
La demande accrue d’électricité, notamment pour accompagner les projets d’électrification des transports et alimenter les centres de données, ainsi que le développement de l’intelligence artificielle, amènera les entreprises de services publics comme Hydro-Québec, Hydro One ou BC Hydro à investir des milliards de dollars au cours de la prochaine décennie pour augmenter leur capacité de production d’électricité. Des entreprises canadiennes seront alors dans la mire pour faire partie de leur chaîne d’approvisionnement, ce qui représente une excellente occasion d’affaires.
Enfin, le secteur de la défense va également prendre son expansion en 2026 et dans les prochaines années, alors que le gouvernement canadien s’est engagé à augmenter significativement ses dépenses pour renforcer la souveraineté du Canada. Il souhaite aussi mettre en place une chaîne d’approvisionnement nationale pour le secteur de la défense, ce qui représente une opportunité pour les entreprises de tirer parti des milliards d’investissements qui seront consacrés au développement de ce secteur.
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