L’avenir, c’est maintenant: les B Corps transforment la responsabilité sociale d’entreprise
À BDC, nous avons découvert un filon d’or: nous avons trouvé un mouvement de propriétaires d’entreprise qui se soucient de leur collectivité dont les entreprises ont précisément le type de pouvoir transformateur dont le mouvement traditionnel pour le développement durable a besoin. Ces propriétaires d’entreprise pensent et agissent différemment. B Corp, la certification d’affaires qu’elles et ils ont adoptée, est différente de toutes les autres et plus puissante.
Ces propriétaires d’entreprise se caractérisent par leur conviction que la raison d’être d’une entreprise devrait être une prospérité inclusive et écologiquement durable. Elles et ils se tournent vers la certification B Corp (la lettre «B» signifie «bénéfique»), parce qu’elle est la seule à clarifier et à protéger cette raison d’être centrale.
Ces propriétaires d’entreprise sont vraiment des gens en or: elles et ils créent des entreprises dont la raison d’être est profitable pour la société et intègrent cette raison d’être dans leur modèle d’affaires et leurs activités. Elles et ils font également preuve d’une transparence et d’une responsabilité élevées.
Réinventer la responsabilité sociale d’entreprise
La façon dont elles et ils redéfinissent leur raison d’être en tant qu’entreprise est essentielle. Malgré quelques réussites louables, les pratiques durables conventionnelles n’ont pas apporté les changements systémiques dont nos sociétés et nos écosystèmes ont besoin. Le problème fondamental est que la pression visant à créer de la valeur pour les actionnaires l’emporte presque toujours sur les mesures traditionnellement prises par les entreprises pour réduire les préjudices et les risques liés à leurs activités.
Henry Mintzberg, professeur à la Faculté de gestion de l’Université McGill, résume bien la situation d’ensemble en déclarant que les initiatives de responsabilité sociale d’entreprise qui réussissent n’arriveront jamais à compenser les effets de l’irresponsabilité sociale d’entreprise ou à y remédier.
En redéfinissant la raison d’être de leur entreprise, les entrepreneures et entrepreneurs B Corp évitent le talon d’Achille de l’approche traditionnelle. Pour pouvoir profiter de la certification B Corp, la ou le propriétaire d’entreprise doit inscrire cette raison d’être sociétale plus large dans les statuts constitutifs de l’entreprise. Elle ou il doit également se soumettre à une évaluation rigoureuse où le niveau de responsabilité et de transparence de son entreprise est noté, de même que son incidence sur son personnel, la collectivité et l’environnement, et l’impact bénéfique de ses produits ou services. Enfin, elle ou il doit renouveler la certification de son entreprise tous les deux ans.
Actuellement, le Canada compte près de 300 B Corps qui œuvrent dans un grand nombre de secteurs économiques et de régions.
Une communauté innovante avant-gardiste
Ce mouvement, dont les membres mettent les affaires au service du bien commun, a connu un essor fulgurant depuis la création de la certification il y a plus de 10 ans. Au-delà de 3 100 B Corps sont en activité dans plus de 50 pays. L’entreprise de fabrication américaine de crème glacée Ben & Jerry’s est un exemple emblématique de cette communauté, mais le Canada compte également plusieurs entreprises B Corp intéressantes, comme l’entreprise de produits promotionnels Fairware de Vancouver, Chandos Construction à Edmonton, la brasserie Beau’s Brewing située près d’Ottawa, et la société immobilière commerciale Gestion Immobilière Quo Vadis à Montréal.
J’ai le sentiment que pour chaque propriétaire d’entreprise qui se soucie de sa collectivité et qui obtient la certification B Corp, il y en a plusieurs autres qui ne l’ont pas encore, mais dont les entreprises sont des candidates potentielles idéales. Par exemple, Zita Cobb de Fogo, à Terre-Neuve-et-Labrador. Sa célèbre et admirable auberge Fogo Island Inn constitue la pièce maîtresse des différentes façons dont cette entrepreneure s’y prend pour créer des emplois durables dans sa ville natale. C’est pourquoi nous nous employons à soutenir des gens en tenant compte de leur idéal et de la raison d’être de leur entreprise plutôt qu’à promouvoir l’approche traditionnelle du développement durable. Nous préférons miser sur davantage d’entrepreneures et entrepreneurs comme Zita Cobb.
B Corp: ce que constatent les banques
Lorsqu’on regarde les entreprises que dirigent ces entrepreneures et entrepreneurs, on constate plusieurs choses intéressantes. Premièrement, elles innovent. Ces propriétaires d’entreprise partent d’un modèle éprouvé, en l’occurrence la société de capitaux, puis elles et ils l’adaptent afin de résoudre un problème persistant, celui d’une prospérité qui ne profite pas à suffisamment de gens et qui n’est pas toujours écologiquement durable.
Deuxièmement, elles sont gérées de façon rigoureuse. L’évaluation pour obtenir la certification B Corp est exhaustive et stricte. Une entreprise mal gérée n’obtiendra pas la note de passage. Les entreprises B Corp sont des entreprises bien gérées.
Troisièmement, elles réussissent. On constate en effet que les entreprises B Corp sont aussi rentables et résilientes que les entreprises traditionnelles. Oui, il faut le répéter, elles sont aussi solides que les entreprises traditionnelles.
Enfin, on voit que la certification B Corp offre aussi certains avantages aux entreprises. Elle leur permet de se démarquer grâce à leur identité de marque, d’exercer un puissant attrait dans les médias sociaux, d’attirer du personnel de la génération du millénaire et d’appartenir à un club dont les membres cherchent à faire des affaires ensemble.
Contribuer à faire croître le mouvement B Corp
Pour toutes ces raisons, nous avons accordé environ 80 millions de dollars en financement à des entreprises certifiées B Corp et à d’autres entreprises à vocation sociale, et nous avons la conviction qu’il s’agit d’un bon investissement. Nous avons également investi 1,5 million de dollars dans des initiatives et des organismes locaux qui soutiennent les propriétaires d’entreprise à vocation sociale partout au Canada, comme Le Salon 1861 à Montréal, et le projet RADIUS de l’Université Simon Fraser.
Nous travaillons avec B Lab, l’organisme responsable de la certification B Corp, à la conception d’une version abrégée et simple de l’évaluation B Corp qui sera offerte gratuitement en ligne. Cette évaluation permet aux propriétaires d’entreprise d’analyser rapidement et facilement leur entreprise en fonction des normes B Corp et de se comparer avec leurs semblables de partout dans le monde.
Nous travaillons également à sensibiliser d’autres entrepreneures et entrepreneurs à cette certification et à ce mouvement. Nous accueillons ces propriétaires d’entreprise et leurs paires et pairs lors de différents événements à l’échelle du Canada. L’an dernier, nous en avons attiré 5 500 à plus de 100 événements. De plus, nous parlons souvent des entreprises B Corp dans les médias sociaux, où, chose étonnante, il s’agit du sujet le plus populaire de BDC.
BDC: la seule banque certifiée B Corp du Canada
Je suis ravi de faire partie de ce mouvement et heureux d’avoir dirigé la petite équipe de BDC qui a piloté ces initiatives.
Puisque BDC se consacre aux propriétaires d’entreprise, convaincre mes collègues de soutenir celles et ceux qui se soucient de la collectivité ou qui ont obtenu la certification B Corp n’a pas été difficile. Je suis particulièrement fier de nos efforts qui ont permis à BDC de devenir la première institution financière canadienne certifiée B Corp. Nous avons entrepris cette démarche parce que nous voulions que les propriétaires d’entreprise qui font partie de ce mouvement sachent que nous sommes là pour les aider. Nous souhaitions également obtenir cette certification afin d’accroître notre crédibilité. Nous voulions démontrer que nous joignons le geste à la parole.
Cultiver une nouvelle force pour le développement durable
Je crois que la plus grande réussite de notre équipe a été de convaincre une banque d’innover de façon à mieux soutenir les entrepreneures et entrepreneurs B Corp et à vocation sociale, une nouvelle force pour le développement durable au Canada. Cependant, les plus grands défis restent à relever.
Notre objectif est de contribuer à la croissance du mouvement des entreprises B Corp. Il n’est pas facile d’attirer l’attention du grand nombre de propriétaires d’entreprise qui se soucient de la collectivité et de la société qui n’ont jamais entendu parler de cette certification. Un défi du même ordre, mais peut-être encore plus difficile à relever, consiste à supprimer ce préjugé commun voulant que l’utilisation d’une entreprise au service du bien commun diminue ou retarde sa réussite, en raison des efforts qu’elle doit consacrer au profit de la société et de l’environnement. Les entreprises B Corp ont réussi à démontrer que cette idée était fausse.
D’autre part, la création d’un réseau n’est pas suffisante. Il nous faut en fait une communauté robuste. Il s’agit d’un facteur essentiel. Nous souhaitons que le réseau actuel des entrepreneures et entrepreneurs B Corp ou de tendance B Corp, qui se côtoient occasionnellement et voient leurs noms sur les mêmes listes, se transforme en une communauté de gens qui se connaissent, discutent entre eux, s’entraident et font des affaires ensemble. Il reste du travail à faire!
Pouvoir transformateur
Je crois que le Canada a besoin d’une communauté forte d’entrepreneures et entrepreneurs qui utilisent leurs entreprises pour créer, de façon écologiquement durable, une prospérité inclusive. Mon objectif vise donc à contribuer à la diffusion de cette puissante idée selon laquelle la raison d’être d’une entreprise est avant tout sociétale plutôt qu’axée uniquement sur les actionnaires.
Comment saurons-nous que nous avons réussi? Nous le saurons lorsque les entreprises B Corp de ce monde ne seront plus l’exception, mais la règle!