Comment les PME canadiennes s’adaptent aux droits de douane
Les droits de douane américains ont commencé à frapper les entreprises canadiennes au début de 2025. Depuis, BDC sonde les entrepreneures et entrepreneurs pour comprendre l’incidence des droits de douane sur leur entreprise et les répercussions de ceux-ci sur l’économie.
Notre plus récent sondage, mené à la fin du mois de septembre auprès de quelque 540 entrepreneures et entrepreneurs à l’échelle du Canada, révèle que ceux-ci sont inquiets, mais font également preuve de souplesse et de résilience.
Par rapport au début de l’année, moins d’entreprises font état de répercussions graves. À l’heure actuelle, l’incertitude économique grandissante constitue leur principale préoccupation. Les propriétaires d’entreprise s’inquiètent également de plus en plus de la volatilité des coûts et de l’imprévisibilité de la demande.
Les résultats du sondage montrent que les entreprises trouvent des façons de s’adapter.
Zelina Frigan
Analyste principale, Recherche – BDC
Faits saillants du sondage
- 91 % des PME canadiennes ont pris des mesures (ou prévoient d’en prendre) pour réduire l’effet des droits de douane.
- L’incertitude économique affecte 84 % des entrepreneures et entrepreneurs – une hausse de 15 points depuis le mois de mars.
- Un moins grand nombre d’entreprises déclarent une diminution de leurs ventes et de leurs marges, un signe d’une plus grande résilience.
Les droits de douane font encore mal, mais à un moins grand nombre d’entreprises
Notre sondage révèle que:
- les droits de douane américains affectent 67 % des PME; c’est un peu moins qu’en mars, alors que le pourcentage était de 71 %
- les droits de douane canadiens affectent 46 % des PME comparativement à 59 % en mars
- moins d’entreprises signalent des baisses de leurs ventes, de leurs marges ou de leur compétitivité
- par rapport au mois de mars, près de deux fois plus de PME ont indiqué que les droits de douane n’ont «aucun impact»
Autrement dit, les droits de douane font encore mal aux entreprises, mais bon nombre d’entrepreneures et d’entrepreneurs ont appris à faire avec, en ajustant leurs prix, en diversifiant leurs fournisseurs et en améliorant l’efficacité de leur entreprise.
De plus, le pourcentage d’entreprises ayant signalé une baisse de leurs ventes, un rétrécissement de leurs marges ou une hausse des coûts des intrants a baissé de plus de 10 % depuis le mois de mars; signe que les entrepreneures et entrepreneurs s’adaptent à un contexte commercial plus difficile.
Les craintes de licenciements et de fermeture ont également connu une baisse importante.
On ne peut pas parler d’optimisme, mais les résultats du sondage révèlent que les entreprises trouvent des façons de s’adapter.
Graphique 1: Incidence des droits de douane sur les entreprises canadiennes
Qu’est-ce que qui empêche les entrepreneures et entrepreneurs de dormir?
Même si l’impact des droits de douane s’allège, la volatilité de l’économie en général pèse plus sur les propriétaires d’entreprise. Les préoccupations quant au ralentissement de la croissance, à la fluctuation des coûts et aux changements de politiques complexifient la planification à long terme, quels que soient le secteur et la taille de l’entreprise.
La grande majorité des entrepreneures et entrepreneurs, soit environ 84 %, se disent préoccupés par l’incertitude économique (15 points de plus depuis le mois de mars). Cette préoccupation devance maintenant les droits de douane à titre de plus grande menace perçue par les répondantes et répondants. Les entreprises dans le secteur des technologies et de l’information et celles du secteur de la fabrication sont plus susceptibles de se déclarer affectées par l’incertitude, soit 96 % et 92 % des entreprises de ces secteurs, respectivement.
Au nombre des préoccupations persistantes, mais plus faibles, on compte les baisses des dépenses des consommatrices et consommateurs et des entreprises, les baisses des volumes, des marges ou des profits, et un affaiblissement de la compétitivité.
Treize pourcent des répondantes et répondants ont dit craindre de devoir licencier du personnel (un pourcentage considérablement inférieur à celui de mars, qui était de 31 %), tandis que seuls 7 % craignaient de devoir fermer leur entreprise (contre 12 % auparavant).
Seuls 3 % des répondantes et répondants ont déclaré prévoir de déménager leurs installations de production aux États-Unis, alors que 7 % déclaraient y songer au mois de mars.
Zelina Frigan
Analyste principale, Recherche – BDC
Quelles mesures ont porté leurs fruits?
Le sondage révèle que la grande majorité des entreprises (91 %) ont pris des mesures pour surmonter les tarifs ou prévoient de le faire. Voici les trois stratégies les plus importantes:
- refiler la totalité ou une partie des coûts accrus à la clientèle (43 %)
- réduire les coûts à l’échelle de l’entreprise (37 %)
- diversifier les chaînes d’approvisionnement (30 %)
Au nombre des autres tactiques citées, on compte l’expansion dans de nouveaux marchés, la négociation avec les fournisseurs, l’établissement de partenariats ou d’alliances stratégiques, l’accroissement des stocks et l’investissement dans l’automatisation pour réduire les coûts de production.
Voici une bonne nouvelle digne de mention: seuls 3 % des répondantes et répondants ont déclaré prévoir de déménager leurs installations de production aux États-Unis, alors que 7 % déclaraient y songer au mois de mars.
Dans l’ensemble, les résultats révèlent que les entrepreneures et entrepreneurs n’attendent pas les changements de politiques, mais trouvent plutôt leurs propres solutions, ce qui prouve que la résilience porte ses fruits en période de pressions.
Graphique 2: Mesures prises par les entrepreneures et entrepreneurs canadiens pour limiter l’impact des droits de douane sur leur entreprise
Ce que tout cela signifie pour les entrepreneures et entrepreneurs
En fin de compte, le plus récent sondage révèle que les entrepreneures et entrepreneurs du Canada ne font pas qu’affronter les défis liés aux droits de douane; elles et ils font aussi évoluer leur entreprise. Les entreprises touchées par les droits de douane américains sont:
- sept fois plus susceptibles de prendre de l’expansion dans des marchés moins touchés par les droits de douane
- six fois plus susceptibles de mettre en place des mesures de réduction des coûts
- cinq fois plus susceptibles d’offrir de nouveaux produits ou services non visés par les droits de douane
Quant aux entreprises touchées par les droits de douane canadiens, elles sont plus susceptibles d’explorer d’autres sources d’intrants, de diversifier leurs chaînes d’approvisionnement et d’investir dans l’automatisation.
Ces résultats font ressortir l’importance de la proactivité, d’une gestion financière solide et d’une bonne planification.
Les entrepreneures et entrepreneurs du Canada ont pivoté rapidement pour affronter les droits de douane. Le bon financement, les bons conseils et leur capacité d’adaptation leur permettront de sortir de cette situation encore plus forts.
Prochaine étape
Avez-vous besoin de soutien pour surmonter les droits de douane et l’incertitude qui en découle? Découvrez l’aide que vous pouvez obtenir de BDC, soit du financement adapté à vos besoins et des conseils de spécialistes.