Comment numériser votre chaîne d’approvisionnement?
Une chaîne d’approvisionnement est par définition plutôt longue. Au-delà de ses fournisseurs et de ses clients, il faut aussi penser aux leurs! Pour numériser efficacement sa chaîne d’approvisionnement, il faut voir le plus loin possible. Heureusement, il y a moyen d’avancer à petits pas.
François Desjardins, conseiller d’affaires principal, BDC Services-conseils, propose quelques pistes de solutions pour numériser sa chaîne d’approvisionnement tout en priorisant les gains rapides.
«Il faut cibler d’abord l’endroit le plus problématique», indique-t-il.
Solution potentielle 1: Contrôler la demande des stocks avec un système ERP
Le contrôle des stocks dans les entreprises est souvent un endroit problématique. «La plupart des produits ont une certaine saisonnalité, ou sont liés à des fêtes, ou à l’approche des fins de semaine, remarque M. Desjardins. Plusieurs directions d’entreprise essayent encore de comprendre leurs pics de vente, qui sont liés à des pics de production, avec des tableaux faits à la main.»
Or, tout est plus facile lorsqu’un logiciel fait ce travail pour vous. Il y en a de très simples et d’autres, plus poussés.
«C’est certain qu’opter pour un progiciel de gestion intégrée (système ERP) qui suit la consommation en temps réel des différents produits dans votre entreprise donnera un réel gain en efficacité, affirme M. Desjardins. De plus, le système ERP inclut dans l’équation les pics des fournisseurs, ce qui aide encore plus à gérer la demande des stocks.»
Une fois que votre système ERP aura accumulé des données pendant quelques années, vous serez capable d’être moins en réaction et plus dans l’action. Vous pouvez également coupler à ces données des informations comme la météo ou la situation internationale. «On peut mettre en place des alertes qui vous permettront de savoir tout ce qui se trame de façon à pouvoir agir rapidement et à mieux prédire les prochains cycles de production», illustre M. Desjardins.
Solution potentielle 2: Automatiser les achats avec RPA
Dans plusieurs départements des achats, les bons de commande sont encore créés manuellement. «Essentiellement, quelqu’un se rend compte qu’un produit manque, alors il demande qu’un bon de commande soit créé, puis commande le produit en urgence, remarque M. Desjardins. Or, toutes ces étapes peuvent être automatisées.»
Cette automatisation peut être réalisée grâce à un logiciel d’automatisation robotisée des processus (RPA en anglais pour robotic process automation) qui peut se connecter au système ERP qui connaît la consommation en temps réel des différents produits dans votre entreprise.
«Lorsqu’un certain seuil est atteint, la commande est automatiquement générée chez le fournisseur sans avoir besoin d’approbation humaine si elle est, par exemple, de moins de 1000 $», illustre M. Desjardins.
Créer des bons de commande est une tâche répétitive, mais coûteuse en temps. Automatiser cette tâche permettra à votre personnel de s’occuper de tâches à valeur ajoutée.
«Si le RPA s’occupe de 60% des commandes, votre main-d’œuvre peut se concentrer sur les commandes plus stratégiques, explique M. Desjardins. En les sortant de l’urgence qui les oblige souvent à prendre les produits les plus chers, ils peuvent optimiser la chaîne d’approvisionnement en cherchant de réels partenaires.»
Solution potentielle 3: Intégrer l’approvisionnement à la création de produits
Pour mettre toutes les chances de votre côté que la création d’un nouveau produit soit un succès, vous avez avantage à penser à sa chaîne d’approvisionnement en amont. Pour y arriver, vous avez plusieurs questions à vous poser:
- les fournisseurs seront-ils en mesure de pourvoir cette nouvelle production;
- pourront-ils acheter le matériel nécessaire;
- seront-ils capables d’assurer la livraison du produit?
Aller vers un réseau d’approvisionnement numérique vous permettra d’entrer dans votre système la capacité et les contraintes de vos fournisseurs. Ainsi, vous pourrez vous y référer dans le processus de création d’un nouveau produit pour planifier sa fabrication et passer les commandes.
«Souvent, les entreprises prennent du temps pour développer leur produit, puis ils se tournent vers leurs fournisseurs et leur demandent un délai de livraison très court sans prendre en considération leurs contraintes», remarque M. Desjardins.
La pandémie a toutefois montré la faiblesse du processus d’approvisionnement de plusieurs entreprises qui gèrent leurs approvisionnements en mode réactif plutôt qu’actif.
«Les fournisseurs chinois ne pouvaient plus livrer leurs marchandises, le prix des conteneurs a explosé, les entreprises se sont mises à chercher des fournisseurs plus près, au Canada ou aux États-Unis, par exemple, indique M. Desjardins. Mais, ils ont été confrontés à d’autres problèmes, comme la pénurie de conducteurs de camions, puis le prix de l’essence a augmenté. Avec autant d’enjeux à considérer, il faut aller chercher le plus d’information possible pour être en mesure de mieux voir venir les coups le plus.»
Un dernier conseil: S’allier avec d’autres entreprises
Avoir toute cette information facilement en main grâce à la numérisation peut vous permettre aussi de créer des alliances avec d’autres entreprises, par exemple, pour partager des ressources.
«Il peut s’agir de ressources matérielles, comme de l’équipement que vous avez besoin à certaines périodes de l’année seulement, de l’espace d’entreposage, des camions et même, des employés, énumère M. Desjardins. Mais, pour y arriver, il faut bien connaître ses creux et ceux des entreprises avec qui on crée des partenariats. Les systèmes informatiques doivent consolider l’information sur les disponibilités de chacun en temps réel.»
Alors que la concurrence est de plus en plus internationale, on voit même ces alliances se créer entre des entreprises locales du même secteur d’activité. «Des compétiteurs réalisent qu’ils ont avantage à partager des ressources parce qu’ils ont beaucoup de choses en commun et les mêmes contraintes au niveau de leur chaîne d’approvisionnement, remarque M. Desjardins. Partager des actifs sous-utilisés permet de gagner en productivité.»
Les possibilités sont donc multiples voire infinies, mais encore faut-il avoir la bonne information en temps réel sous les yeux pour prendre des décisions éclairées. Et c’est ce que permet le réseau d’approvisionnement numérique.