Bâtir des entreprises différemment: le TDAH et l’entrepreneuriat au Canada

Le Canada traverse une période de transformation économique marquée par l’incertitude, les tensions commerciales et les défis mondiaux. En tant que banque des entrepreneures et entrepreneurs, il nous incombe de veiller à ce que chaque propriétaire d’entreprise puisse réaliser son plein potentiel afin que le Canada puisse maintenir son dynamisme économique.

C’est dans cet esprit que nous avons lancé l’édition 2025 de notre sondage annuel sur la santé mentale des propriétaires d’entreprise, dans le cadre duquel, pour la toute première fois, nous avons posé des questions sur le TDAH et ses symptômes afin de mieux comprendre le lien entre l’entrepreneuriat et le TDAH.

Nous avons la conviction que ces données peuvent nous aider, ainsi que nos partenaires, à mieux servir les propriétaires d’entreprises qui vivent avec un TDAH ou des symptômes de TDAH. Nous espérons également qu’elles les aideront à tirer parti de leurs forces et à surmonter les obstacles qui entravent leur chemin.

En cette période de changements importants, nous espérons que cette recherche aidera un plus grand nombre de Canadiennes et de Canadiens à poursuivre et à réaliser leur rêve d’entrepreneuriat.

La fréquence du TDAH chez les propriétaires d’entreprise au Canada

La fréquence du TDAH chez les propriétaires d’entreprise au Canada semble être légèrement plus élevée que dans la population générale. Au sein d’un groupe de 1 463 propriétaires d’entreprise, 7 % ont reçu un diagnostic professionnel de TDAH. Toutefois, en incluant les gens qui ont des symptômes associés au TDAH sans avoir reçu de diagnostic, cette proportion passe à une personne sur quatre (24,8 %). Il n’y a pas de différence importante entre les hommes et les femmes.

La fréquence du TDAH est beaucoup plus élevée chez les propriétaires d’entreprise autochtones, qui sont 14 % à avoir reçu un diagnostic officiel. Si l’on ajoute les personnes ayant des symptômes associés au TDAH, le pourcentage atteint 38 %.

Notre sondage montre également que 44 % des propriétaires d’entreprise de moins de 45 ans déclarent avoir des symptômes de TDAH, contre 13 % des plus de 45 ans. Cette disparité peut refléter des taux de diagnostic plus faibles chez les gens des générations plus âgées en raison d’une moins grande sensibilisation au TDAH dans leur jeunesse.

7 % des propriétaires d’entreprise du Canada ont reçu un diagnostic professionnel de TDAH

Source: BDC, Sondage de 2025 sur la santé mentale des propriétaires d’entreprise au Canada (n=1 463)

Remarque: Les personnes qui préféraient ne pas répondre ont été exclues de la base de calcul. Les résultats ont été pondérés par région, par effectif et par nombre d’années en affaires afin d’être représentatifs de la population des PME canadiennes.

Remarque: Les termes «trouble» et «symptômes» sont utilisés dans l’article pour refléter les termes couramment adoptés par les professionnelles et professionnels de la santé. En même temps, nous reconnaissons qu’il est de plus en plus recommandé de redéfinir la façon dont on décrit le TDAH, afin de s’éloigner de la notion de «trouble» et de parler davantage de régulation cognitive. Cette nouvelle approche vise à réduire la stigmatisation et à promouvoir une compréhension plus inclusive, en considérant le TDAH comme un style cognitif unique plutôt qu’un problème à régler.

Qu’est-ce que le TDAH?

Pour mieux comprendre les résultats, nous avons parlé à quatre propriétaires d’entreprise qui ont reçu un diagnostic de TDAH ou qui en présentent des symptômes, ainsi qu’à Megan Rafuse, psychothérapeute, cofondatrice et cheffe de la direction de Shift Collab, elle-même une entrepreneure qui a reçu un diagnostic de TDAH.

Megan Rafuse explique que le TDAH est une forme de neurodiversité. La neurodiversité reconnaît que le cerveau de tout le monde fonctionne un peu différemment selon les manières différentes de penser, de traiter l’information ou de ressentir, dont certaines ne sont pas reconnues comme étant «habituelles».

Le TDAH, en particulier, peut avoir une grande incidence sur la façon dont le cerveau gère l’attention, le contrôle des impulsions et les fonctions exécutives, surtout dans les domaines responsables de la planification, de la concentration et du suivi. Les personnes atteintes d’un TDAH ont tendance à démontrer les traits suivants:

• la créativité;
• la capacité d’adaptation;
• la rapidité d’esprit;
• la tolérance au risque;
• la capacité d’avoir une bonne vue d’ensemble et de reconnaître les tendances.

Souvent, elles peuvent également éprouver ce qui suit:

• de l’impulsivité;
• un haut niveau d’énergie;
• la facilité d’être distraite;
• une tendance à perdre la notion du temps;
• une sensibilité émotionnelle ou une facilité à se sentir submergée;
• de la difficulté à faire des suivis.

Il est également important de noter que le TDAH s’inscrit dans un spectre. Il n’y a pas deux personnes qui vivent la même expérience du TDAH. Les symptômes, les défis et les forces peuvent varier considérablement. Megan Rafuse dit que c’est comme porter des lunettes. «Nous pouvons porter des lunettes, mais nos ordonnances, nos besoins et les difficultés auxquelles nous faisons face sont différents.»

Y a-t-il un lien entre le TDAH et l’entrepreneuriat?

Le lien entre le TDAH et l’entrepreneuriat demeure insuffisamment étudié et il est souvent mal compris, bien qu’il ait attiré l’attention au cours des dernières années grâce aux médias et à la recherche universitaire (liens en anglais seulement).

Bien qu’il n’y ait pas de relations de cause à effet prouvées entre le TDAH et la capacité entrepreneuriale, le chevauchement est difficile à ignorer. De nombreux traits associés au TDAH (haut niveau d’énergie, pensée visionnaire, capacité d’adaptation, impulsivité, tolérance au risque, créativité et concentration intense) reflètent des qualités qui sont admirées chez les fondatrices et fondateurs qui ont réussi.

Dans le même ordre d’idées, les personnes qui ont un TDAH peuvent avoir de la difficulté à s’adapter à des systèmes, des structures et des manières de fonctionner qui n’ont pas été conçus pour leur cerveau. Une plus grande impulsivité et la difficulté à se concentrer font souvent en sorte qu’il est plus ardu pour une personne atteinte d’un TDAH de passer la journée assise à un bureau ou d’effectuer des tâches répétitives.

«J’ai eu la chance, je suppose, de ne pas avoir à respecter une structure qui m’a été imposée par quelqu’un d’autre, parce que j’ai toujours été travailleuse indépendante. C’est peut-être pour cette raison que 25 % des propriétaires d’entreprise disent présenter des symptômes de TDAH. Ces personnes ont découvert qu’elles peuvent exceller dans cet environnement, car elles n’ont pas à se conformer à une structure rigide qui ne leur conviendra jamais», explique Silken Laumann, ancienne athlète olympique et fondatrice d’Unsinkable.

Megan Rafuse souligne que le fait de ne pas s’intégrer aux systèmes scolaires et aux milieux de travail standards peut susciter beaucoup de honte et de culpabilité. Cela peut amener les gens à se demander s’ils peuvent réussir dans un emploi traditionnel et les propulser vers l’entrepreneuriat.

Peter Neal, cofondateur de Neal Brothers Foods, se reconnaît dans cette observation. Comme élève, il a souvent eu des expériences négatives avec le personnel enseignant parce que son style d’apprentissage différait de celui de ses pairs, ce qui rendait décourageante la perspective d’entrer sur un marché du travail hautement structuré.

«L’idée de travailler pour quelqu’un m’aurait replongé dans cette situation [à l’école], dans l’embarras et la honte. Je préfère être aux commandes de ma propre histoire», explique Peter Neal.

Un avantage entrepreneurial

Toutes les personnes ayant fondé une entreprise à qui nous avons parlé ont indiqué que la prise de risques et la reconnaissance des tendances figuraient parmi leurs plus fortes compétences.

«Lorsque je prends des décisions difficiles, elles sont généralement mûrement réfléchies, car je suis capable de ressentir les choses profondément et de les analyser de manière critique sans pour autant me laisser paralyser.», explique Sheena Brady, fondatrice de Tease Tea et du Founders Fund.

Silken Laumann et Peter Neal font écho à ce point de vue en soulignant leur capacité à reconnaître et à résoudre les problèmes au sein de leur entreprise avant les autres.

Les personnes qui ont un TDAH indiquent également souvent qu’elles sont particulièrement efficaces pour générer des idées et qu’elles ont un fort engagement émotionnel, ce qui peut être inestimable pour la vente, le leadership et la communication d’un récit. Laumann explique que les entrepreneures et entrepreneurs qui ont un TDAH font souvent preuve d’une grande motivation à prioriser ce qui compte le plus et acceptent également d’abandonner ce qui n’est pas important.

Un autre trait récurrent est l’intensité de la concentration: on observe des poussées d’adrénaline pour le travail approfondi sur des tâches suscitant beaucoup d’intérêt. Même si les personnes qui ont un TDAH peuvent avoir du mal à demeurer attentives, elles ont également la capacité de se concentrer intensivement sur ce qui les intéresse. Peter Neal, par exemple, explique que l’intensité de sa concentration lui permet de briller en temps de crise.

Les personnes atteintes d’un TDAH ont tendance à vouloir plus souvent surfer sur une vague, s’intéresser à quelque chose de nouveau ou d’intéressant ou résoudre un problème.

La kryptonite des superpouvoirs du TDAH

Les traits de caractère associés au TDAH peuvent donner aux propriétaires d’entreprise les moyens d’agir avec créativité, énergie et résilience, mais ils s’accompagnent également de défis importants.

Notre sondage révèle que les entrepreneures et entrepreneurs qui ont reçu un diagnostic officiel de TDAH ou qui disent avoir ce trouble manifestent moins de satisfaction à l’égard de leur santé mentale que leurs pairs qui n’ont pas de symptômes. Parmi les propriétaires d’entreprise ayant reçu un diagnostic, 39 % ressentent de l’insatisfaction par rapport à leur santé mentale, contre 30 % pour celles et ceux qui ont des symptômes de TDAH et 16 % des répondantes et répondants qui n’ont aucun symptôme.

39 % des propriétaires d’entreprise ayant reçu un diagnostic de TDAH ressentent de l’insatisfaction par rapport à leur santé mentale

Source: BDC, Sondage de 2025 sur la santé mentale des propriétaires d’entreprise au Canada (n=1 479)

Remarque: L’insatisfaction est associée aux réponses situées dans l’intervalle de 0 à 6 sur une échelle de 10.

Remarque: Les personnes qui préféraient ne pas répondre ont été exclues de la base de calcul.

Les entrepreneures et entrepreneurs présentant des symptômes de TDAH sont également plus susceptibles de connaître des problèmes de santé mentale chaque semaine, notamment:

• avoir une humeur dépressive et un rendement inférieur aux attentes (71 % contre 29 % pour les personnes qui n’ont pas de symptômes);
• avoir l’impression que leurs problèmes de santé mentale nuisent à leur capacité de travailler (66 % contre 22 %);
• ressentir de la fatigue, manquer d’énergie (77 % contre 51 %).

Plusieurs ont également exprimé le désir de demander de l’aide professionnelle en santé mentale (61 % contre 17 %).

Source: BDC, Sondage de 2025 sur la santé mentale des propriétaires d’entreprise au Canada (n=1 510)

Remarque: Les personnes qui préféraient ne pas répondre ont été exclues de la base de calcul.

Le TDAH peut être à la fois un atout et un obstacle pour les propriétaires d’entreprise

Les propriétaires d’entreprise à qui nous avons parlé décrivent souvent les caractéristiques de leur TDAH comme étant à la fois des atouts et des obstacles. Sheena Brady les qualifie «de superpouvoirs et de kryptonite», soulignant que sa capacité à reconnaître les tendances et à faire preuve d’esprit critique peut parfois mener à des réflexions excessives et même à une paralysie analytique.

Jake Karls, cofondateur et catalyseur de ventes de Mid-Day Squares, dit que sa motivation fluctue énormément, ce qui l’amène à se concentrer intensément sur certaines activités de son entreprise pendant de brèves montées d’adrénaline, qui sont suivies d’un effondrement émotionnel: «Cette obsession conduit à de grandes choses, mais aussi à des périodes de dépression… C’est comme un grand zigzag plutôt qu’une ligne droite.»

Au-delà des traits distinctifs eux-mêmes, l’un des défis les plus tenaces que Megan Rafuse voit dans sa pratique est le dialogue interne. Parmi les thèmes récurrents, on retrouve les sentiments de culpabilité, de doute de soi et de frustration que partagent quelques propriétaires d’entreprises avec qui nous avons discuté.

Comment réussir en tant que propriétaire d’entreprise avec un TDAH

1. Obtenez un diagnostic professionnel si vous soupçonnez que vous avez un TDAH

Les fondatrices et fondateurs avec un TDAH à qui nous avons parlé nous ont dit avoir compris que les comportements qu’elles et ils ont eus toute leur vie s’expliquent aujourd’hui par la neurodiversité, qu’il n’est plus question d’un combat personnel. Ces personnes peuvent dorénavant adopter des stratégies adaptées à leur cerveau plutôt que de naviguer à contre-courant.

«J’ai fait faire une évaluation psychologique complète de mes styles d’apprentissage pour comprendre ce qui peut m’être utile. J’ai reçu un diagnostic de trouble de déficit de l’attention et beaucoup d’information vraiment éclairant sur mes forces. Cela m’a aidée à comprendre qui je suis et comment je pense, ce qui a été très révélateur à bien des égards», souligne Silken Laumann.

«Lorsque j’étais à l’école, j’étais bruyant, toujours agité et je ne portais pas attention pendant plus de deux secondes. Je voulais être occupé. Je m’ennuyais. Et j’obtenais de mauvaises notes parce que le personnel enseignant considérait que je le faisais délibérément. Je pense maintenant que c’était lié au TDAH», explique Jake Karls.

Megan Rafuse souligne l’importance d’obtenir un diagnostic professionnel, ce qui peut ouvrir la porte à des options de traitement, comme les médicaments. Les professionnelles et professionnels de la santé ont amélioré leur compréhension du TDAH, ce qui a entraîné un plus grand nombre de diagnostics. Toutefois, consulter une ou un psychologue peut coûter cher, ce qui constitue un obstacle pour certaines personnes.

2. Adaptez votre travail à vos forces

Les propriétaires d’entreprise peuvent créer des postes en fonction des forces et des intérêts personnels, planifier leur journée selon leurs priorités et concevoir des systèmes personnalisés. Plusieurs nous ont raconté avoir trouvé des façons de travailler adaptées à leur style cognitif.

Peter Neal, par exemple, travaille dans différentes provinces, selon la période de l’année. De plus, il a délégué à son frère (qui est cofondateur) la gestion d’activités routinières, ce qui lui a permis de se concentrer sur des domaines dans lesquels il excelle.

Jake Karls a une stratégie semblable: le fait de voyager tous les 7 à 10 jours et de travailler à différents endroits l’aide à rester concentré. Il aime bien remplir ses journées de réunions pendant ses déplacements afin de rester productif et d’éviter la routine. «J’enfile les rencontres les unes après les autres, même si c’est drainant. J’ai l’impression que je dois procéder ainsi, sinon je m’ennuie. J’ai besoin d’un environnement dynamique pour me sentir sur mon X», explique-t-il.

Pour rester sur la bonne voie, Sheena Brady utilise des minuteries et des calendriers. Pour sa part, Silken Laumann compte sur son adjointe de direction pour s’occuper des essentiels du quotidien, ce qui lui permet de se concentrer sur la stratégie et la vision d’ensemble.

Les postes traditionnels sont souvent spécialisés, alors qu’en entrepreneuriat, il faut toucher à tout. Au cours d’une même journée, la fondatrice ou le fondateur d’une entreprise peut devoir partager son temps entre l’exploitation, le marketing et les ressources humaines. Pour certaines personnes qui ont un TDAH, cette diversité n’est pas un fardeau, mais bien une préférence.

«Notre tendance à nous laisser distraire facilement est parfois un avantage, car lorsqu’on est propriétaire d’entreprise, il faut pouvoir gérer une vingtaine de choses chaque jour, car on porte beaucoup de chapeaux», explique Sheena Brady.

3. N’ayez pas peur de demander de l’aide

Des propriétaires d’entreprise nous ont raconté comment la thérapie et l’encadrement leur ont permis de mieux comprendre leur façon de fonctionner, à gérer certains symptômes de leur TDAH et à accueillir le deuil lié au diagnostic. Dans notre sondage, celles et ceux qui ont demandé de l’aide professionnelle ont fait part des résultats suivants:

• une réduction de l’anxiété;
• une meilleure gestion du stress;
• une amélioration de la croissance personnelle;
• une réduction de la dépression.

L’entrepreneuriat peut entraîner un sentiment d’isolement, surtout lorsqu’on a des problèmes de santé mentale. Notre sondage révèle que 38 % des propriétaires de PME présentant des symptômes de TDAH considèrent l’isolement comme une source de stress, contre 17 % des personnes qui n’ont aucun symptôme.

Un autre élément clé ressortant des entrevues est l’importance de pouvoir compter sur des personnes fiables. Il peut s’agir de déléguer certaines tâches avec lesquelles on a de la difficulté ou de sentir qu’on nous comprend et de recevoir de l’empathie lorsqu’on fait les choses différemment.

Un système de soutien solide peut faire toute la différence en atténuant l’isolement qui accompagne souvent l’entrepreneuriat et le TDAH.

«Parlez du TDAH aux gens qui vous entourent et qui sont importants pour vous, explique Peter Neal. Expliquez-leur que vous avez de réelles forces et certaines faiblesses. Il est important de communiquer et d’informer les personnes qui vous entourent afin qu’elles puissent mieux vous comprendre.»

«Vous avez droit à la vie que vous voulez bâtir. L’entrepreneuriat est très difficile en soi, et l’entrepreneuriat avec un TDAH l’est encore plus, mais trouvez le réseau de soutien qui vous convient. Personne ne réussit sans aide, et vous n’avez pas à le faire non plus», explique Megan Rafuse.

Prochaine étape

Découvrez les ressources de BDC pour le bien-être des propriétaires d’entreprise, y compris des études, des histoires personnelles et des conseils pratiques.

Remerciements

Nous remercions infiniment toutes les personnes interrogées d’avoir pris le temps de nous faire part de leur expérience et de leurs connaissances de façon aussi ouverte et sincère. Cette étude n’aurait pas été possible sans leur collaboration.

Nous remercions tout particulièrement Carine Chammah-Bergevin, Arnaud Franco, Geneviève Michaud, Isabelle Simard, Samuel St-Pierre Thériault, Jean Philippe Nadeau, Jason Patuano, Dani Law et Joanne Photiades pour leur contribution à cet article.