Tendances actuelles en matière de gestion des déchets au Canada
Les entreprises trouvent de nouvelles manières de gérer les déchets de façon plus durable, tout en réduisant les coûts.
Par exemple des capteurs et d’autres formes de technologies infonuagiques aident à réduire les volumes de déchets et à optimiser les niveaux de service. En outre, les entreprises mesurent de plus en plus l’empreinte carbone de leurs déchets afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).
«La durabilité est un enjeu de plus en plus important pour nombre d’entreprises», dit Jason Wilcox, chef de la direction de Waste Solutions, qui offre des conseils aux entreprises sur les stratégies de réduction des déchets. «De plus, les coûts liés aux déchets et au recyclage augmentent considérablement, de sorte qu’il est de plus en plus important de gérer efficacement vos déchets.»
«En général, les entreprises sont plutôt surprises lorsqu’elles évaluent leur performance en matière de gestion des déchets, et qu’elles constatent le coût ou la faiblesse de leur performance et toutes les possibilités d’amélioration qui existent.»
Voici quatre nouvelles tendances en matière de gestion des déchets que les entreprises devraient surveiller et exploiter, selon Jason Wilcox.
1. Données sur les déchets
Les données révolutionnent la gestion des déchets. Les capteurs et les nouvelles sources de données font que, plus que jamais, les entreprises ont accès à de l’information sur leurs déchets et leurs activités de recyclage.
«Les données dans ce domaine sont devenues extrêmement importantes, souligne Jason Wilcox. Les entreprises sont maintenant en mesure d’obtenir de meilleures données sur la quantité de déchets qu’elles produisent dans leurs différents services, les types de déchets, le volume envoyé dans les sites d’enfouissement ou de recyclage ainsi que le coût total.»
L’utilisation de données précises pour améliorer les efforts de gestion des déchets peut entraîner d’importantes économies de coûts – généralement de 15 % ou plus, selon Jason Wilcox.
«Si vous ne portez pas constamment attention à vos coûts et à leur progression, ils pourraient augmenter rapidement, et vous dépasserez de beaucoup votre budget. Du point de vue de l’environnement, si vous n’avez pas d’indice de référence pour vous guider, il est difficile de mesurer la progression de votre entreprise afin de pouvoir l’améliorer.»
Quatre principales sources de données sur les déchets
- Factures des fournisseuses et fournisseurs – Les factures des entreprises de transport de déchets fournissent des données utiles sur vos coûts, la fréquence et parfois le poids.
- Rapports sur le poids – Les entreprises de transport des déchets et de recyclage peuvent également vous fournir des rapports qui vous permettent de surveiller le poids de vos déchets, de vos matières recyclables et de votre compost.
- Capteurs – Les capteurs installés dans les bacs d’élimination des déchets peuvent fournir des données en temps réel sur la capacité des bacs, les niveaux de remplissage et les degrés de contamination.
- Vérification des déchets – Une vérification des déchets mesure la quantité de déchets, de matières recyclables et de compost que votre entreprise génère, afin que vous puissiez établir une valeur de référence pour vous améliorer. Les déchets sont souvent un signe de gaspillage résultant d’activités inefficaces.
Les entreprises se tournent de plus en plus vers des services de spécialistes autonomes pour obtenir des données objectives et crédibles. Jusqu’à récemment, on ne pouvait obtenir des données qu’auprès des entreprises de transporation de déchets sous contrat.
«C’est une décision d’affaires judicieuse de travailler avec une entreprise indépendante et sans lien de dépendance avec votre autre fournisseuse ou fournisseur de services», souligne Jason Wilcox.
Les exigences en matière de production de rapports expliquent aussi la demande en données plus fiables. «La fiabilité des données est un problème dans notre secteur depuis des années, ajoute-t-il. Dans certains cas, compte tenu du peu de rigueur des statistiques, on aurait pu croire à de l’écoblanchiment. Il semble maintenant y avoir une réelle préoccupation à l’égard de la transparence des données et des initiatives visant à la mettre en œuvre.»
2. Solutions et technologies pour réduire les déchets alimentaires
On observe une autre tendance émergente au sein des entreprises, qui accordent de plus en plus d’attention au suivi et à la réduction des déchets alimentaires. Étant donné qu’un nombre croissant de villes canadiennes interdisent aux entreprises de jeter les déchets alimentaires aux poubelles, les entreprises doivent réagir.
«Les municipalités seront bientôt nombreuses à imposer ce genre d’interdiction, ajoute Jason Wilcox. Les mesures que vous prendrez maintenant avant qu’une interdiction soit en vigueur ne peuvent que vous favoriser sur le plan des affaires, car vous aurez une longueur d’avance sur la concurrence au lieu de faire du rattrapage à tout prix.»
La raison invoquée pour une telle interdiction: les déchets alimentaires, qui représentent la plus importante quantité de matières dans les sites d’enfouissement, dégagent du méthane, qui est jusqu’à 36 fois plus efficace que le CO2 pour piéger la chaleur dans l’atmosphère.
Selon les Nations Unies, si les déchets alimentaires étaient un pays, celui-ci se classerait au troisième rang mondial des émetteurs de GES derrière la Chine et les États-Unis.
«Pour nombre d’entreprises, les déchets alimentaires constituent la part la plus importante de tout le flux de déchets, explique Jason Wilcox. Si vous pouvez réacheminer ces matières, votre taux de réacheminement devrait augmenter considérablement, car vous retirez l’une des matières les plus lourdes de votre flux de déchets.»
Le taux de réacheminement des déchets se rapporte à la quantité de déchets que vous pouvez recycler ou composter au lieu de les envoyer au site d’enfouissement ou à l’incinérateur.
La proportion de déchets alimentaires est encore plus élevée dans certains secteurs, comme la restauration, l’hôtellerie, les centres commerciaux et les résidences pour personnes âgées. Mais elle peut aussi être élevée dans toute organisation offrant un service de cantine ou des services alimentaires pour le personnel.
Les entreprises peuvent promouvoir des stratégies de réduction. Par exemple, elles peuvent:
- trouver des façons de transformer les aliments excédentaires en un nouveau produit
- vendre les aliments inutilisés à un prix réduit
- vendre les aliments inutilisés à une autre entreprise ou en faire don à un organisme de bienfaisance
- optimiser les achats de nourriture afin de réduire la quantité rejetée
De plus en plus de technologies et solutions sont proposées aux entreprises pour les aider à réacheminer les déchets alimentaires, comme les suivantes:
- Services de compostage – Bon nombre de municipalités ajoutent des programmes de compostage résidentiel. Bien qu’ils ne soient généralement pas offerts aux entreprises, les programmes encouragent la multiplication de fournisseuses et fournisseurs de services de compostage avec lesquels les entreprises peuvent conclure une entente.
- Traitement sur place – Certaines entreprises utilisent sur place de l’équipement de manutention des déchets alimentaires, comme des déchiqueteurs, des cuves de digestion et des composteurs. Ces appareils peuvent réduire ou éliminer le volume de déchets alimentaires et les transformer en compost, en engrais ou en d’autres articles utiles.
3. Utilisation de capteurs pour améliorer la durabilité
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à installer des capteurs dans les contenants de déchets et de recyclage pour obtenir des données plus précises sur leur gestion des déchets, optimiser les niveaux de service et réduire leur empreinte carbone. Des capteurs peuvent vous dire à distance à quel point les bacs sont remplis et quand ils ont été vidés par votre fournisseuse ou fournisseur. Des capteurs munis de caméras peuvent également vous montrer le contenu d’un conteneur, ce qui peut vous aider à surveiller la présence de contamination (p. ex., les déchets envoyés dans un bac de recyclage ou inversement).
«Au lieu de payer pour que votre prestataire de services vienne vider des conteneurs remplis au quart ou à la moitié, vous pourriez rentabiliser davantage votre service avec des capteurs, explique Jason Wilcox. Si vous réduisez la fréquence des ramassages, vous réduisez votre facture. Au bout du compte, l’impact environnemental est encore plus positif, car il y a moins de camions sur la route.»
Les capteurs améliorent également la qualité des données sur les volumes de déchets. «Vous en aurez fini avec les estimations, mentionne Jason Wilcox. On peut voir le niveau de remplissage du bac chaque fois que le camion est passé, ce qui donne des rapports de meilleure qualité et vous informe sur le rendement des fournisseuses et fournisseurs. Les capteurs ajoutent de la transparence aux données dans un secteur où tout était plutôt obscur autrefois.»
4. Mesurer l’impact carbone des déchets
À l’heure où de plus en plus d’entreprises cherchent à réduire leur empreinte carbone, on commence à prendre conscience de l’ampleur des émissions de GES associées aux déchets. De nombreuses entreprises ont déjà fait des efforts pour réduire leur consommation d’énergie et d’eau et se concentrent désormais sur la gestion durable des déchets pour réduire encore davantage leurs émissions de GES.
«Nous constatons que, dans les rapports annuels sur la durabilité, on utilise de plus en plus des mesures concernant la gestion durable des déchets et le recyclage, alors qu’auparavant on insistait plutôt sur l’énergie et l’eau», souligne Jason Wilcox.
L’une des meilleures initiatives que les entreprises peuvent prendre est d’effectuer une évaluation et une vérification de leur production de déchets, idéalement avec l’aide de spécialistes externes. L’exercice vous permettra d’obtenir des résultats ventilés sur votre production de déchets et comprendra généralement des recommandations pour réduire les niveaux de déchets et les coûts et améliorer vos données.
«Si les entreprises améliorent leurs programmes de gestion de déchets et de recyclage et en expédient moins vers les sites d’enfouissement, elles réduiront d’autant leurs émissions de GES et leur impact carbone», conclut Jason Wilcox.