Diversification: Un pari qui réussit aux entreprises canadiennes
Le contexte économique des cinq dernières années a été teinté par l’incertitude. De la pandémie à la guerre commerciale, les propriétaires d’entreprises du Canada ont dû faire face à une vague de changements.
Reconnaissant une dépendance excessive sur la clientèle, des marchés géographiques ou des fournisseurs, plusieurs entrepreneures et entrepreneurs ont donc renoué avec cette stratégie longuement éprouvée: la diversification.
En effet, c’est ce que démontre un sondage mené par la BDC entre les mois de juin et juillet 2025. Les résultats indiquent que les propriétaires d’entreprises du pays ont un appétit croissant pour cette stratégie, même si elles et ils rencontrent des défis en cours de route, parce qu’ils y voient des retombées significatives.
Une majorité d’entreprises ont pris une action pour se diversifier cette année
Selon l’enquête que nous avons menée auprès de 545 propriétaires d’entreprises et personnes prenant des décisions, plus de 51 % des entreprises canadiennes ont lancé un nouveau produit ou service, ou encore pénétré un nouveau marché, au cours de la dernière année.
Ce chiffre témoigne de l’intérêt marqué qu’ont actuellement les entreprises pour la diversification, l’innovation et la croissance.
À la lumière de cette statistique, il n’est peut-être pas étonnant que 55 % des entreprises interrogées à travers le pays aient déjà une stratégie de diversification en place, qu’elle soit formelle ou informelle. Ceci dit, qu’elles aient mis en place une stratégie ou non, les entreprises poursuivent leurs efforts. En effet, 63 % d’entre elles prévoient de se diversifier davantage ou de commencer à se diversifier d’ici deux ans.
Qu’est-ce qui caractérise ces entreprises hautement diversifiées?
Parmi les propriétaires d’entreprise interrogés, un sur cinq déclare avoir un niveau de diversification élevé ou très élevé, ce qui signifie être actif dans plusieurs marchés ou secteurs et offrir une gamme de produits et services.
Qu’est-ce qui caractérise ces entreprises? D’abord, elles ont tendance à être de grande taille, avec plus de 100 employées et employés (35 %). Grâce à leurs ressources financières plus importantes, la diversification leur est sans doute plus accessible qu’aux PME.
Ensuite, elles sont souvent des firmes du secteur manufacturier (35 %). Enfin, elles sont aussi fréquemment des entreprises qui fournissent des services professionnels (29 %) et des compagnies du Québec (29 %).
Pourquoi les entreprises poursuivent-elles la diversification?
Sur le plan des motivations qui poussent les entreprises canadiennes à explorer davantage la diversification, deux facteurs se démarquent dans le sondage.
En réponse à une question leur demandant ce qui motivait leur plus récente initiative de diversification, 57 % des propriétaires d’entreprise ont indiqué vouloir explorer de nouvelles sources de revenus.
La deuxième raison la plus populaire était de répondre à l’évolution des besoins de la clientèle (46 %).
Un des résultats les plus intéressants de l’enquête a trait aux retombées de la diversification.
Lorsque nous avons demandé aux entrepreneures et aux entrepreneurs de nous indiquer les bénéfices associés à la diversification, plus de 70 % ont mentionné une augmentation des revenus ou de la rentabilité, et 62 % ont répondu un accès à de nouveaux segments de clientèle ou marchés.
Graphique 1: Facteurs motivant le lancement de la plus récente initiative de diversification (% des entreprises qui mentionnent le facteur)
Les principaux défis de la diversification
Malgré ses avantages, la diversification comporte son lot de défis.
Selon notre enquête, la principale inquiétude exprimée par les propriétaires d’entreprise est le risque d’étirer trop fortement leurs ressources humaines ou financières. En effet, la moitié des entreprises font mention de ce défi. Viennent ensuite la complexité accrue des opérations (41 %) et l’incertitude entourant le rendement des investissements (40 %).
La principale inquiétude exprimée par les propriétaires d’entreprise est le risque d’étirer trop fortement leurs ressources humaines ou financières.
Alexandra Fioriello
Analyste principale, Recherche, BDC
Le manque d’expertise dans de nouveaux marchés ou secteurs (33 %) et la difficulté à garder le cap sur les activités principales (26 %) sont aussi des obstacles fréquemment cités. D’autres enjeux comme l’intégration de nouveaux produits ou équipes (24 %), les contraintes réglementaires (23 %) ou encore la dilution de l’identité de marque (19 %) figurent également parmi les préoccupations.
Fait à noter, une entreprise sur dix affirme ne percevoir aucun risque particulier lié à la diversification.
Graphique 2: Risques et défis associés à la diversification (% des entreprises qui mentionnent le risque ou défi)
Les clés pour une diversification réussie
Pour réussir leur diversification, les entreprises doivent s’appuyer sur certaines capacités clés, qu’elles soient internes ou externes.
Selon notre enquête, près de la moitié des propriétaires d’entreprise (49 %) considèrent que disposer de ressources financières et d’une flexibilité budgétaire est l’élément interne le plus important. Une vision stratégique et un leadership fort (43 %), ainsi qu’une main-d’œuvre qualifiée et adaptable (37 %) sont aussi importantes.
D’autres facteurs internes sont également jugés essentiels, quoique dans une moindre mesure, comme l’agilité opérationnelle et la capacité à évoluer à plus grande échelle (33 %), de même que la recherche de marché et la compréhension de la clientèle (33 %). Enfin, des aspects comme l’innovation et le développement de nouveaux produits (24 %), la gestion efficace de projets et du changement (19 %), ainsi que l’intégration des technologies et des données (18 %) complètent la liste.
Graphique 3: Capacités internes jugées nécessaires pour réussir sa diversification (% des entreprises qui mentionnent le facteur)
Une stratégie pour contrer le risque
Si la diversification n’est pas une nouveauté pour les entrepreneures et entrepreneurs du Canada, les dernières années l’ont rendue plus cruciale que jamais. La pandémie, les tensions commerciales et l’évolution rapide des marchés ont poussé de nombreuses entreprises à repenser leurs produits, services et clientèles, confirmant que l’adaptabilité est au cœur de l’état d’esprit entrepreneurial.
Notre sondage montre bien que les PME ont un appétit croissant pour la diversification. Et même si les propriétaires d’entreprise réalisent qu’une série de défis découlera du déploiement ou de l’élargissement de cette stratégie, elles et ils saisissent également que les retombées sont porteuses et consolideront la résilience de leur organisation face aux imprévus.
Au final, la diversification est donc moins une démarche périlleuse qu’une stratégie pour se protéger contre le risque. En ces temps incertains, elle devient un levier de croissance autant qu’un filet de sécurité pour gérer l’incertitude avec confiance.
Prochaine étape
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