Planification de la relève: trois stratégies de sortie pour votre entreprise
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Il y a de fortes chances que vous consacriez plus d’attention au développement de votre entreprise qu’à la préparation de votre relève. Cependant, si vous ne planifiez pas la transition de votre entreprise, vous risquez de vous retrouver avec un processus de relève désordonné et une perte de valeur pour votre entreprise.
Tourner la page n’est jamais facile. C’est pourtant une réalité à laquelle sont confrontés de plus en plus de propriétaires d’entreprise canadiens. 61,5 % des propriétaires de petites et moyennes entreprises canadiennes sont âgés de 50 ans ou plus. C’est près du double de la proportion de l’ensemble de la main-d’œuvre, selon Statistique Canada et Innovation, Sciences et Développement économique Canada. Et la proportion de ces propriétaires d’entreprise canadiens est en augmentation. En 2017, une étude de BDC indiquait que 59 % des entreprises étaient détenues par des personnes de 50 ans et plus.
50 ans ou plus
32 %
Main-d'oeuvre canadienne
62 %
Propriétaires d’entreprise du Canada
Y a-t-il moins de propriétaires d’entreprise qu’avant?
Une récente étude de BDC a révélé que le Canada compte 100 000 propriétaires d’entreprise de moins qu’en 2002. Seulement 1,3 personne sur 1 000 crée une nouvelle entreprise, par rapport à 3 sur 1 000 il y a 20 ans. Cela signifie qu’il y a moins de la moitié de personnes qu’à l’époque qui se lancent en affaires.
Les nouveaux propriétaires d’entreprise sont généralement âgés entre la fin de la vingtaine et le début de la quarantaine. Toutefois, le vieillissement de la population canadienne aura probablement une incidence sur la création de nouvelles entreprises dans les années à venir, étant donné que cette partie de la population diminue et que le groupe des 55 ans et plus augmente.
L’étude a également mis en évidence trois raisons principales pour lesquelles les propriétaires d’entreprise décident de se retirer de leur entreprise:
- pour prendre leur retraite;
- pour des raisons personnelles ou familiales;
- pour des difficultés financières.
Selon un rapport de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), 75 % des propriétaires d’entreprise citent la retraite comme raison de quitter leur entreprise.
Les entreprises canadiennes sont appelées à changer de mains
Selon le rapport de la FCEI, plus des trois quarts des propriétaires de petites entreprises prévoient de se retirer de leur entreprise d’ici 2033.
Plus de 2 billions de dollars en actifs commerciaux pourraient être en jeu entre 2023 et 2033, comme de nombreux propriétaires de petites entreprises prévoient terminer leurs activités.
Pourquoi avoir une stratégie de sortie?
Toute personne qui gère une entreprise arrivera probablement à un moment où elle sentira qu’elle doit la quitter. Il peut s’agir de la retraite, de la vente de l’entreprise ou de sa fermeture.
Il s’agit de stratégies de sortie, et chaque entreprise devrait en avoir une. Pourtant, les stratégies de sortie et la planification de la relève sont rares dans les petites entreprises. La plupart des propriétaires de petites entreprises se concentrent en effet davantage sur la création et le développement de leur entreprise que sur la cessation de leurs activités.
Une stratégie de sortie exige que vous preniez deux mesures importantes:
- Un examen de conscience personnel et une collecte d’informations, afin de dégager une vision pour l’entreprise et pour vous-même.
- Une fois que vous avez trouvé une sortie, commencez à planifier et à exécuter ce qu’il faudra faire pour y parvenir. Comme quitter une entreprise comporte de nombreuses étapes, ce processus doit être entamé très tôt. Il est généralement suggéré de commencer à élaborer une stratégie de sortie au moins deux ans avant votre départ.
Quelles sont les méthodes de sortie les plus courantes?
Les propriétaires qui mettent leur maison en vente souhaitent normalement en tirer le maximum de profit. Il en va de même pour les propriétaires d’entreprise qui prévoient vendre leur entreprise. Il s’agit généralement de leur principal actif et veulent en tirer un maximum de profit. Choisir l’option qui convient le mieux à vos besoins et à vos projets de retraite est essentiel.
Le rapport de la FCEI indique comment les propriétaires ont l’intention de quitter leur entreprise:
- environ 1 propriétaire d’entreprise sur 4 (24 %) vendra à une ou un membre de sa famille;
- environ 1 propriétaire d’entreprise sur 4 (23 %) vendra à une ou un membre de son personnel;
- environ 1 propriétaire d’entreprise sur 2 (49 %) vendra à une personne n’ayant aucun lien personnel avec l’entreprise.
La première étape de votre démarche doit consister à choisir l’option qui répond le mieux à vos besoins. Voici trois stratégies de sortie courantes pour les propriétaires d’entreprise qui souhaitent vendre ou léguer leur entreprise.
1. Léguer l’entreprise
Dans ce cas, vous léguez l’entreprise à une personne qui fait partie de votre famille ou de votre équipe de direction de l’entreprise.
Avantages | Inconvénients |
Il y a moins d’interventions externes à l’entreprise. | La formation pour la personne qui succèdera peut être plus difficile. |
Cela vous permet de maintenir votre implication et votre influence dans les activités | Des conflits peuvent survenir au travail ou dans la famille. |
La première chose à faire si vous choisissez cette option est d’établir le profil de la personne idéale à qui léguer l’entreprise. Ensuite, repérez et évaluez leur potentiel en fonction de critères équitables et mesurables. Vous devrez peut-être aussi les former . Cela peut prendre du temps, en fonction de la complexité de l’entreprise.
2. Transférer la propriété au moyen d’un rachat d’entreprise par les cadres ou les membres du personnel
Dans ce cas, l’équipe de direction ou un groupe de membres du personnel mettent en commun leurs ressources pour acquérir la totalité ou une partie de l’entreprise. C’est l’une des meilleures options pour les propriétaires qui n’ont pas personne en vue pour la succession, ou qui veulent préserver la culture organisationnelle de l’entreprise.
Avantages | Inconvénients |
Limite la nécessité d’une diligence raisonnable. | Les cadres ont souvent un accès limité au capital, ce qui peut toucher le prix et les conditions de vente. |
Les cadres sont récompensés pour leur appui de longue date à l’entreprise. | La personne chargée de la vente devra probablement offrir du financement (prêt aux acheteuses et acheteurs inclus dans le prix d’achat). |
L’héritage des propriétaires d’entreprise et l’indépendance de l’entreprise sont protégés. | Une tentative d’achat ratée peut influer sur le moral du personnel et le rendement de l’entreprise. |
Ces cas nécessitent généralement des procédures juridiques, comme un accord de partage.
3. Vendre l’entreprise à l’externe
Les propriétaires qui cherchent à vendre leur petite entreprise ont plusieurs options.
- Premier appel public à l’épargne (PAPE): vente ou émission d’actions d’une société privée sur un marché boursier.
- Vente à une société de financement par capital-investissement: vente ou émission d’actions à une entreprise de capital-investissement.
- Vente à une autre entreprise: vente ou émission d’actions à une autre entreprise en activité. C’est une bonne option pour les actionnaires qui souhaitent se retirer en douceur, au prix le plus élevé.
Avant de prendre une décision finale, veillez à ce que le mode de transition choisi cadre avec vos projets de retraite.
Vos préparatifs doivent vous permettre de maximiser votre rendement. Le simple fait d’apporter des modifications cosmétiques à votre entreprise à la dernière minute et de la mettre en vente se traduit souvent par un rendement réduit.
Une vente nécessite généralement un long processus de gestion stratégique qui produit des preuves du potentiel de croissance et rend l’entreprise plus attrayante pour les personnes ou entreprises potentiellement intéressées à l’acheter. En outre, elles doivent être repérées à l’avance, et des alliances ou des ouvertures doivent être conclues avant l’événement.
Une autre version de la vente d’une entreprise consiste à la fermer et à vendre une liste de sa clientèle à une entreprise concurrente.
Quel est le meilleur endroit pour vendre votre entreprise? Différentes plateformes peuvent convenir à différents types d’entreprises, de secteurs et d’acheteuses ou acheteurs. Il est fortement recommandé de travailler avec des spécialistes expérimentés qui vous aideront dans le processus de vente.
Facteurs généraux à prendre en compte pour choisir où vendre
La taille et la valeur de votre entreprise
Les entreprises plus importantes et de plus grande valeur peuvent attirer des acheteuses et acheteurs sérieux et qualifiés par l’intermédiaire de places de marché spécialisées ou d’une banque d’affaires.
Les entreprises plus petites et de moindre valeur peuvent trouver plus d’intérêt sur les plateformes générales, par des contacts directs ou par l’intermédiaire d’une courtière ou d’un courtier d’entreprises.
Les intermédiaires tels que les spécialistes en courtage d’entreprises et les banques d’affaires ont accès à un vaste réseau d’acheteuses et acheteurs. Ces intermédiaires peuvent les approcher en votre nom ou vous guider tout au long du processus de vente.
Le type et le secteur d’activité de votre entreprise
Certaines plateformes peuvent s’adresser à des types d’entreprises ou à des secteurs d’activité spécifiques, comme le commerce électronique, les franchises ou l’industrie manufacturière. Ces plateformes peuvent avoir des acheteuses ou acheteurs plus adéquats et plus ciblés, ainsi que plus d’expertise et de ressources pour vous aider à vendre votre entreprise.
Le coût et la commodité
Les plateformes et les intermédiaires peuvent facturer des commissions et des frais différents pour l’inscription et la vente de votre entreprise, et offrir des niveaux de service et d’assistance différents. Vous devez comparer les coûts et les avantages. Choisissez un produit qui correspond à votre budget et à vos attentes.
Les nouveaux acheteurs et acheteuses préfèrent les entreprises solides et stables
Il est également important de noter que les entreprises stables sont plus convoitées plutôt que des entreprises en croissance.
Avant d’envisager une vente, il est préférable de s’assurer que l’entreprise est solide et rentable. Peu de personnes ou d’entreprises achètent des entreprises en déclin ou non rentables. Ces entreprises qui doivent être redressées avant d’être rentables seront beaucoup plus difficiles à vendre.
Faites appel à une équipe professionnelle pour vous guider durant la planification de la relève, et communiquez souvent et de façons claires avec toutes les parties prenantes.
Quel est le montant de l’impôt à payer en cas de vente d’une entreprise au Canada?
Le montant de l’impôt à payer dépend de la manière dont vous vendez votre bien, du bénéfice que vous en tirez et de la structure de votre entreprise. D’un point de vue fiscal, il existe deux méthodes principales pour vendre une entreprise: la vente d’actifs et la vente d’actions.
Vente d’actifs
Dans le cadre d’une vente d’actifs, vous vendez tous les actifs de votre entreprise ou une partie de ces derniers.
Ces actifs peuvent comprendre:
- l’équipement
- les stocks
- les contrats
- la liste de la clientèle
Toutefois, vous conservez l’entité juridique de votre entreprise jusqu’à ce que vous en fermiez les portes.
Dans le cas d’une vente d’actifs, vous payez un impôt sur les plus-values sur la différence entre le prix de vente et le prix de base ajusté des actifs. Cinquante pour cent de la plus-value est incluse dans votre revenu imposable, qui est ensuite taxé à votre taux marginal d’imposition. Les taux marginaux d’imposition varient selon la province et le niveau de revenu.
Par exemple, si vous vendez un actif pour 100 000 $ et que votre prix de base ajusté est de 50 000 $, votre plus-value est de 50 000 $. Seule la moitié de cette somme, soit 25 000 $, est ajoutée à votre revenu imposable. Si votre taux marginal d’imposition est de 30 %, vous paierez 7 500 $ d’impôt sur la plus-value.
Vente d’actions
Dans le cas d’une vente d’actions, vous vendez les actions de votre société, ce qui transfère la propriété et les passifs de l’entreprise à l’acheteuse ou à l’acheteur.
Dans le cas d’une vente de titres, vous payez un impôt sur les plus-values sur la différence entre le prix de vente et le prix de base ajusté des titres. Toutefois, vous pouvez bénéficier de la déduction des plus-values à vie. Cela vous permet d’exonérer d’impôt jusqu’à un certain montant de plus-values si vous vendez des actions d’une petite entreprise qualifiée. Le plafond de l’exonération cumulative des gains en capital pour les actions admissibles de petite entreprise est de 923 460 $ en 2023. Ce montant est indexé sur l’inflation et augmente chaque année.
Outre l’impôt sur les plus-values, vous pouvez devoir également collecter et verser la TPS et la TVH sur la vente de votre entreprise, en fonction du type d’actifs ou d’actions que vous vendez et du fait que vous êtes ou non enregistré ou enregistrée pour cette taxe. En règle générale, la vente d’actions est exonérée de TPS et de TVH. La vente d’actifs est toutefois imposable, sauf si les actifs sont vendus dans le cadre d’une entreprise en activité.
Nous vous conseillons de consulter une ou un fiscaliste pour connaître votre situation particulière.
Prochaine étape
Découvrez comment préparer votre stratégie de sortie, augmenter la valeur de votre entreprise et financer votre vente en téléchargeant le guide gratuit de BDC, Vendre votre entreprise.