Logo - Banque de développement du Canada - BDC

Du chimique au naturel: Ces entrepreneurs ont tout quitté pour mieux recommencer

Entraîné par la passion dans les premières années, Alain Ménard a dû apprendre à bien s’entourer

Lecture de 5 minutes

Alain Ménard

C’est un appel qui a déclenché la prise de conscience d’Alain Ménard. Bouleversée, sa sœur, mère de trois enfants, lui annonçait qu’elle venait de recevoir un diagnostic de cancer du sein agressif. Une semaine plus tard, Alain Ménard quittait son emploi pour démarrer une entreprise vouée à la fabrication de produits naturels.

«C’est là que j’ai vraiment compris», explique le microbiologiste de formation qui travaillait alors dans l’industrie pharmaceutique. «On mange des résidus de pesticides, des colorants et des arômes de fruits artificiels, on respire des nettoyants synthétiques. C’est sûr qu’il y en a parmi nous qui vont succomber à des maladies à cause de ces ingrédients-là

Près de 20 ans plus tard, Alain Ménard aspire toujours à remplacer les cosmétiques et les produits de soins personnels conventionnels par des options plus vertes et moins toxiques. C’est d’ailleurs la raison d’être de l’entreprise qu’il a cofondée avec son épouse Karen Clark, qui avait étudié la biochimie.

Située dans l’Est de l’Ontario, à Hawkesbury, Green Beaver est spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de produits de soins naturels biodégradables et sans risque pour la santé.

Son premier dentifrice goûtait le savon

Pendant près d’un an et demi, Alain Ménard avait observé tandis que sa femme remplaçait tous les produits nettoyants de la maison par des produits naturels. Il avait ensuite servi de cobaye pour tester les premières inventions de sa femme qui avait quitté son emploi dans le secteur des pesticides pour se lancer dans la production de crèmes, de dentifrices et de savons naturels dans la cuisine familiale.

«Je n’oublierai jamais ses premiers dentifrices, dit Alain Ménard en riant. C’était horrible! Ça goûtait le savon!»

Peu à peu, le couple met à contribution sa formation scientifique afin de perfectionner ses recettes. Alain Ménard et sa femme s’affairent aussi à trouver des emballages, choisissent un nom (le couple s’entend sur Green Beaver pour se démarquer de leurs entreprises concurrentes américaines) et commencent à faire de la mise en marché.

«Nos bureaux étaient à la maison. L’entrepôt était au sous-sol. On vivait dans l’entreprise, dit Alain Ménard. Ce n’était pas vraiment bien équilibré, mais nous avions la passion, on vivait un rêve, on sentait vraiment qu’on aidait les gens.»

L’entreprise, qui a emménagé depuis dans des locaux plus vastes, vend maintenant ses produits partout au Canada et en ligne. Elle emploie plus de 20 personnes.

Essayer de tout faire

Green Beaver a grandi organiquement grâce au bouche-à-oreille. Pendant longtemps, ses produits se vendaient presque exclusivement dans des magasins de produits naturels et dans des salons de consommatrices et consommateurs.

Mais à mesure que l’entreprise prenait de l’expansion, des failles dans l’organisation commençaient à apparaître. Atteinte d’une maladie neurodégénérative, Karen Clark avait dû quitter les opérations quotidiennes de l’entreprise. Alain Ménard, de son côté, se démenait pour essayer de tout faire.

«On s’est dit: “Il faut faire des changements.” Je ne peux pas être en train de réparer une pompe le matin puis, une heure plus tard, essayer de vendre nos produits à des magasins, explique l’entrepreneur. Quand tu essaies de diriger une compagnie et que tu es tiré de tous bords tous côtés, un moment donné, ce n’est plus efficace. Ça prend quelqu’un derrière le gouvernail pour diriger le bateau.»

Le couple se rendait aussi compte de l’engouement croissant pour les produits naturels chez les consommatrices et consommateurs, mais ne se sentait pas outillé pour prendre le virage de la croissance.

«On a vu une grosse progression depuis 20 ans; il y a beaucoup plus de gens qui sont ouverts à l’idée d’utiliser des produits naturels, dit Alain Ménard. On a décidé qu’on voulait continuer à croître, mais on manquait de connaissances.»

Quand t’es tout petit et que tu fais une erreur, ça ne coûte pas cher. Mais en devenant plus gros, tes erreurs te coûtent cher.

Apprendre à déléguer davantage

Après plusieurs mois d’hésitation, Alain Ménard décide finalement d’adhérer au Programme direction croissance de BDC. Celui-ci lui permet de mettre en place les structures nécessaires à la croissance de son entreprise.

«C’est comme si le programme m’avait sorti de la compagnie, explique Alain Ménard. Je viens de terminer mon premier plan d’affaires en 16 ans.»

Ce recul lui permet entre autres de réaliser qu’il n’avait jamais créé de service de marketing. «Une compagnie comme nous autres… pas de marketing, c’est pas normal!»

Mais le changement le plus important découle de la décision de Alain Ménard de déléguer davantage de responsabilités à son personnel.

«Quand ça fait 15 ou 16 ans que tu es impliqué dans tout et que, tout à coup, tu embauches, c’est épeurant, dit l’entrepreneur. Moi, il faut que je travaille pour m’assurer qu’on maintient notre culture et qu’on va dans la bonne direction.»

Le meilleur reste à venir

Avec une équipe de marketing, un plan d’affaires et une nouvelle vision du leadership, Green Beaver est fin prête à prendre son envol. L’entreprise a déjà commencé à vendre dans de grandes chaînes canadiennes et commence à regarder du côté des marchés américain et chinois.

Alain Ménard, de son côté, est enthousiasmé par l’intérêt accru des consommatrices et consommateurs pour les produits naturels, et il reste convaincu que l’avenir est prometteur.

«Le gros virage reste à venir; je ne veux pas manquer ça, dit l’entrepreneur. Ça fait 20 ans qu’on essaie de convaincre les gens d’utiliser des produits naturels. Et là, tout à coup, tout le monde s’en va au naturel. C’est ça la récompense!»

3 conseils pour permettre à votre entreprise de prendre de l’ampleur

1. Ayez une raison d’être au-delà de l’argent

Alain Ménard admet qu’être propriétaire d’entreprise n’est pas de tout repos. Sa conviction qu’il pouvait avoir un impact positif sur la santé de sa clientèle et sur l’environnement lui a permis de continuer malgré les difficultés rencontrées en cours de route.

«Si vous faites ça juste pour faire une piasse, vous allez trouver le temps un peu long, dit Alain Ménard. Il faut que ce soit quelque chose qui vous passionne.»

2. Rédigez un plan d’affaires solide

Le chef d’entreprise de Green Beaver a attendu 16 ans avant de rédiger son premier plan d’affaires, mais celui-ci lui a permis de prioriser ses efforts.

«Je suis allé me faire former, j’ai beaucoup appris. Si ça n’avait pas été de ça, je n’aurais pas su comment m’y prendre pour faire grandir mon entreprise, dit l’entrepreneur. Mon entreprise serait peut-être deux fois plus grosse aujourd’hui si j’avais eu un plan d’affaires il y a quelques années.»

3. Entourez-vous bien et déléguez rapidement

Il vaut mieux travailler sur l'entreprise que dans l’entreprise. Les expériences d’Alain Ménard lui ont appris l’importance de bâtir une équipe de direction solide.

«J’aurais dû m’entourer beaucoup plus rapidement, beaucoup plus tôt dans l’évolution de la compagnie», conclut l’entrepreneur.

Votre vie privée

BDC utilise des témoins de navigation (cookies) pour améliorer votre expérience sur son site et à des fins publicitaires, pour vous offrir des produits ou des services qui sont pertinents pour vous. En cliquant sur «J’ai compris» ou en poursuivant votre navigation sur ce site, vous consentez à leur utilisation.

Pour en savoir plus, consultez notre Politique de confidentialité.